Luis Barragán, ou l’architecture émotionnelle en lumière
Pour Luis Barragán (1905-1988), la couleur est utilisée comme un peintre coloriste. « Généralement, je définis la couleur lorsque l’espace est construit » dit-il. « La mise en couleur vient conclure le projet. »
Chapelle Tlalpan de Luis Barragán, Mexico
Premier exemple pris par Danièle Pauly : la chapelle Tlalpan contruite en 1954-60 dans la banlieue de Mexico. Les baies sont closes en verre d’albâtre qui procure une lumière jaune intense lorsque le soleil brille
À différent moment de la journée dans le mois, l’architecte revient pour choisir la couleur des murs. Le choix est réfléchi mais purement expérimental. Ainsi, il trouve la bonne couleur avec de grands panneaux recouverts de toiles posées sur les murs.
Architecture émotionnelle, couleur et réflexion
Dans le couloir de liaison avec la chapelle, le mur sera finalement peint en rose intense. Par synthèse additive de la couleur peinte et de la lumière jaune, le mur perçu devient orange.
Pour Barragán, « la couleur est un complément de l’architecture. Elle sert à agrandir ou réduire un espace. De plus, elle est aussi utile pour provoquer cette touche de magie propre à un espace.
D’après Pauly, « il y a souvent un jeu entre l’or du Baroque espagnol et le rose de l’art pré-colombien dans les œuvres de l’architecte. Le rose recouvre tous les murs de ces maisons. Il l’utilise comme un monochrome pour relier le dedans et le dehors. Pour montrer la plasticité des volumes, une autre couleur franche est utilisée. »
Maison Barragán, Tacubaya, Mexico
Barragán parle « d’émotion architecturale, de la nécessité d’ajouter un caractère émotionnel au lieu. » Dans la cage d’escalier de la maison Barragán 1948 à Tacubaya près de Mexico, les murs sont recouverts d’enduit blanc. L’architecte crée un appel de lumière pour agrandir l’espace. Grâce à une fenêtre haute et linéaire, le lieu est complètement transformé au fil des heures. Un tableau jaune d’or placé au nu du mur et à la base de la baie, crée une impression de profondeur.
Maison Gilardi, Tacubaya , Mexico
Sorte d’apothéose entre lumière, couleur et espace, la maison Gilardi 1975-1977 est inspiré des travaux de Josef Albers et de Johannes Itten sur la couleur au Bauhaus. Pauly explique : « Deux couleurs, le rouge et le bleu, de saturation égale, sont le jeu de la construction spatiale.
Barragán exploite la coloration d’une paroi blanche par réflexion d’une paroi colorée.
- Il propose une totalité modulée de couleur par une source de lumière juste au-dessus.
- Il expérimente des reflets de couleurs dans l’eau.
- Il réalise des interactions de plans colorés, soit juxtaposés, soit éloignés.
- Il met en scène des interactions avec les trois couleurs primaires.
On est quasiment dans une œuvre de James Turrell ! »
Propos recueillis par Vincent Laganier le 16 octobre 2012 à l’ENSAL, Vaulx-en-Velin (69).
Equipe de l’exposition
Commissariat scientifique
- Danièle Pauly, ENSA Paris-val-de-Seine, LHAC/ENSA Nancy
Avec la participation de
- Laurent Beaudouin, ENSA Nancy
- Louise Noelle Gras, UNAM, Mexico
- Gauthier Bolle, ENSA Strasbourg
- Jérôme Habersetzer, ENSA Bretagne
Production
- Ecole nationale supérieure d’architecture de Nancy (laboratoire LHAC)
- Ecole nationale supérieure d’architecture de Paris-Val-de-Seine
- Ecole nationale supérieure d’architecture de Strasbourg
Approfondir le sujet
Lieu
- Maison-atelier de Luis Barragán
- Mexico, Mexique