L’heure de l’économie circulaire des luminaires a-t-elle sonné ?
En cette nouvelle année 2023, comment prendre un nouveau départ ? La journée sur le thème de l’économie circulaire en éclairage du Syndicat du luminaire nous apporte des réponses avant-gardistes. Pour tout bon professionnel qui se respecte, elles vont sans doute devenir obligatoires d’ici quelques années.
Économie circulaire et réglementation en éclairage
Jean-Marie Croué, délégué général du Syndicat du luminaire, résume : « Avec la loi AGEC – anti-gaspillage pour une économie circulaire – le contexte réglementaire évolue pour les fabricants de luminaires. »
- Par ailleurs, la fiche QCE – qualités et caractéristiques environnementales – DEEE risque de devenir une demande clients pour les fournisseurs et distributeurs de matériel d’éclairage, selon leur chiffre d’affaires.
- Enfin, le bonus-malus de l’écocontribution va aussi devenir un paramètre de sélection des produits.
- Important, le réemploi des emballages demande de mettre en place des systèmes d’occasion.
- Pour lui, « d’ici 3 à 4 ans pour les luminaires, l’indice de réparabilité va sans doute aussi arriver pour les professionnels. »
Exigences de la RT 2020 sur les ACV des luminaires
Philippe Osset, président de Solinnen, précise que « depuis le 1er janvier 2022, la RT 2020 donne l’obligation d’intégrer une ACV pour obtenir un permis de construire. Des seuils maximums ne doivent alors pas être dépassés. »
Actuellement, la déclaration environnementale produite selon la NF ISO 14025 est applicable en France. Elle est plus connue sous le nom de PEP – profil environnemental produit – géré par l’association PEP ecopassport. Avec la publication de la quatrième édition du PCR – règles de catégorie des produits de l’ISO 14027 – et du PSR 0014 sur les luminaires, une mise à jour des exigences et des données de référence spécifiques aux luminaires est prévue en début de cette année.
« À l’avenir, le marquage CE en Europe va intégrer la mesure de l’empreinte carbone d’un produit sur le cycle de vie. Selon la NF ISO 14067, il y aura alors à terme un calcul unique de ce paramètre dans l’Union européenne », synthétise le consultant.
ACV, analyse du cycle de vie et impacts sur les luminaires
Selon la NF ISO 14004, l’ACV – analyse du cycle de vie – est le référentiel des impacts environnementaux des luminaires.
C’est un outil d’échange réglementaire pour analyser le cycle de vie d’un produit d’éclairage.
Jean-Marie Croué donne les préliminaires « pour faire une ACV pour un fabricant de luminaires :
- avoir une bonne nomenclature de fabrication détaillée de son produit (BOM),
- comprendre quels sont les éléments à prendre en compte,
- avoir un outil logiciel adapté pour l’analyse du cycle de vie et faire une ACV,
- se former à l’ACV 4 à 5 jours », pour maîtriser l’ensemble du processus.
Côté logiciel, il existe par exemple SimaPro, GaBi ou EIME. Le GIL a un accord avec ce dernier. « Nous sommes en train de développer des modules pour remplir les données requises par les fabricants plus facilement », note Jean-Marie Croué, « mais aussi, pour avoir des données génériques produits, entre le driver et les composants électroniques. »
Comment faire un ACV pour un luminaire ?
D’après les intervenants de cette journée du Syndicat du luminaire, trois solutions sont envisageables :
- faire son ACV en interne. C’est ce que font actuellement les grandes entreprises en France pour les PEP. Ces travaux pour les ACV permettent de faire de l’écoconception et par conséquent de gagner sur deux tableaux,
- appliquer le PSR 0014 et faire vérifier par un auditeur externe à la société,
- sous-traiter l’ACV à un consultant environnement en externe. Cette dernière option ne permet pas un apprentissage en interne qui sera bénéfique à la recherche et développement. La conception des futurs produits d’éclairage est ici dissociée du cycle de vie.
Ecosystem, l’éco-organisme devient une société à mission
Pour Jean-Paul Auberger, directeur de la relation producteurs chez Ecosystem, « le meilleur déchet est celui qui n’est pas produit. » Il explique la transformation de la mission de l’éco-organisme avec la loi AGEC. Désormais, ses objectifs sont :
- inciter à la répartition,
- inciter au réemploi des produits.
Fonds réparation
La mise en œuvre du label QualiRépar est prévue pour les appareils électroménagers et ne concerne, pour l’instant, pas les luminaires. Comme le dit Jean-Marie Croué, cela n’empêche pas les fabricants :
- d’avoir les notices de montage sur leur site Web pour les réparateurs,
- de stocker les pièces détachées pour la réparation.
Fonds réemploi/réutilisation
5 % de l’écoparticipation à Ecosystem sera affecté au réemploi des lampes.
Pour le réemploi des produits, les partenaires de l’éco-organisme viennent de l’économie sociale et solidaire, par exemple la Fédération Envie et Emmaüs France.
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Comme le déclare Bruno Fradet, directeur métiers de la fédération Envie, « notre raison d’être tient en quatre piliers : social, sociétal, environnemental et économique, notamment la création d’emploi en insertion. » À l’étude, le réemploi des luminaires et des LED. Pour y arriver, la fédération Envie lance un appel au Syndicat du luminaire pour faire équipe.
Référentiels et labels de l’économie circulaire à l’environnement
Bernard Alfandari, PDG de Résistex, conclut la journée par une synthèse sur les référentiels et labels de l’économie circulaire à l’environnement. Citons :
- Label RSE : responsabilité sociétale des entreprises,
- Référentiel GRI : Global Reporting Initiative,
- Pacte mondial des Nations Unies,
- Label EnVol des PME pour l’environnement,
- Label Lucie 26000,
- Label Engagé RSE, certification Afnor,
- Label B Corp/B Lab,
- Label EcoVadis,
- Label BSI,
- Orse – Observatoire de la responsabilité sociétale des entreprises,
- Label produit luminaire
- Label Certiled avorté malgré trois ans d’effort,
- Label PEP ecopassport.
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Photo en tête de l’article : réparateur de carte électronique et câblages, par Ecosystem © Francois Daburon