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L’Égypte, là où naît la lumière

Réflexions sur la relation qu'entretiennent les égyptiens avec la lumière. Carnet de voyage en Égypte dans la vallée du Nil.
9 février 2020

Si le Nil nourrit les terres égyptiennes pendant des millénaires, il jalouse celui qui le surplombe, le Soleil. Élément naturel abondant, ce dernier confère à la vallée du Nil son caractère si fascinant. D’abord divinisé par la religion, il permit d’organiser le territoire. Pensée pour aménager les intérieurs, sa lumière perdure jusque dans la nuit pour prolonger le voyage jusqu’au jour d’après.

Ramesséum, Égypte
Ramesséum, Égypte – 2019 © Maxime Brunois

Rê, dieu solaire, créateur de l’univers

Le voyage commence dans l’obscurité. L’appel à la prière résonne sur les rives éternelles du Nil qui voient inlassablement évoluer les civilisations. Soudain, un bruit de sifflet strident retentit dans la nuit : les conditions sont bonnes pour s’envoler. Les premiers rayons du soleil apparaissent sur la rive des Vivants, à l’Est. Le visage brûlé par la torche du ballon, on embarque.

Temple de Medinet Habu, Égypte
Temple de Medinet Habu, Égypte – 2019 © Maxime Brunois

En quelques secondes, nous voici comme suspendus face au dieu Rê. Venant d’achever son périple parmi les forces des ténèbres, il sort de terre grâce au scarabée bousier que l’on retrouve sur les parois des temples.

Temple de Karnak, Égypte
Temple de Karnak, Égypte – 2019 © Maxime Brunois

Taillés pour la lumière

Il fait jour ! Le calcaire rougeoyant des montagnes laisse place à un contraste saisissant. Face à l’immensité du désert aride se faufile le long du Nil des cultures verdoyantes que les crues irriguent. Depuis le ciel ou au pied des portiques, le même constat : le soleil permet d’organiser le territoire mais également les sites architecturaux qui le composent.

Les temples d’Égypte s’étendent sur l’axe est-ouest afin que le soleil accompagne de bout en bout les processions religieuses ou cérémonies mortuaires. Un dispositif qui permet un phénomène spectaculaire qui se produit à dates fixes. En effet, chaque année, la statue en or massif cachée dans le sanctuaire est illuminée par les rayons divins du soleil.

Temple de Karnak, Égypte
Temple de Karnak, Égypte – 2019 © Maxime Brunois

 

Le cycle se renouvelle. Le soleil dont la vie quotidienne est racontée sur les murs des temples indique le sens de lecture des hiéroglyphes. Présent de par ses symboles gravés et ses rayons rasants, le soleil qui a permis de tracer le périmètre du sanctuaire creuse les reliefs et découpe des ombres franches sur l’épure géométrique des volumes.

Temple de Kôm Ombo, Égypte
Temple de Kôm Ombo, Égypte – 2019 © Maxime Brunois

Colonnes papyriformes, latiformes ou palmiformes se décomposent alors pour dégrader la lumière. Jouant de clairs-obscurs, cette dernière pénètre les espaces et se faufile à travers les percées du plafond pour faire découvrir au visiteur l’intensité de couleurs d’outre-tombe.

Temple de Kôm Ombo, Égypte
Temple de Kôm Ombo, Égypte – 2019 © Maxime Brunois

Entretenir la flamme

La nuit tombe sur l’Égypte mais le voyage n’en n’est pas moins terminé. Malgré des éclairages de fortune plus ou moins maîtrisés sur les sites historiques ou au fond des habitations, la lumière survit. Son intensité plus ou moins précaire continue à sublimer les supports sur lesquels elle frappe. En contre-plongée, elle transforme la majesté des sculptures en d’inquiétantes créatures mystiques. Blanche pale ou jaune vive, la pierre vibre jusque tard dans la nuit. Entre les son et lumière spectaculaires et les torches des pilleurs d’antan qui éclairaient les dorures des pharaons, les projecteurs découpent dans la nuit noire les chapiteaux écroulés, les portiques abîmés, des ruines intemporelles.

rue de Louxor, Égypte
Rue de Louxor, Égypte – 2019 © Maxime Brunois

Mais l’Égypte ne s’exprime pas que dans ses ruines. Aujourd’hui, il suffit d’embarquer sur une calèche ou de chevaucher une moto aux roues clignotantes pour découvrir l’essence de ce peuple bouillonnant. L’effervescence nocturne de Louxor ou d’Assouan mérite d’être vécue. Quand les guirlandes des minarets répondent aux lanternes des terrasses en plein air, il ne reste plus qu’à descendre le temps d’un instant pour se saouler des tourbillons infinis des derviches tourneurs.

Rives du Nil, Égypte
Rives du Nil, Égypte – 2020 © Maxime Brunois

 

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  • Temple de Karnak
  • Karnak, Égypte

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Source Maxime Brunois
Chargé de projet au sein de l'agence Concepto avec un master de l’École d’architecture de la ville et des territoires Paris-Est et un BTS Design d’Espace de l’ESAA Duperré, où il anime des ateliers. Stagiaire au sein des agences 8'18", Concepto, TVK et ON, il a contribué à l’ouvrage de l’ACE aux Éditions du Moniteur, "Places du Grand Paris" pour la SGP, et traduit un texte de Gerhard Auer intitulé "Vivre la sobriété en éclairage" avant de participer à l'édition de "Éclairage et lumière du IIIe millénaire, 2000-2050" chez Light ZOOM Lumière où il occupe un rôle de rédacteur.
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