Flowell, marquer le sol de la route d’une surface lumineuse
Innovation pour le marquage routier, la solution Flowell est développée en France. Plus exactement au centre de recherche et développement R&D Colas de Magny-les-Hameaux (Yvelines). Elle a été mise au point et brevetée en collaboration avec le CEA Tech de Grenoble.
En bref, il s’agit d’une nouvelle technologie de LED encapsulées pour la chaussée. Un substrat multicouche à base de composite est collé sur la route. La logique est de transférer la charge directement dans le sol. L’ensemble breveté fait une épaisseur de 7 mm posé.
Pilotage lumière des dalles Flowell et détection de présence
« La logique est d’apaiser les mobilités pour les piétons, les vélos et les véhicules, et en premier la sécurité. »
Étienne Gaudin, directeur de Wattway et Flowell
Les dalles Flowell sont câblées à un système de pilotage. Il permet de :
- contrôler les dalles pour les allumages,
- adapter la luminosité des LED,
- limiter l’éblouissement.
De toute évidence, cette solution propose du marquage sur la chaussée, de jour comme de nuit. Selon la lumière naturelle, un capteur de luminosité ambiante dose la quantité d’éclairage sur les dalles.
Pendant la journée, le système tourne à 100% de flux lumineux. De nuit, il n’émet plus que 6 à 8 % de sa puissance lumineuse.
Pour réaliser la détection de présence, Colas a mis en place un partenariat avec Starling. Il s’agit d’une caméra de surveillance qui analyse en temps réel l’environnement.
À l’aide d’un système d’intelligence artificielle – AI -, le système trie les usagers et les comportements. Couplé avec Flowell, il déclenche un allumage du marquage lumineux sur la chaussée.
Prototypes de marquage routier pour un passage piéton
Le premier prototype en France pour un passage piéton a été installé à Mandelieu-la-Napoule en 2018 sur deux ans. C’était avenue de Cannes, à une sortie de l’autoroute A8.
L’installation se composait de 46 dalles LED, collées presque toute sur les bandes blanches du passage piéton. Au total, 40 m2 s’allumaient quand un passant souhaitait traverser.
Depuis, d’autres expérimentations sur des passages piéton ont suivi. J’ai visité l’une d’elles à proximité du périphérique de Paris. Direction : 15e arrondissement, tram T2, arrêt Suzanne Lenglen. Ici, uniquement les petits côtés des bandes blanches sont balisés avec des dalles lumineuses.
Pour Maxime Van Der Ham, c’est une « innovation convaincante », précise-t-il dans son dernier livre Éclairage des passages pour piétons. Il donne aussi plus de critères d’analyse de ces nouvelles technologies pour passage piéton de demain.
Une bande supplémentaire en avant du passage piéton a été ajoutée, pour tester une ligne de stop pour les voitures.
Une fois allumée, elle crée trois lignes pointillées parallèles qui marquent bien le passage piéton. Quand un quidam présente un comportement « je veux traverser », le système de marquage s’allume.
- D’abord, une bande rouge sur le trottoir alerte les piétons. Elle est placée le long des deux bandes d’éveils au sol.
- Ensuite, quand les voitures se sont arrêtées ou ne sont pas là, les lignes blanches le long du passage piéton s’allument.
- Une fois que les usagers ont traversé, le système s’éteint automatiquement.
Retour d’expérience en marquage routier lumineux
Les retours d’expérience sont nombreux. Étienne Gaudin les résume. « Le système marche bien quand il est actif. C’est-à-dire, quand il y a une détection de présence, par exemple d’un piéton. Aussi, pour être cohérent, c’est mieux que Flowell soit connecté au feu de circulation. »
Pour le passage piéton Mandelieu-la-Napoule, l’évaluation de l’expérimentation réalisée en partenariat avec le Cerema conclut : « quand on allume, on augmente la priorité piétonne. Pour la voiture, c’est l’inverse », explique Étienne Gaudin.
Marquage routier réglementé en France
En France, le marquage routier au sol est très réglementé. En fait, il est tout simplement interdit pour tout autre usage que l’automobile. Ce qui fait qu’une demande de dérogation au ministère des Transports a été nécessaire pour Flowell. Il a obtenu un accord temporaire basé sur la réglementation suivante :
« Les expérimentations d’équipements routiers innovants (article R119-10 du code la Route) – MTES/DGITM − Les expérimentations de nouveaux signaux routiers ou de nouvelles utilisations de signaux routiers existants (article 14-1 de l’IISR – Instruction interministérielle sur la signalisation routière) – MI/DSR et MTES/DGITM ».
Mais, cette autorisation est limitée dans le temps et l’espace. Alors, avec son dixième site d’expérimentation, Colas a déposé un dossier en décembre 2021. Objectif : intégrer la réglementation avec ses marquages routiers en éclairage dynamique.
Après le prototype de route solaire, Wattway, initié depuis 2014, souhaitons à Flowell tous les succès de la French Tech lors de son prochain lancement officiel.
Approfondir le sujet
Livres
Éclairage des passages pour piétons, de Maxime Van Der Ham
Passage piéton en éclairage public. Pour la sécurité routière des automobilistes et des communes. Le guide de Maxime Van Der Ham. |
Lieux
- Tram T2 Suzanne Lenglen
- Paris, France
- Tram T1 INSA – Einstein
- Villeurbanne, France
Comment ce type d’équipement est-il autorisé malgré les exigences de l’Arrêté du 27 décembre 2018 (ULR de 0%, température de couleur limitée à 3000 K) ? Si la chose devait se répandre, ce balisage lumineux devra-t-il être pris en compte lors du calcul de densité surfacique de flux lumineux ?
@Orian À ma connaissance, l’arrête du 27 décembre 2018 concerne l’éclairage extérieur, pas le balisage lumineux.
Pour référence, voici la limite entre les deux principes dans la Foire aux questions du Ministère de la Transition Écologique et Solidaire (MTES) :
« Les balisages dont la fonction est principalement d’assurer la sécurité ou la sureté sur un cheminement mais dont le flux lumineux n’assure pas la visibilité pour circuler sont exclus du champ de l’arrêté. Sont considérées comme étant des dispositifs de balisage, les installations dont le flux lumineux unitaire est inférieur à 100 lumens. »
Voici le lien : https://www.ecologie.gouv.fr/politiques-publiques/arrete-du-27-decembre-2018-relatif-prevention-reduction-limitation-nuisances