Éclairage dans les locaux tertiaires, quid de la rénovation
L'éclairage a subi une transformation technologique majeure au cours des deux dernières décennies. La création de sources lumineuses LED et à l'adoption de systèmes de gestion automatisée en sont les principales raisons. Dans ce contexte, la réglementation joue un rôle important pour encourager à l'adoption des nouvelles technologies. Pour l'éclairage dans les locaux tertiaires non-résidentiels, l’arrêté du 3 mai 2007 sur les caractéristiques thermiques et à la performance énergétique des bâtiments existants fixe de nouvelles normes. Il a été révisé en mars 2017 et est entré en vigueur dès janvier 2018. Ce règlement impose une puissance d’éclairage maximale de 1,6 W/m2 pour 100 lux. Il exige aussi l'installation de capteurs de présence et des systèmes de gradation de l’éclairage en fonction de la lumière naturelle pour les surfaces supérieures à 25 m2. Ces mesures visent à réduire significativement la consommation énergétique dans le secteur tertiaire. Qu’en est-il des rénovations de bâtiments en éclairage ? Voici un résumé de la recherche du CEREN, publiée en juin 2024 par l'ADEME. Menée avec le soutien des experts du Syndicat de l’éclairage, l'étude se concentre sur la fréquence et la performance des rénovations en exploitant des données existantes.

Au sommaire
- Évaluation des éclairages dans les locaux tertiaires
- Critères de conformité à l’arrêté du 3 mai 2007 en éclairage tertiaire
- Locaux tertiaires et méthodologie de l’enquête annuelle du CEREN
- 84 % du secteur tertiaire utilise des sources lumineuses LED
- 10% des surfaces ont des automatismes de gestion d’éclairage
- 15 % des surfaces tertiaires rénovent leur éclairage intérieur
- Respect du chapitre 7 de l’arrêté rénovation sur l’éclairage des locaux
- 70% des chantiers tertiaires qui ne seraient pas conformes
- Approfondir le sujet
- Commentaires

Évaluation des éclairages dans les locaux tertiaires
Comment mesurer l'efficacité énergétique et la conformité réglementaire des systèmes d'éclairage dans les établissements tertiaires ? Dans un effort continu, le CEREN – Centre d'études et de recherche économiques sur l’énergie – réalise chaque année une enquête détaillée. L'objectif principal de ce rapport est d'identifier les établissements qui respectent potentiellement l'arrêté relatif aux systèmes d'éclairage et ceux qui ne le respectent pas.

Critères de conformité à l’arrêté du 3 mai 2007 en éclairage tertiaire
Pour qu'un établissement soit considéré comme respectant potentiellement l'arrêté, il doit :
- Équiper tous les espaces de systèmes de détection de présence.
- Installer des systèmes de gradation de lumière ajustables en fonction de la lumière naturelle, couvrant des zones n'excédant pas 25 m² chacune.
- Ne pas dépasser une puissance installée de 1.6 W/m² par tranche de 100 lux.
Les établissements ne respectant pas au moins l'une de ces conditions sont classés comme non-conformes.

Locaux tertiaires et méthodologie de l’enquête annuelle du CEREN
Contactés par courrier, l’enquête réalisée en ligne interpelle un large échantillon d’établissements tertiaires. Les questionnaires incluent des questions succinctes sur les systèmes d'éclairage existant et tout travail d'amélioration effectué au cours de l'année concernée.

Les échantillons obtenus lors des enquêtes de 2021, 2022 et 2023 ont permis d’analyser les sources lumineuses utilisées et les automatisations installées. Pourtant, les enquêtes auto-administrées récentes sont moins détaillées que les précédentes réalisées en face-à-face. Grâce aux données de cadrage fournies par l’INSEE, ces données recueillies sont comparées et extrapolées. Au fil des ans, elles permettent d’identifier des tendances et des évolutions en termes de conformité et de non-conformité.
84 % du secteur tertiaire utilise des sources lumineuses LED
En 2022, l'adoption des sources lumineuses LED dans le secteur tertiaire a atteint 84 % des surfaces chauffées, avec 46 % des établissements utilisant exclusivement des LED, contre 28 % en 2020. Cette progression significative démontre une transition rapide vers des solutions d'éclairage plus durables.

