Polynésie française, nuances à l’horizon de la vague de Teahupo’o
Le coq s’égosille pour réveiller les 118 îles des 5 archipels de la Polynésie française. Cette espèce coloniale perturbe alors la sérénité de terres australes dont la luxuriance reste indomptable. On s’évertue pourtant à faire de cette nature une carte postale à notre image.
Les récoltants de vanille (importée par les Européens) n’ont que quelques heures à la rosée pour féconder les fleurs. Tandis que d’autres forcent des huîtres à produire toujours plus. Car sous leur coquille rugueuse se dévoile une nacre tant convoitée. En émanent alors des reflets iridescents. Cette clarté rappelle les bancs de sable formant une myriade d’écrins au milieu de cet océan.
Lumière équatoriale de la Polynésie française
Au sud, le soleil court au nord. De quoi déboussoler tout popa’a venu défier les lois de l’éclairage naturel dans ses édifices. Après avoir vu des églises remplacer les temples indigènes, on visite le Te Fare Iamanaha. Suite à l’amnésie générale, ce musée accueille des trésors enfin restitués que l’on protège des rayons zénithaux.
Ces derniers sont pourtant les garants de la vie sur cette partie du globe. Ils maintiennent la biodiversité aquatique tout en participant au processus de formation des précieux atolls. Mais avant de disparaître, les îles retiendront pour quelque temps les nuages égarés dans l’immensité du Te Moana-nui.
Choc du bleu de la vague de Teahupo’o
Mais l’expérience lumineuse n’est pas complète sans tremper dans cet or bleu dont les bienfaits sont si nombreux. Au commencement, les reflets de cette eau venaient teinter les peaux des navigateurs. Puis, après son installation, l’individu s’est mis à plonger. D’abord pour se nourrir des espèces chamarrées qui se lovent dans les coraux éclatants, ensuite pour dompter la vague de Teahupo’o.
Ou bien pour nager avec les géants des mers aujourd’hui protégés. Baleines, orques, requins, raies, dauphins et tortues tourbillonnent alors dans ce bleu vertigineux.
Entre astres et abysses
Avant de refermer ce carnet, restez pour découvrir des mythes de la Polynésie. Si l’on a voulu les faire sombrer, ils veillent encore sur cette mer de la Lune. Sous le souffle animiste du Mana, le banian se place à l’ouest des sites rituels. Il capte ainsi le soleil et fait le lien entre les âmes légères s’élevant au ciel et celles qui redescendent en étoiles filantes. Les racines deviennent ensuite des frondaisons pour former un arbre majestueux protégeant, dans l’ombre, les ancêtres réincarnés.
Et puis, il y a la noix de bancoul. Celle qui éclaire en se consumant aux entrées des habitations. Celle dont les cendres permettent de réaliser des tatouages légendaires. Celle que l’on utilise toujours aujourd’hui pour soigner les maux. Celle que l’on nomme ama et qui signifie « lumière » !