Nuit Blanche 2013, Paris : Crouzel, Hopare et Diaz
Olivier Crouzel | Monstre
Square Georges Cain, rue Payenne, quartier du Marais, Paris
Au cœur du Marais, au travers des grilles du square Georges Cain, nous pouvions voir depuis la rue la Nature, peut être la nature humaine projetée, critiquée ?
Cette superbe et étrange installation monumentale nous posait question sur le statut du « monstre » dans notre société, notre culture et notre imaginaire, mais aussi dans notre comportement d’humain. Mais ici qui sont les monstres ?
Sommes-nous des monstres :
- face à la Nature pure et « naïve » ?
- face aux peuples dits « primitifs » (quelle prétention de la part de notre société !) ?
- mais aussi finalement face à nos pauvres dans nos rues ?
Enfin une œuvre chargée de sens profond ! Et cela fait du bien dans ce milieu de l’art contemporain parisien où souvent, malheureusement, le sens n’a plus de sens et où la magie de la beauté est oubliée.
L’artiste bordelais Olivier Crouzel projetait sur les éléments naturels du jardin ses vidéos en boucles d’apparitions d’hommes sauvages, “monstres » humains se nourrissant de feuilles ou apeurés par notre présence.
Des couples étranges de mains fantômes étaient visibles, caressant, cajolant doucement et sensuellement (selon le public féminin) de grands feuillages, les troncs de certains arbres, ou défrichant avec dévotion une vieille pierre sur une pierre antique, comme à la recherche d’une autre matière minérale visuelle sur la matière minérale réelle, d’une autre histoire sur l’Histoire, superbe mise en abîme intellectuelle et visuelle.
Les séquences en boucle étaient volontairement traitées à la manière de films anciens dans un style low-tech refusant la haute définition pourtant facile et définissant clairement aux travaux présentés un statut d’images et non de simulations de réalité. L’esthétique pourtant simple était magnifiée, j’avouerais, dans ce monde artistique de concepts, que ce travail était tout simplement Beau.
Ces vidéo-projections jouaient sur les perceptions des lieux par une mise en scène visuelle sur plusieurs plans et à des échelles différentes dans la végétation et les contreforts du square. Ainsi, les premiers plans présentaient des vidéos projetées sur les feuilles d’un bananier ou sur la surface d’une roche antique. Puis une série de troncs dispersés ou de masses de feuillages, caressés par des mains, amenaient le regard au fond de l’espace, un fond de scène constitué des façades anciennes du Musée Carnavalet qui accueillaient deux grandes projections d’hommes sauvages.
J’ai eu la chance de rencontrer et de pouvoir parler longuement avec l’artiste présent durant la Nuit Blanche.
La découverte de sa démarche et les explications sur son travail m’ont amené la certitude d’une œuvre passée et future chargée de sens et d’une grande sensibilité et esthétique.
Olivier Crouzel est indéniablement un artiste à suivre absolument !
[line] petit encart critique sur nuit blanche
J’écrivais précédemment avoir eu la chance de parler longuement avec l’artiste, il me semble primordial et logique lors de ce grand moment culturel parisien qu’un dialogue et des échanges se créent entre artistes et publics, ils sont malheureusement trop rares lors de cette nuit.
Mais le concept de Nuit Blanche n’est-il pas l’accès de l’art contemporain au plus grand nombre ? Alors pourquoi ne pas développer plus la communication des artistes ou la médiation avec le public ? Sans cela nous ne provoquons dans le public qu’incompréhension et frustration. Il est là le raté de NUIT BLANCHE ! [line]
Hopare & Cristobal Diaz
Mur du Pavillon Carré de Baudouin, rue de Ménilmontant, 20ème arrondissement
Les deux artistes présentaient une intéressante association d’un graffiti monumental peint et de lignes électroluminescentes animées et intégrées à la composition. Un partenariat original avec l’association Art Azoï et la Mairie du 20ème arrondissement de Paris.
Implantée sur un grand mur extérieur du Carré de Baudouin, cette installation éphémère de Street Art lumineux inédit à ce jour, mettait en œuvre un jeu de contrastes et de lignes graphiques. Elles se complétaient dans une double échelle humaine de perception :
- sur le trottoir au pied de l’œuvre,
- avec recul depuis l’autre trottoir.
L’ensemble du mur était éclairé ou éteint aléatoirement et en live par un régisseur lumière depuis la façade opposée.
Une association inédite et un travail innovant que l’on souhaiterait vraiment voir évoluer et se développer ! A bon entendeur…
Approfondir le sujet
Monstre
- Artiste : Olivier Crouzel
- Lieu : Square Georges Cain, quartier du Marais
- Partenariat : Communauté Urbaine de Bordeaux, Été métropolitain et Dessine-moi un son (DMS)
Hopare & Cristobal Diaz
- Artistes : Hopare, Cristobal Diaz
- Lieu : mur extérieur du Pavillon Carré de Beaudouin
- Partenariat : Mairie du 20e, Paris
- Commissariat : Elise Herszkowicz, Art Azoï
- Fournisseur : Nanolight
Lieu
- Mur du Pavillon Carré de Baudouin
- Paris, France
Merci pour cet article Jean-Baptiste. Je pense aussi que la rencontre entre un artiste et son public est un moment d’échange nécessaire à la compréhension d’une démarche, aussi bien pour l’un que pour l’autre.
De rien Olivier. Au plaisir de voir ton travail de nouveau en IDF ! 😉