L’Égypte, là où naît la lumière
Si le Nil nourrit les terres égyptiennes pendant des millénaires, il jalouse celui qui le surplombe, le Soleil. Élément naturel abondant, ce dernier confère à la vallée du Nil son caractère si fascinant. D’abord divinisé par la religion, il permit d’organiser le territoire. Pensée pour aménager les intérieurs, sa lumière perdure jusque dans la nuit pour prolonger le voyage jusqu’au jour d’après.
Rê, dieu solaire, créateur de l’univers
Le voyage commence dans l’obscurité. L’appel à la prière résonne sur les rives éternelles du Nil qui voient inlassablement évoluer les civilisations. Soudain, un bruit de sifflet strident retentit dans la nuit : les conditions sont bonnes pour s’envoler. Les premiers rayons du soleil apparaissent sur la rive des Vivants, à l’Est. Le visage brûlé par la torche du ballon, on embarque.
En quelques secondes, nous voici comme suspendus face au dieu Rê. Venant d’achever son périple parmi les forces des ténèbres, il sort de terre grâce au scarabée bousier que l’on retrouve sur les parois des temples.
Taillés pour la lumière
Il fait jour ! Le calcaire rougeoyant des montagnes laisse place à un contraste saisissant. Face à l’immensité du désert aride se faufile le long du Nil des cultures verdoyantes que les crues irriguent. Depuis le ciel ou au pied des portiques, le même constat : le soleil permet d’organiser le territoire mais également les sites architecturaux qui le composent.
Les temples d’Égypte s’étendent sur l’axe est-ouest afin que le soleil accompagne de bout en bout les processions religieuses ou cérémonies mortuaires. Un dispositif qui permet un phénomène spectaculaire qui se produit à dates fixes. En effet, chaque année, la statue en or massif cachée dans le sanctuaire est illuminée par les rayons divins du soleil.
Le cycle se renouvelle. Le soleil dont la vie quotidienne est racontée sur les murs des temples indique le sens de lecture des hiéroglyphes. Présent de par ses symboles gravés et ses rayons rasants, le soleil qui a permis de tracer le périmètre du sanctuaire creuse les reliefs et découpe des ombres franches sur l’épure géométrique des volumes.
Colonnes papyriformes, latiformes ou palmiformes se décomposent alors pour dégrader la lumière. Jouant de clairs-obscurs, cette dernière pénètre les espaces et se faufile à travers les percées du plafond pour faire découvrir au visiteur l’intensité de couleurs d’outre-tombe.
Entretenir la flamme
La nuit tombe sur l’Égypte mais le voyage n’en n’est pas moins terminé. Malgré des éclairages de fortune plus ou moins maîtrisés sur les sites historiques ou au fond des habitations, la lumière survit. Son intensité plus ou moins précaire continue à sublimer les supports sur lesquels elle frappe. En contre-plongée, elle transforme la majesté des sculptures en d’inquiétantes créatures mystiques. Blanche pale ou jaune vive, la pierre vibre jusque tard dans la nuit. Entre les son et lumière spectaculaires et les torches des pilleurs d’antan qui éclairaient les dorures des pharaons, les projecteurs découpent dans la nuit noire les chapiteaux écroulés, les portiques abîmés, des ruines intemporelles.
Mais l’Égypte ne s’exprime pas que dans ses ruines. Aujourd’hui, il suffit d’embarquer sur une calèche ou de chevaucher une moto aux roues clignotantes pour découvrir l’essence de ce peuple bouillonnant. L’effervescence nocturne de Louxor ou d’Assouan mérite d’être vécue. Quand les guirlandes des minarets répondent aux lanternes des terrasses en plein air, il ne reste plus qu’à descendre le temps d’un instant pour se saouler des tourbillons infinis des derviches tourneurs.
Approfondir le sujet
Lieu
- Temple de Karnak
- Karnak, Égypte