Article

Histoire des lanternes d’éclairage et projecteurs à Paris

Pour un périple dans la capitale, du Pont Alexandre III à la cour Carrée du Louvre en passant par la Tour Eiffel. Lanternes et projecteurs de Paris.
24 juin 2020

Nous poursuivons notre visite du conservatoire du MEGE (Mémoire de l’électricité, du gaz et de l’éclairage public) par un périple immobile dans les places incontournables de la capitale : Concorde, Hôtel de ville, Notre-Dame… à travers leurs lanternes d’éclairage.

Lanternes des plus belles places de Paris

À chaque fois, Jean-Jacques Le Moellic est intarissable sur l’histoire des lanternes d’éclairage et des circonstances dans lesquelles elles sont venues compléter la collection du MEGE. Parmi celles-ci, la lanterne du pont Alexandre III est peut-être la plus majestueuse. Ces candélabres ont été équipés en lampes électriques à incandescence dès l’inauguration du pont lors de l’exposition universelle de 1900.

Pont Alexandre III et exposition universelle, Paris, 1900 © MEGE
Candélabre et lanternes, pont Alexandre III, en lumière du jour, Paris © MEGE
Candélabre de rive avec ses lanternes, éclairage public, Pont Alexandre III, Paris © MEGE

Collection de lampes et de technologies

En vitrine, une belle collection de lampes permet de retracer l’historique des technologies utilisées. Aux lampes à incandescence succéderont les ballons fluorescents à la fin des années 50, puis les lampes au sodium haute pression dans les années 70. Apparues à peu près au même moment, les lampes aux halogénures métalliques ont été davantage utilisées pour des mises en lumière de monuments. Les LED sont encore peu présentes dans le musée… sauf pour la signalisation lumineuse, où la technologie est apparue bien avant l’essor des LED blanches.

 

Projecteur Infranor pour les illuminations

La ville lumière ne porterait pas ce nom sans les illuminations de ses bâtiments les plus remarquables. Sur cet aspect aussi, le MEGE retrace l’historique des mises en lumière de nombreux monuments parisiens. D’un point de vue technologique, il faut citer l’incontournable projecteur Infranor de Mazda. Cette grosse « marmite » est équipée d’une lampe à incandescente de 3000 W à calotte sphérique argentée.

Projecteur Mazda Infranor
Projecteur Mazda Infranor © MEGE

Le réflecteur est composé de plusieurs lamelles en aluminium offrant un faisceau rectangulaire uniforme qu’il est possible d’orienter. Des années 50 aux années 70, il permit l’illumination des monuments les plus prestigieux de la capitale dont la Tour Eiffel en 1958 : 170 projecteurs étaient installés dans des fosses dans les jardins du Champs de Mars.

Projecteurs Mazda Infranor, jardins du Champs de Mars, au pied de la Tour Eiffel, Paris © MEGE

Les Infranors vont être progressivement remplacés par des projecteurs PAR plus nombreux mais aussi beaucoup plus simples à manipuler. Fin 1985, la tour Eiffel sera illuminée de l’intérieur par l’éclairagiste Pierre Bideau. Des projecteurs de stades et des lampes au sodium haute pression seront alors utilisés.

Réglettes Agabekov du Louvre

Comme il serait trop long de tout évoquer, nous terminons la visite avec le projet d’illumination en 1992 des façades intérieures du Louvre jusqu’alors jamais mises en lumière ! La contrainte vint de l’architecte en chef des monuments historiques qui imposa que l’éclairage des façades soit en plongée (comme la lumière du soleil), et que les projecteurs ne soient pas visibles de jour.

Travail de nuit et réglage de l’illumination de la cour carre du Louvre, 1992 © MEGE

Bien avant les réglettes LED, il fallut concevoir des luminaires linéaires suffisamment fins pour se confondre avec le profil des corniches. En collaboration avec le fabricant Agabekov, EDF développa ainsi des réglettes de petites lampes à incandescence au xénon avec une durée de vie affichée de 20 000 heures, soit 10 fois plus que les lampes halogène classiques ! Quant au principe d’éclairage, il sera repris en alternative à l’anti-naturelle contre-plongée, abondamment utilisée en éclairage architectural.

Visitez le MEGE

Les visites du MEGE sont organisées lors des journées du patrimoine, ou toute l’année sur rendez-vous pour des petits groupes. Vous pouvez dès à présent découvrir de chez vous une mine d’informations sur le site Internet de l’association, dont l’ensemble des illustrations utilisé pour cet article.

 

A suivre…

Histoire électrique et lumineuse de la ville de Paris

Approfondir le sujet

Équipe du projet

Association Association MEGE MEGE - Mémoire de l'Electricité, du Gaz et de l'Eclairage public Jean-Jacques Le Moellic
Concepteur lumière Pierre Bideau
Matériel d'éclairage Mazda Agabekov
Référence produit d'éclairage Infranor

Lieu

  • Nanterre, France

Livres

Lumières architecturales en France, de Vincent Laganier

Les réalisations lumière les plus significatives en architecture de 1985 à 2000 en France ? Lumières architecturales en France, Vincent Laganier

En savoir plus...

Jacopozzi : le magicien de la lumière, par Fabien Sabatès

Superbe livre richement illustré sur Jacopozzi, le magicien de la lumière. Fabien Sabatès conte l'inventeur des illuminations de Paris et de la Tour Eiffel.

En savoir plus...

La Tour Eiffel, un phare universel, de Catherine Orsenne

Redécouvrez la Tour Eiffel, un phare universel, depuis le monument, de son sommet ou les hauts lieux de Paris en photographies par Catherine Orsenne.

En savoir plus...

La conception lumière, appréhender le contexte, les enjeux et les acteurs

Coordonné par l’ACE et rédigé par 57 contributeurs représentatifs du projet d'éclairage, nouvel ouvrage de référence pour la conception lumière au Moniteur.

En savoir plus...

Poursuivez votre recherche

Enseignant-chercheur, Lionel Simonot enseigne l’éclairagisme depuis 2003 à l’École nationale supérieure d’ingénieurs de Poitiers – ENSI Poitiers : cours magistraux et pratiques en photométrie, technologie des sources de lumière, dimensionnement électrique et interactions lumière matière. Ses activités de recherche portent sur les propriétés optiques et l’apparence des matériaux, notamment via le GDR APPAMAT. Applications : films minces nanocomposites, couches de peinture en glacis ou vernis et objets obtenus par impression 3D. Il est auteur de la transposition du livre de Pierre Bougueur, Essai d’optique sur la gradation de la lumière, du livre rétrospectif et prospectif, Éclairage et lumière du IIIe millénaire, 2000-2050, aux éditions Light ZOOM Lumière en 2021.
0 commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.