Métamérisme de couleurs de surface et éclairage

Le métamérisme des couleurs pose des défis dans la reproduction précise des couleurs. En comprenant ses fondements scientifiques et en utilisant des techniques appropriées, il est possible de minimiser ses effets. En bref, d’obtenir des résultats visuels cohérents.

Si le métamérisme des couleurs est un phénomène fascinant, il peut aussi sembler un peu mystérieux. Je vais tenter de vous expliquer le phénomène avec le point de vue d’un concepteur lumière et directeur de la photographie.

Qu’est-ce que le métamérisme ?

Ce phénomène est lié à la perception des couleurs. Prenons l’exemple de deux objets qui paraissent avoir la même couleur sous un certain type d’éclairage. Ils s’avèrent être de couleurs différentes sous un autre type d’éclairage.

Comment gérer au mieux cette contrainte ? La première des choses à faire est de connaître la cause de ce phénomène. On sait que les matériaux absorbent et réfléchissent la lumière différemment à travers le spectre visible. Ils sont aussi influencés par la source lumineuse et les pigments composant la couleur de l’objet. Il est donc important de comprendre les fondements scientifiques à ce sujet.

Fondements scientifiques du métamérisme

La couleur perçue d’un objet est influencée par la lumière sous laquelle il est observé, en raison de la réflectance différentielle. Les sources lumineuses comme une lampe à incandescence et la lumière du jour ont des spectres lumineux différents. L’incandescent étant riche en rouge et faible en bleu, tandis que la lumière du jour est plus équilibrée.

En utilisant un spectrophotomètre, on peut mesurer la réflectance d’un objet à travers son spectre. Ce dernier crée une courbe unique pour chaque couleur. Des objets peuvent sembler avoir la même couleur sous certaines lumières : on parle de paires métamériques. Mais ils diffèrent sous d’autres, car leurs courbes de réflectance se croisent à plusieurs reprises. Ce phénomène, appelé métamérisme, montre que des couleurs apparemment identiques ne le sont pas sous tous les éclairages.

Axes de travail pour résoudre cette contrainte qu’est le métamérisme

Pour travailler efficacement sur le sujet du métamérisme dans nos métiers de la conception lumière, voici quelques techniques et considérations importantes à prendre en compte.

Connaître les températures de couleur

Comprenez la température de couleur (mesurée en Kelvin) des différentes sources lumineuses que vous utilisez. Les sources de lumière ont des températures de couleur différentes, par exemple, la lumière du jour a une température de couleur plus élevée que la lumière tungstène.

Tableau de synthèse des températures de couleur en lumière du jour et éclairage artificiel © Light ZOOM Lumière

Utiliser des sources lumineuses cohérentes

Essayez d’utiliser des sources lumineuses avec des températures de couleur similaires. Cela garantira une reproduction des couleurs plus précise dans la mise en lumière de vos objets à sublimer.

Étalonner les lumières

Si vous êtes confronté à différentes sources lumineuses, trouvez des moyens de les équilibrer pour obtenir une apparence cohérente. Il faut commencer par ajuster la température de couleur d’une source lumineuse pour qu’elle corresponde aux autres.

Exemple d’outil pour réaliser ce travail : utilisez des filtres correcteurs de couleurs CTO ou CTB, respectivement orangés et bleutés. Chez Lee Filters, vous disposez d’une application online pour faire ce travail : Colour Temperature Calculator.

Mesurer la couleur et calibrer les caméras

Dans le cas d’une captation vidéo, utilisez de préférence des outils de mesure de couleur de type spectromètre. Exemple : Sekonic C-800. Il est important de penser à calibrer votre appareil photo ou caméra pour qu’il puisse capturer les couleurs de manière précise dans différentes conditions d’éclairage.

Dans le cas d’une captation multiaxes, pensez à utiliser le même profil sur chaque caméra ou appareil photo.

Éclairer de manière directionnelle et contrôlée

Utilisez un éclairage directionnel et contrôlé pour minimiser les reflets et les variations de couleur sur les surfaces, ce qui peut réduire l’impact du métamérisme.

Utiliser des consoles lumière nouvelle génération

Il existe des consoles lumière capable de vous proposer différents profils métamériques pour une même couleur. Exemple : Eos système de chez ETC.

Retoucher les couleurs en postproduction

En postproduction, utilisez des logiciels de retouche d’image pour ajuster les couleurs si nécessaire. Cela peut permettre de corriger les variations dues au métamérisme.

Se former et sensibiliser

Formez-vous sur les principes de la couleur, du métamérisme et des sources lumineuses. Plus vous comprendrez ces concepts, mieux vous serez capable de les gérer dans votre travail.

Parlez du métamérisme à vos clients

En photographie, en éclairage et en direction de la photographie, le métamérisme est un aspect essentiel à comprendre. En acceptant ses mécanismes et en utilisant des techniques telles que l’étalonnage des lumières, l’utilisation de sources lumineuses cohérentes et la retouche des couleurs, vous pouvez minimiser ses effets et obtenir des résultats plus précis et cohérents dans votre travail. Il est crucial de pouvoir expliquer ce phénomène à vos clients, pour qui le métamérisme est souvent peu familier, car il peut avoir des répercussions techniques et financières significatives. Ces explications préviennent toute confusion et vous permettent de mieux les orienter dans leurs choix.

Métamérisme moléculaire

Le terme « métamérisme » est aussi utilisé dans différents contextes, notamment en chimie moléculaire, où l’on parle de « métamérisme moléculaire ». Ces différents types de métamérisme illustrent comment un même terme peut être utilisé dans des domaines variés afin de décrire des phénomènes similaires de variation ou de transformation.

Approfondir le sujet

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Image en tête de l’article : Métamérisme de couleurs de surface, éclairage de type 1 et 2, reproduction précise des couleurs différentes © Alexandre Junca, AJ lightdesign