Voyage au Vietnam, regard diurne / nocturne
Hanoi, capitale du Vietnam et mégalopole de 7,6 millions d’habitants, située au Nord du pays sur les rives du delta du fleuve Rouge, bénéficie d’un climat subtropical humide.
Ce climat génère très tôt le matin une brume cotonneuse, faite d’humidité et de pollution, habitée de milliers de scooters et de mobylettes qui circulent dans les rues encore parcimonieusement éclairées par la lumière orange des lampes au sodium haute pression.
C’est certainement l’une des rares villes au Monde où il y a plus de deux roues motorisés dans les rues que d’automobiles. Et tous les conducteurs ont le visage recouvert de masques et de capuches sophistiqués, censés les protéger contre les particules fines, nouveau fléau des temps modernes.
Cette pollution de l’air, omniprésente aujourd’hui dans les très grandes villes asiatiques, transforme les visages des usagers de l’espace public et engendre une population urbaine masquée, de sexe indifférencié.
Traverser une rue ou une avenue à Hanoi est, pour un étranger, un exercice d’équilibriste afin de se faufiler sans accroches entre les deux-roues qui en aucun cas ne s’arrêteront. Mais paradoxalement, tout cela se fait dans une fluidité et une bienveillance étonnantes.
A la tombée de la nuit, dans cette région très chaude en toutes saisons, les piétons sortent pour profiter de la fraicheur. Les bords du lac Hoan Kiem, situé en centre-ville, près de l’ancien quartier français, deviennent très animés avec des passants de tous âges qui se retrouvent, s’assoient, déambulent ou grignotent.
Les diverses activités nocturnes informelles génèrent des ambiances lumineuses de proximité étonnantes : les vendeurs à la sauvette apportent leurs petits éclairages, des distributeurs de boissons lumineux disposés dans l’espace public s’imposent visuellement et, comme partout aujourd’hui dans le monde, les micro-halos des smartphones éclairent les visages des habitants et égayent le paysage nocturne.
Le caractère hétéroclite des éclairages publics et des candélabres, les appareils éblouissants, les très forts contrastes au sol dus aux arbres de très grande taille qui interpellent le regard d’un concepteur lumière en reconnaissance, ne semblent pas du tout incommoder les promeneurs nocturnes.
Comme dans un nombre croissant de villes, les LEDs blanches ou de couleurs ont fait leur apparition en centre-ville pour éclairer des arbres, illuminer un pont, souligner la façade d’un temple. Aucune stratégie lumière ne vient créer un début de composition nocturne, d’où une sensation de grand bazar lumineux.
Les hôtels, les bars, les restaurants, les petits commerces rivalisent d’ingéniosité pour déployer des lumières colorées et brillantes qui attireront les chalands. La publicité lumineuse est par contre peu présente et les écrans LEDs de grande dimension si visibles en Chine ne sont pas encore arrivés au Vietnam.
L’éclairage public reste comme partout très largement dominé par la lumière orangée des lampes au sodium, comme on peut le constater dès qu’on effectue un vol nocturne au-dessus de ces villes.
Un bref séjour dans le centre du Vietnam pour découvrir la vieille ville de Hôi An, un des quatre sites vietnamiens classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, situé sur la rivière Thu Bon à 30 km au sud de Da Nang, permet de retrouver une chaleur tropicale étouffante qui transcende les couleurs et les atmosphères.
La lumière éclatante du soleil illumine le jaune d’or des murs peints de cette ancienne ville portuaire dont l’activité a progressivement décliné suite à l’ensablement de la rivière. Elle s’arrête aux portes des vieilles maisons en bois, filtrée par toute une gamme sophistiquée de persiennes et de petites ouvertures astucieusement travaillées.
Les éclairages artificiels dans les musées, les maisons ou les petits restaurants, sont par contraste d’une banalité déconcertante et ce sont les tubes fluorescents de tonalité froide, nus et sans réflecteurs, qui dominent.
Approfondir le sujet
Lieu
- Hanoï, Vietnam
Livres
Lumière et ambiances, de Roger Narboni, Le Moniteur
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