Hommage à Keiichi Tahara, sculpteur de lumière, photographe
Pour le monde de la lumière, Keiichi Tahara était un artiste humble, discret et plein de nuances due a ses origines japonaises. Il a vécu à Paris de 1972 à 2004, puis est retourné vivre à Tokyo où il s’est éteint le 6 juin 2017.
Du cristal du jardin minéral
En 1989, il réalise “Jardin de lumière” à Eniwa-Hokkaido au Japon. Une installation pérenne de 66 colonnes en cristal et 8 plaques de verre qui émettent de la lumière en fonction des sons d’une mélodie.
Les photos très graphiques de l’espace public enseveli sous un mètre de neige pendant six mois de l’année voyagerons à travers les publications du monde entier, installant l’homme parmi les précurseurs de l’art lumière d’aujourd’hui.
Keiichi Tahara, installations en France
En France, le sculpteur de lumière réalisera l’été 1993, le « Combat du dragon » dans les douves du château d’Angers.
Une installation éphémère à base de cristal lumineux sur un tapis de sable gris bleuté et blanc.
En 2001, il exposera pour la première fois à la Maison Européenne de la Photographie de Paris. A cette occasion, il créera le “Jardin Niwa”, un jardin zen japonais dans la cour entre la rue de Fourcy et le musée, toujours visible de nos jours.
Tressages et échos de lumière à Lyon
En 1999, Keiichi Tahara était lauréat du projet de mise en lumière de la vallée de la Chimie au Sud de Lyon avec Citelum / Dalkia Electrotechnics et Alain Guilhot, non réalisée à ce jour. Des faisceaux traceurs devaient s’entrecroiser dans le ciel nocturne, telle une pyramide de lumière, et des mots être projetés sur le mur le long de l’autoroute du Sud de la France. Une installation dans l’esprit de son « Obélisque de lumière » réalisée en 1987 à Tokyo et « Trace de lumière » à Yokohama au Japon en 1988.
Autour du millénaire, il réalisera en France ses plus originales sculptures de lumière. Tout d’abord, pour la première édition du Festival Lyon Lumière début décembre 1999 [devenu aujourd’hui Fête des lumières de Lyon]. Avec Stef Grivelet, les pentes de la Croix-Rousse brilleront de “Tressage des lumières” en souvenir des ouvriers de la soie. Un parcours scénographique que le concepteur lumière, Laurent Fachard de LEA, avait coordonné lors de sa direction artistique de l’événement de 1998 à 2003.
A Paris, sa ville d’adoption, le sculpteur de lumière donne en 2000 un coup maître. “Echos de lumière” dans le tunnel du canal Saint-Martin.
Des arcs en ciel s’allument et s’éteignent lors du passage des bateaux mouches.
L’essence même du spectre de la lumière s’en trouve révélée de manière onirique. Cette réalisation fera la couverture du numéro 209 de la revue LUX de septembre-octobre 2000.
Pour publier ses deux dernières réalisations dans mon livre Lumières architecturales en France, j’avais eu l’occasion de rencontrer Keiichi Tahara. Je me rappelle d’un homme simple qui m’avais présenté son travail avec passion à son atelier de Paris. Sur le tard, en 2014, j’avais découvert son travail magnifique de photographe en noir et blanc avec Eric Michel. C’était lors de sa dernière exposition rétrospective de Keiichi Tahara à la Maison Européenne de la Photographie à Paris en forme de testament au sculpteur de lumière.
Parcours de photographe Keiichi Tahara
Né à Kyoto au Japon en 1951, Keiichi Tahara apprend de la technique photographique avec son grand-père, photographe professionnel Yoshitaro Miyagawa. Au début des années 70, il est producteur et cameraman. Il réalise des films d’essais et de recherche en 16 mm noir et blanc et crée des projections de films, diapositives et lumières dans le groupe musical Red Buddha.
« La lumière du Japon, toujours voilée, n’a rien à voir avec celle de la France, très brutale et perçante. Et la nature de la lumière, j’en suis persuadé, a une incidence sur le paysage, les gens et même la langue que l’on parle ».
Keichii Tahara
Arrivé en France avec une troupe de théâtre moderne, il s’installe à Paris en 1973 et fait ses débuts dans la photographie en devenant photographe indépendant. Une de ses premières séries « Fenêtre » rechercher la forme de la lumière, et non pas la lumière à partir d’un objet. Entre 1974 et 1983, il photographie les baies des différents appartements qu’il habite à Paris, « comme si j’essayais d’établir et d’affirmer l’existence de mon « moi » racontait-il.
Dès 1978, il commence un travail autour du portrait d’artistes et d’écrivains. Un art de la pause qui lui permettra de photographier ses plus grands contemporains. Parmi eux, notons : Joseph Beuys, Peter Brook, William Burrough, pour ne citer quelques noms. Comme l’expliquait Félix Guattari il s’agit « d’un transfert d’énonciation : au lieu que ce soit vous, le spectateur, qui contempliez la photographie, c’est brusquement elle qui vous surprend, qui se met à vous scruter, à vous interpeller, à vous pénétrer jusqu’au fond de l’âme ».
De 1979 à 1983, Keiichi Tahara photographie l’architecture de la fin du 19ème et du 20ème siècles dans l’Europe entière, pour l’ouvrage « Architecture de fin de siècle » en six volumes, publié au Japon.
Approfondir le sujet
- Keiichi Tahara, sculpteur de lumière : une expo sur le percevoir
- Souvenirs du premier Festival Lyon Lumières 1999
- Manuel d’éclairage photo, de Fil Hunter, Steven Biver, Paul Fuqua
- Éclairer et photographier les objets, de Nath-Sakura
- Keiichi Tahara : Light Scape, site Web
- Keiichi Tahara Info, chaîne Youtube
Lieu
- Maison européenne de la photographie
- Paris, France
Équipe artistique
Équipe du projet
Évènement
- Japonismes 2018 à la Tour Eiffel : les lumières du Japon
- MISE EN LUMIèRE éVéNEMENTIELLE - Jeudi 13, vendredi 14 septembre, mise en Lumière spéciale de la Tour Eiffel par les conceptrices lumière Motoko Ishii et Akari-Lisa Ishii. Japonismes 2018.
- Date : du jeudi 13 septembre 2018 au samedi 15 septembre 2018
- Lieu :
- Tour Eiffel
- Paris, France