Richard Rogers 1933-2021 : hommage à l’architecte high-tech
Richard Rogers, pour tout bon architecte, c’est d’abord l’usine Fleetguard. Inaugurée en 1981 à Quimper, son architecture est révolutionnaire. Une structure rouge autotendue, monumentale et apparente. Elle porte le bâtiment industriel et réduit son volume. Souvenirs des cours de conception du projet en architecture d’Olivier Tric à l’Ensa Nantes.
Sur un parti architectural similaire, en 1988, Richard Rogers conçoit le nouvel Usine Center de Saint-Herblain, à côté de Nantes. Atlantis est une zone d’activités en devenir. Ici, la structure extérieure autotendue est peinte en vert. Le bâtiment s’affirme en bleu marine. À deux pas, Jean Nouvel réalisera le cube ONYX. Une salle de spectacle polyvalente. Tout de noir vêtu avec des caillebotis métalliques en façade.
Hommage à Richard Rogers, architecte
Richard Rogers est décédé paisiblement à Londres samedi 18 décembre 2021. Par cet article en forme de photo-reportage, parcourez ses architectures high-tech sur plus de 40 ans. Tel est mon hommage à l’architecte, à sa créativité et son talent.
Centre Pompidou, Renzo Piano et Richard Rogers, Paris – 1977
1969, nouveau président de la République en France. Georges Pompidou est élu à la tête de l’État français. Alors est prise la décision de créer un centre d’art contemporain sur le plateau Beaubourg. À l’époque, c’était un terrain vague en plein cœur de Paris. Mais, sa position centrale est idéale. En effet, il est à équidistance de la place des Vosges et du musée du Louvre. Côté programme, il s’agit de regrouper des activités séparées : les arts plastiques, la lecture, le design et la musique. De plus, en décloisonnant les disciplines dans un même lieu accessible à tous.
En 1970, le concours international d’architecture est organisé. Il est remporté par le tandem d’architectes Renzo Piano (Italie) et Richard Rogers (Angleterre). Parodiant la technologie dans une symphonie de tubes de métal et de verre, la couleur orchestre les circuits d’air, d’eau, d’aération et d’électricité. L’ensemble désacralise l’établissement culturel et incite à la curiosité.
Le Centre Pompidou est inauguré en janvier 1977 par le Président Valéry Giscard d’Estaing. Quatre départements sont réunis à l’intérieur et dans un bâtiment tout proche :
- le Musée national d’art Moderne – MNAM,
- le Centre de création industrielle – CCI,
- la Bibliothèque publique d’information – BPI,
- l’Institut de recherche et de coordination acoustique-musique – IRCAM.
La structure porteuse peinte en blanc est composée de colonnes et de poutres en acier de 48 m de portée. Elle dégage de grands plateaux modulables pour les expositions, le musée et la bibliothèque.
Mise en lumière du Centre Pompidou – 1997
20 ans plus tard, Renzo Piano qui souhaitait mettre en lumière le bâtiment, va pouvoir réaliser son rêve. Courant 1996, Jean-Jacques Aillagon, alors président du Centre Pompidou, fait appel à l’éclairagiste Jacques Rouveyrollis assisté de Citélum pour la maîtrise d’œuvre technique.
« Faire voir, la nuit, ce que l’on ne pouvait pas voir le jour. »
Jacques Rouveyrollis, éclairagiste
Ainsi, l’éclairagiste proposait d’utiliser de la lumière noire et une peinture fluorescente spéciale pour recouvrir la structure du bâtiment. En septembre 1996, les essais in-situ révélaient certaines difficultés techniques et conduisaient au choix d’une lumière blanche. Puis, en octobre 1996, les études et les plans du projet final sont établis avec l’aide du concepteur lumière Roland Jéol illuminant les deux façades principales du Centre.
« La difficulté consistait à mettre en valeur le premier plan des ossatures sans voir les structures internes ».
Roland Jéol, concepteur lumière
Côté Piazza, l’objectif est de donner à lire, d’un coup d’œil :
- les lignes horizontales des poutres métalliques,
- la forme caractéristique de la chenille.
Les projecteurs sont implantés de manière discrète en console aux coursives de la façade. À l’intérieur de la chenille, la lumière est rasante des arcs métalliques peints en blanc.
Pour Nuit Blanche 2021 à Paris, le Centre Georges-Pompidou était ouvert jusqu’à 1 h du matin. Il accueillait l’œuvre au néon rouge de Tim Etchells : Qu’y a-t-il entre nous ? Le « s » de nous était en panne. L’illumination de la structure non allumée.
Tribunal de grande instance, Bordeaux – 1997
Moins connu en France, Richard Rogers est aussi l’architecte du hall 3-4 de l’aéroport de Marseille-Provence, à Marignane comme de la Cour européenne des droits de l’homme à Strasbourg. Les deux architectures ont été inaugurées en 1992.
Un des projets le plus étonnant est l’extension de l’École nationale de la magistrature à Bordeaux.
Il s’agit du Tribunal de grande instance, jamais inauguré d’après Sud-Ouest.
Les salles d’audiences en forme de jarres inversées, habillées de bois, attirent l’œil du quidam.
Terminal 4, aéroport de Barajas, Madrid, Espagne – 2005
Avec les architectes madrilènes Lamella, Richard Rogers a conçu le Terminal 4 de l’aéroport de Barajas à Madrid en Espagne. Une superbe vague de bois qui vit au rythme de la lumière du jour.
Terminal T1 de l’aéroport de Lyon-Saint-Exupéry – 2017
Retour à l’architecture avec une structure, sobre, élancée et fine de Richard Rogers. Le Terminal T1 de l’aéroport de Lyon-Saint-Exupéry est une construction réalisée avec l’agence lyonnaise Chabanne. Un projet lauréat des Trophées Eiffel 2020 dans la catégorie « Voyager ».
Centre de conservation du Louvre, à Liévin (Lens) – 2019
Lieu de conservation des œuvres du musée du Louvre, à l’ouest de Lens.
Pavillon galerie du château La Coste – 2021
Comme en lévitation sur le côteau, le Pavillon galerie du château La Coste est à visiter à Puy-Sainte-Réparade. Situé au nord d’Aix-en-Provence, c’est le dernier projet spectaculaire de Richard Rogers !
Approfondir le sujet
- Pyramide du Louvre de Ieoh Ming Pei : hommage à l’architecte
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- 20 lumières architecturales réussies en France
Photo en tête de l’article : Centre Pompidou, Musée d’art moderne, quartier Beaubourg, Paris, France – Architectes : Renzo Piano et Richard Rogers © Vincent Laganier
Livres
Éclairage et lumière du IIIe millénaire, 2000-2050, un livre collector
Le phénomène éclairage a vécu une mutation. Ville, architecture, conception lumière, pollution lumineuse... Qu'en sera-t-il demain ? |
Vivre la sobriété en éclairage, traduit par Maxime Brunois
Qu’est-ce que la lumière vivante ? En architecture et habitat, Gerard Auer en donne une explication dans Vivre la sobriété en éclairage. |
Lumières architecturales en France, de Vincent Laganier
Les réalisations lumière les plus significatives en architecture de 1985 à 2000 en France ? Lumières architecturales en France, Vincent Laganier |
Lieu
- Centre Pompidou
- Paris, France