Éclairage public : la révolution a bien lieu

Sans être amish ou amateur de lampes à pétrole, il n’est pas illégitime en 2020 d’interroger l’impact d’une innovation technologique en terme de consommation énergétique. La révolution que connaît l’éclairage public constitue un rare exemple capable de réconcilier les plus technophiles de notre start up nation et les Gaulois écolos les plus réfractaires aux changements.

Grille de maturité des LED

À partir de 2010, le Syndicat de l’éclairage édite une grille de maturité des LED sur les plans techniques et marché. À vocation biannuelle, cette publication est abandonnée après quelques années : tout est passé au vert !

Éclairage extérieur à lampes à décharge

L’éclairage routier (ainsi que l’éclairage sportif) fut l’un des derniers domaines à basculer. Les lampes à décharge (sodium haute pression, halogénures métalliques) jusqu’alors utilisées sont en effet des sources présentant une efficacité lumineuse très élevée.

Toujours commercialisée par Signify, la gamme Philips Master CosmoWhite affiche par exemple 120 lm/W, soit une performance à peine moins élevée que les LED blanches (typiquement autour de 130 lm/W).

Consommation énergétique divisée au moins par 3

Avec 10 ans de recul par rapport aux premières installations d’éclairage routier en LED, il est à présent possible de vérifier si la baisse promise des consommations énergétiques est bien au rendez-vous. Bien sûr, le gain dépend pour beaucoup de l’existant. Pour une installation d’éclairage traditionnelle avec des lampes sodium haute pression, la rénovation par des luminaires LED permet de diviser au moins par trois la consommation énergétique ! Des réductions de 80% sont parfois même annoncées ! Et il ne s’agit plus seulement de promesses issues d’un tableur Excel mais bien de relevés de compteurs électriques avant et après rénovation. Quel autre domaine peut s’enorgueillir d’une telle performance ?

À partir des années 1980, le remplacement très progressif des ballons fluorescents avait déjà généré des baisses de consommation significatives mais plutôt de l’ordre de 30%. Aujourd’hui, on ne change pas que les lampes mais tout le système d’éclairage avec des optiques et des dispositifs de pilotage du flux lumineux beaucoup plus performants. L’ensemble de ces facteurs explique les baisses de consommation constatées.

Prix de l’abonnement électrique

La facture électrique va aussi baisser de manière importante, un peu moins toutefois que la consommation puisque le prix du kWh augmente régulièrement. La baisse est aussi sensible sur le coût de l’abonnement, non-négligeable en éclairage public. Négocié avec le distributeur d’électricité, le prix de l’abonnement est lié à la puissance souscrite que les nouveaux compteurs Linky permettront peut-être d’ajuster plus finement et automatiquement.

En 2005, l’ADEME estimait que l’éclairage public représentait 47% de la consommation électrique et 37% de la facture en électricité d’une collectivité territoriale. Ces chiffres vont fortement baisser pour les communes ayant rénové leur éclairage ce qui va leur offrir, après l’investissement initial, une marge de manœuvre financière non négligeable, d’autant plus que les coûts de maintenance devraient être également plus faibles.

Éclairage public, et demain ?

Les pouvoirs publics auraient donc intérêt à encourager la rénovation massive du parc d’éclairage public. Malgré cela, il faudra sans doute bien plus qu’une décennie pour que cette rénovation soit effective sur tout le territoire. Et après ? La technologie peut encore laisser espérer de nouvelles baisses de consommation. Les fabricants proposent par exemple des systèmes de pilotage de l’éclairage par détection de présence. Mais ces gains marginaux induisent des retours sur investissement beaucoup plus longs.

Les professionnels de l’éclairage public réfléchissent à l’avenir de leur métier, et beaucoup explorent les promesses de la smart city. Les candélabres maillant assez finement les villes sont naturellement pressentis pour devenir les nœuds élémentaires de la ville intelligente. Les nouveaux services proposés doivent être précisés et répondre aux usages de demain. Mais ces nouvelles possibilités ne doivent pas impliquer de consommation énergétique supplémentaire. Sinon on en revient à une querelle stérile entre anciens et modernes ne permettant pas d’atteindre l’acceptation par tous de ce que doit être la ville de demain.

À suivre…

Éclairage public : les multiples vertus de la technologie LED

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Photo en tête de l’article : éclairage public LED – Annonay, avenue de l’Europe, France – Luminaires : Comatelec Schréder © Jean-Baptiste Guerlesquin