La danseuse Loïe Fuller, première éclairagiste en scène ?
La danseuse : le film sur Loïe Fuller
La Danseuse, c’est le film de Stéphanie de Giusto. Soko y joue le rôle de Loïe Fuller, la danseuse, avec conviction. Benoît Debie en assure la direction de la photographie tout en nuances. Le film a été présenté au Festival de Cannes 2016 avec succès. C’était dans la section Un Certain Regard.
Dans le souci du détail, le film présente la persévérance d’une artiste complète, véritable première créatrice lumière et éclairagiste de la Belle époque. Il faut se soucier de « la taille du filament des lampes » pour parvenir au meilleur effet lumineux, rappelle-t-elle dans un dialogue du film à l’Opéra de Paris.
Avec les débuts de l’électrification des théâtres et profitant des découvertes scientifiques, Loïe Fueller va imaginer des dispositifs scéniques et lumineux dans lesquels la danseuse devient « le papillon ». Ses bras sont prolongés de bâtons en bambou recouverts d’un voile de soie blanche. Avec ses mouvements rapides et synchronisés dans l’air, le corps de la danseuse disparaît en scène pour ne laisser apparaître qu’un spectre.
La colorimétrie et les variations de couleurs font aussi partie du spectacle aux Folies Bergères. Dansant sur une plaque de verre, les projecteurs placés sous elle et des faisceaux latéraux actionnés par jusqu’à plus de 40 électriciens sont parfois nécessaires pour la performance. Un effet de lévitation, aérien et métaphorique renforcé par la musique classique, dramatise l’impact visuel pour le spectateur.
Montrant l’envers du décor, de la conception du spectacle à la représentation sur scène en passant par les répétitions, de sa relation au corps et tout en adaptant sa vie privée pour le cinéma, le film permet de mieux comprendre comment cette créatrice d’un art total a réussi à la fin du XIXe siècle aux États-Unis, puis en France. Le film montre aussi l’impact de ses performances physiques et esthétiques sur sa santé, tant sur son corps que sur sa vision et ses yeux, dû à la puissance des éclairages éblouissants pour la danseuse.
En bref, un film à voir pour son côté historique de l’art de la danse, la performance scénique, l’art lumière sous l’œil du cadrage cinématographique.
Mémoires de Loïe Fuller
Loïe Fuller a publié ses Mémoires en 1908. Elle tombe dans l’oubli jusqu’en 1994. Date à laquelle Giovanni Lista, historien et critique d’art italien vivant à Paris, lui consacre un essai biographique approfondi.
Loïe Fuller, danseuse de la Belle ÉpoqueD’abord édité chez Stock-Somogy en 1994. La nouvelle édition chez Hermann en 2007 est revue et augmentée d’un nouveau chapitre sur le cinéma. L’ouvrage possède une richesse iconographique rare sur Loïe Fuller. Broché : 680 pages – Éditeur : Éditions Hermann – Collection : Danse |
Ma Vie et la danse, Loïe FullerLes mémoires de Loïe Fuller rééditées en 2002 par Giovanni Lista, avec d’autres textes inédits. Broché : 177 pages – Éditeur : L’ Œil d’Or – Collection : Mémoires & Miroirs |
Brevets de Loïe Fuller
Comme un ingénieur, Loïe Fuller se méfie des imitations. Dès 1892, aux États-Unis et en France, elle fait enregistrer des brevets. Objectif : protéger ses inventions.
- Combinaison de robe destinée à la danse théâtrale.
- Baguettes à pointe courbe afin d‘éviter tout effet de ligne brisée du voile.
- Nouveau genre de mise en scène avec illusion d’optique destinée à la danse théâtrale.
- Sels phosphorescents qu’elle élabore elle-même et applique sur ses costumes.
- Décoration théâtrale composée de murailles blanches garnies de pierres à facettes.
- Systèmes complexes de glaces qui reproduisent à l’infini ses danses.
- Glaces longues et étroites qui donnent au fond et au plafond cintré une forme polygonale.
Au total, dix brevets et copyright, principalement reliés à ses accessoires, aux dispositifs d’éclairage et de projecteurs de diapositive peintes sur verre.
Alors, Loïe Fuller, première éclairagiste en scène ?
Approfondir le sujet
Lieu
- Palais des Festivals
- Cannes, France
voir p 12 participation au congrès du CTHS Marseille 10 mai 2019
https://cths.fr/co/congres.php
Et plus en détail p90
http://cths.fr/_files/co/c_00169/programmecthscomplet.pdf
Merci pour l’info. Ravi de voir que le sujet intéresse aussi les chercheurs du 144e Congrès national des sociétés historiques et scientifiques de Marseille du 9-11 mai 2019 !
Intervention à partir de 14h dans l’auditorium du MuCEM sur « Les pratiques artistiques et culturelles : espaces virtuels dans la création artistique », avec notamment :
Danse et corps virtuel : Loïe Fuller et le « mouvement lumineux », de Mme Claudine VASSAS, Ethnologue, directrice de recherche émérite au CNRS, membre du Laboratoire interdisciplinaire solidarités, sociétés, territoires (LISST, Centre d’anthropologie de Toulouse, EHESS / CNRS), membre titulaire du CTHS, vice-présidente de la section Anthropologie sociale, ethnologie et langues régionales