La Leçon de Eugène Ionesco au TNP de Villeurbanne
Cette pièce de Ionesco raconte l’histoire d’un professeur qui, à la manière absurde, donne une leçon à une jeune fille. Arithmétique, philologie, le mal de dents de l’élève, chaque élément est prétexte à énerver un peu plus le professeur qui met fin au cours de manière tragique. Les joutes verbales sur le texte, le jeux des comédiens, la mise en scène, la scénographie et la lumière, tous participent au succès de la pièce.
Un espace pour l’action
La demande du metteur en scène du Théâtre National Populaire , Christian Schiaretti, au scénographe, Samuel Poncet, pour les Tréteaux de France repose en quelques phrases :
- « une boite qui marque l’intérieur d’un « homme savant »,
- une surface pour écrire,
- un espace de découverte derrière,
- fais-moi une sculpture épurée »!
Sur cette base, le scénographe conçoit une pré-maquette en noir et blanc au 1/25. Elle ressemble à un appartement tout en longueur avec deux portes :
- une côté jardin d’accès à la Leçon,
- un côté cour, vers le reste de l’intérieur.
Son matériau, le carton bois, va déterminer l’aspect final de la scénographie tout de beige clair vêtue. Face au contrainte de salissure du décor, propre à la dramaturgie elle-même, une peinture acrylique de façade, recouverte d’un vernis, est choisie.
Scénographie d’appartement
Cinq grands tableaux noir en polycarbonate, enduits de blanc de Meudon, occupent le mur du fond de scène. Ils servent d’espace pour l’écriture du professeur.
Le mobilier est emprunt de citations aux années 50, la date de ma pièce, mais « tout n’est pas à la bonne taille pour une leçon » précise le scénographe.
Détail architectural du décor, ses côtés ressemblent à une coupe d’architecture. Comme l’intérieur des murs pleins, les tranches sont peintes en noir mat. Elles dissimulent astucieusement les portes d’accès à la pièce comme un appartement.
Lumière intégrée au décor
Comme pour mieux marquer l’absurdité des situations, la « lumière est crue » et de face. Les comédiens sont éclairés en contre-plongée avec « un plein feu permanent » décrit Julia Grand, conceptrice lumière. « Il n’y a pas trop d’ombres projetées au début ».
Sur le proscenium, « le livre devient pictural » explique Samuel Poncet. En décaissé de 60 cm environ par rapport à la scène, des piles de livres créent des « sculptures maniéristes et maniaques ».
Réalisées en contreplaqué et polystyrène, elles incluent des barrettes LED et des projecteurs dichroïques halogènes, explique le régisseur lumière, Marc Seigneurie. Quelques lampes de chevet sont placées entre les piles de livres pour donner une échelle humaine et cosy à l’espace.
Julia Grand précise qu’on passe d’un éclairage LED à un éclairage halogène dans la pièce de 1 h 15 pour accentuer les instants dramatiques.
Au niveau de la boite de scène, des réglettes linéaires LED RGBW « full color » sont encastrées au plafond le long du mur. Elles réalisent tout autant un effet en contre-jour qu’elles teintent la scénographie. Julia Grand commence par un blanc très froid au début de la pièce qui marque le côté anonyme et impersonnel du lieu. Quand le professeur devient de plus en plus sadique, sur la durée de la pièce, l’ambiance devient plus chaude sur le plateau.
Côté fond de scène, une image est imprimée sur un deuxième polycarbonate des cinq tableaux. Par un jeu de rétro-éclairage avec des projecteurs PAR à faible intensité, l’espace scénique est mis en abîme au fur et à mesure que la tension dramatique augmente.
Modularité totale
L’ensemble du décor et des lumières est parfaitement modulable pour répondre au cahier des charges des Tréteaux de France :
- s’adapter à n’importe quel lieu scénique,
- un temps de montage de quatre heures,
- tous points de lumière intégrés, entre autres.
Ainsi, la trame du décor fait 1,2 m de large. De faite, elle est aussi facilement transportable.
Troupe de la pièce
- La jeune fille : Jeanne Brouaye
- La bonne : Yves Bressiant
- Le professeur : René Loyon / Robin Renucci (en alternance)
- Mise en scène : Christian Schiaretti
- Scénographie et accessoires : Samuel Poncet
- Costumes : Thibaut Welchlin
- Lumières : Julia Grand
- Maquillage : Romain Marietti, Julie Brenot
- Assistante à la mise en scène : Joséphine Chaffin
- Production : Les Tréteaux de France
- Coproduction : Théâtre National Populaire
Approfondir le sujet
Lieu
- Théâtre National Populaire
- Villeurbanne, France