Images nocturnes, ouvrir les portes de la perception
Images nocturnes. Le projecteur à gobo offre la possibilité de créer un espace dans l’espace : une véritable fenêtre ouverte vers un autre monde. Créer des textures, affecter l’humeur, provoquer des contrastes, modifier la perception, sont autant d’actions qui peuvent être déclinées par ce procédé.
Faire surgir l’extraordinaire
Cadrer une partie d’une façade avec une découpe élève le détail au rang d’architecture. L’observateur se focalise alors sur cet espace délimité par un contraste net et fort. Cet élément, devient soudainement l’expression d’une histoire, d’un passé, d’un monde à imaginer.
Plus la découpe est précise, plus l’idée de projection d’une image s’accentue.
Si le spectateur percevait le reste de l’édifice, il pourrait alors penser que ce cercle projeté est une image. Avec ce détail, l’usager conçoit, par métonymie, le reste du bâtiment.
Une partie concentrique, suspendue dans le vide, surprend et dérange car isolée de son tout. Comme un rappel de la lumière solaire homogène et intense, cette pièce découpée dans le jour flotte dans l’immensité de la nuit.
Projetée avec une forte intensité dans Paris, une lumière homogène dans la rue crée une illusion d’optique et une sensation de rêve. Telle une anamorphose, les différents éléments éclairés par la découpe lumineuse semblent réunis et soudés le temps d’un instant.
La lumière gomme leurs différences de matières, de formes, de tailles et de dispositions dans l’espace. Tout paraît rassemblé sur un même plan vertical.
Comme des portes pleines qui renvoient aux espaces qu’elles révèlent. Cela permet de sortir de la notion d’une image « cadrée » et de faire en sorte qu’elle devienne un espace.
Fusionner l’image et l’espace
L’effet de basculement entre deux réalités suggère surprise et mystère. Quand l’image prend le relais en valorisant un détail architectural, l’observateur est en communion avec plusieurs espaces : l’espace d’où il observe, l’espace où l’on projette et l’espace que l’on projette.
Ainsi, une sensation de trouble est provoquée : idéal pour plonger le spectateur dans son imaginaire. Ce dernier interagit avec l’environnement et son corps est physiquement au cœur de cette expérience sensorielle.
Projeter des images dans la rue, c’est réaliser des versions tangibles de scénarios d’utilisation utopiques où la fiction prend subitement le relais d’une impossibilité physique. Ainsi l’espace et le temps sont étendus, démultipliés grâce à ces propositions qui offrent des architectures interactives par le moyen d’images habitables.
Véritables fusions entre matière et lumière, ces images semblent suspendues dans le temps, en veille, attendant le regard d’un spectateur.
L’espace se fait modulable, interchangeable, les murs disparaissent pour n’être plus que parois, membranes, surfaces de projections invisibles.
L’espace réagit à la présence de ses habitants. Un espace sensoriel à expérimenter et à vivre. La projection devient le passage entre deux réalités, deux champs d’expériences, un interstice.
Approfondir le sujet
Lieu
- Ecole supérieure des Arts Appliqués ESAA Duperré
- Paris, France
Très belles prises de vues.
Sujet passionnant
Juste un mot… Talent
Bravo!
LUMIERE parmi les lumières. Mamie admirative !!