15 luminaires en hommage à Ingo Maurer (1932-2019)
Le luminaire fait partie des quelques objets iconiques auxquels les stars du design doivent un jour se confronter. Mais beaucoup plus rares sont les designers de renom qui y ont consacré toute leur vie. Ingo Maurer, lauréat du prestigieux prix Compasso d’Oro en 2011, fait partie de ceux-là. Voici une sélection de quelques-uns de ses luminaires en hommage au designer.
Bulb
Après une formation dans les arts graphiques à Munich, l’artiste part travailler quelques années aux États-Unis avant de revenir en Allemagne en 1963. Il y fondera son atelier Design M entièrement dédié à la conception de luminaires, qui deviendra la société actuelle Ingo Maurer GmbH basée à Munich.
Il y a une constance dans l’œuvre du designer : sa vénération pour la lampe à incandescence d’Edison. Avec cette recherche incessante : que peut apporter le design à cet objet qui se suffit à lui-même ?
Pour y répondre, le designer conçoit en 1966 un luminaire qui a justement la forme d’une ampoule ! Intitulé Bulb, nom anglais de l’ampoule, cette mise en abîme constitue l’un des premiers succès du designer. Trois ans plus tard, l’objet entre dans la collection de design du MoMA de New York. Déjà un premier hommage !
Canned Light
Avec ses formes arrondies, le luminaire Bulb s’inscrit dans l’esprit pop art de l’époque. Un esprit que Ingo Maurer et ses collaborateurs sauront renouveler quelques décennies plus tard avec Comic Explosion rappelant les tableaux de Roy Lichtenstein.
La Canned light, clin d’œil hommage aux boites de soupe Campbell d’Andy Warhol.
YaYaHo
Le côté facétieux de Maurer se retrouve aussi dans les noms de ses luminaires qui oscillent entre jeux de mot, Oh Man, it’s a Ray !, premier degré illustratif, Walking bulb, et onomatopées comme Bibibibi.
Mais la plus célèbre des onomatopées du designer est sans aucun doute le YaYaHo, un des premiers dispositifs de suspension pour lampes halogène basse tension. Dans un esprit Do it yourself, l’utilisateur peut choisir les différents éléments et créer sa propre installation lumineuse.
Akatsuki
Une autre source d’inspiration du designer provient du Japon. Il réinterprète à sa façon les luminaires Akari de l’artiste Isamu Noguchi qui diffusent la lumière au travers de papier japonais. Pour les luminaires Zettel’z, l’utilisateur peut une nouvelle fois personnaliser le dispositif en laissant ses propres messages ou dessins sur des papiers entourant, tel un mobile, la source de lumière.
Toujours d’inspiration japonaise, l’équipe de Maurer a conçu le luminaire Aka_Tsuki (pour lune rouge en japonais) et en a fait une interprétation littérale : une sphère en verre éclaire une soucoupe rouge qui semble flotter devant le mur.
Parmi les dernières propositions du designer, la série Oop’s reprend l’idée de la lumière transmise au travers du papier en épurant encore plus le dispositif. Une bande de papier simplement épinglée au mur cache la source de lumière dans sa partie inférieure courbée.
Eddie’s Son
Que ce soit avec humour ou avec poésie, Ingo Maurer revient sans cesse à la lampe à incandescence d’Edison. Dans son œuvre, Wo bist du, Edison…? (jetzt wo wir dich brauchen ?) il pose littéralement la question : où es-tu, Edison… (maintenant que nous avons besoin de toi) ? Le luminaire est constitué d’un hologramme qui reproduit une ampoule d’Edison. L’œuvre anticipe la disparition des lampes à incandescence, encore non programmée en 1997. Quant à la réponse à la question du titre de l’œuvre, elle est à chercher sur la douille qui reprend le profil du célèbre inventeur.
Une partie du dispositif sera commercialisée sous le nom d’Eddie’s son. Le jeu de mot est audacieux mais il est difficile d’établir une véritable filiation entre Edison et Maurer. Si le business man a mis tant d’énergie pour concevoir la lampe à incandescence, c’était surtout pour pouvoir introduire l’électricité dans chaque foyer, n’hésitant pas pour cela à se lancer dans la guerre des courants.
Il n’est pas sûr que l’Américain se serait retrouvé dans la démarche volontairement artisanale du designer Allemand, parfois beaucoup plus proche de l’installation artistique que d’une production en grande série. Qu’aurait compris Edison du détournement de sa lampe dans les œuvres de Maurer ? En quasi ready-made dans la série I Ricchi Poveri ou au bout des doigts d’un gant en caoutchouc dans la surréaliste série Luzy ?
Malgré son exceptionnelle longévité de plus d’un siècle, la lampe d’Edison est à présent menacée de quasi-extinction. En plaçant des plumes d’oie sur son culot de la lampe de table Lucellino, Ingo Maurer lui a offert plus qu’un hommage, un peu d’éternité.
Les liens proches des photos de cet hommage renvoient sur le site d’e-commerce Amazon. Enfin, quand le luminaire est vendu sur cette plateforme en ligne. Ils permettent de vous faire une idée du prix de vente de chaque luminaire.
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Retrouvez plus d’informations et de photographies sur ces 15 luminaires sur le site du designer ci-dessous :
Équipe du projet
Lieu
- Ingo Maurer GmbH
- Munich, Allemagne