Cependant, la méthode exacte de transition vers les LED n’est pas précisée dans cette étude. Est-ce un remplacement des anciens équipements ou simple substitution des tubes fluorescents ? Selon les secteurs, l'utilisation varie légèrement : l'enseignement privilégie encore les tubes fluorescents à hauteur de 48 %, tandis que les grands établissements tendent à favoriser les technologies les plus performantes comme les LED et les tubes T5.
10% des surfaces ont des automatismes de gestion d’éclairage
Entre 2020 et 2022, l’utilisation des automatismes de gestion de l'éclairage dans les surfaces chauffées est restée relativement stable. Le détecteur de présence est l’automatisme le plus courant, touchant environ un tiers des surfaces, tandis que la gradation de lumière et la gestion technique du bâtiment – GTB – affectent respectivement environ 10 % des surfaces chacun.

En 2022, le secteur des transports a été le plus engagé dans l’utilisation des automatismes de gestion, bien que la gradation de l’éclairage y soit limitée à 15 % des surfaces. Dans les autres secteurs, moins de 10 % des surfaces utilisent la gradation. Par ailleurs, les grands établissements adoptent davantage ces technologies par rapport aux plus petits, bien que l’emploi de la gradation de lumière reste faible, même parmi eux. Notons que l’étude ne donne pas de détails sur les caractéristiques des systèmes de GTB spécifiés.

15 % des surfaces tertiaires rénovent leur éclairage intérieur
Entre 2020 et 2022, environ 15 % des surfaces tertiaires ont entrepris des rénovations de leur éclairage chaque année, sans variation significative sur la période. Les secteurs du transport, ainsi que de la santé et de l'enseignement à un degré moindre, sont ceux qui ont le plus fréquemment rénové leur éclairage.

Bien que les différences entre les branches restent minimes avec un taux de rénovation ne dépassant pas 22 %. Notons que le taux de rénovation de l’éclairage augmente avec la taille des surfaces des établissements : seuls 7 % des surfaces de moins de 1 000 m2 procèdent à des rénovations annuelles, contre plus de 21 % pour celles dépassant les 10 000 m2.
Respect du chapitre 7 de l’arrêté rénovation sur l’éclairage des locaux
Un récent examen des travaux de rénovation effectués entre 2020 et 2022 révèle que seulement environ un tiers des surfaces rénovées respectent potentiellement l'arrêté de rénovation. Pour être conforme, un établissement doit intégrer à la fois des sources LED ou des tubes T5 et un système de gestion technique ou des automatismes de détection.

Dans le secteur des transports, plus de 50 % des surfaces rénovées pourraient être conformes, tandis que dans les secteurs de la santé et de l'habitat collectif, ce chiffre tombe sous les 30 %. La conformité semble également varier avec la taille de l'établissement, les plus grands de 10 000 m² affichant près de 50 % de conformité, contre moins de 10 % pour ceux de moins de 1 000 m².

Il apparaît également que le statut juridique de l'établissement influence le respect de l'arrêté. Les établissements publics dans l'habitat collectif et l'enseignement affichent un meilleur taux de conformité, comparé aux établissements privés dans les secteurs de la santé et des bureaux. Elle suggère que les différences de conformité pourraient être liées à la taille ou aux capacités de gestion plutôt qu'au statut juridique seul.

70% des chantiers tertiaires qui ne seraient pas conformes
L'intégration des LED dans le secteur tertiaire montre une diffusion significative, bien que l'efficacité lumineuse de ces dispositifs reste peu documentée. Une part non-négligeable des rénovations d'éclairage ne respecte pas les normes en vigueur, avec 70 % des chantiers qui ne seraient pas conformes, surtout dans les petits établissements de moins de 1000 m2. Par ailleurs, seulement un tiers des surfaces tertiaires sont régulées par des systèmes de détection de présence. L’ajustement de l'éclairage en fonction de la lumière naturelle se limite à 11 % des surfaces. Malgré une rénovation annuelle moyenne de 15 % des surfaces éclairées, les travaux semblent plus souvent conformes du fait de systèmes préexistants plutôt que par l'introduction de nouvelles technologies durant les rénovations.

Approfondir le sujet
- Rénover l’éclairage des bâtiments tertiaires, guide ADEME
- Nouvelles références : rénovation énergétique en éclairage intérieur
- Éclairage de bureaux de qualité : quels critères considérés ?
