Communiqué

Pour une standardisation des technologies UV-C dans les bâtiments

Pourquoi une standardisation des technologies UV-C dans les bâtiments ? Point de vue de Marion Ebel et Sophia Ehmke de LightingEurope.
21 avril 2022

Récemment placée au cœur de l’actualité en raison de son efficacité contre la Covid-19, la désinfection par UV-C est pourtant une technologie qui ne date pas d’hier. Son utilité va bien au-delà de la lutte contre les pandémies. Explications de Marion Ebel, Senior Policy Manager et Sophia Ehmke, Policy Officer, de LightingEurope. Pour une standardisation des technologies UV-C dans la rénovation et la conception de bâtiments.

Lumière UV-C et la soleil

La lumière UV-C est une technologie éprouvée, couramment utilisée pour la désinfection de l’eau, de l’air et des surfaces. Des études montrent également que cette technologie désactive, sans exception, tous les virus et bactéries contre lesquels elle a été testée, de la tuberculose à la grippe en passant par le rhume ordinaire et le SRAS.

Si les rayonnements UV-C sont si efficaces, c’est parce qu’ils utilisent une source d’énergie haute fréquence invisible à l’œil nu : la lumière ultraviolette (dite « UV »). Sur le spectre électromagnétique, les ondes UV se situent entre la lumière visible et les rayons X. Leur fréquence permet aux UV-C de détruire l’ADN et l’ARN des agents pathogènes et d’empêcher ainsi leur réplication.

Ultraviolet – Décomposition du spectre en UVA, UVB et UVC © Light ZOOM Lumière

Les rayonnements UV-C émis naturellement par le soleil n’atteignent pas la surface de la Terre. Depuis plus d’un siècle, les scientifiques les produisent à partir de sources artificielles pour leurs propriétés germicides. Si la lumière UV-C était déjà utilisée en 1918 pendant l’épidémie de grippe espagnole, il a fallu attendre les années 1930 pour que cette technologie se démocratise sur le marché, notamment pour lutter contre la tuberculose et la rougeole.

Rayons UV-C et virus

Aujourd’hui, les rayons UV-C font de nouveau l’actualité dans le cadre de la lutte contre la Covid-19.

Virus © Google Meet Background

Dans la mesure où le Sars-CoV-2, virus responsable de la Covid-19, est principalement transmis par aérosols, l’aération des espaces intérieurs est l’une des principales armes pour lutter contre sa propagation. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande d’augmenter la ventilation des pièces pour améliorer la qualité de l’air.

Taux de renouvellement de l’air par heure et UV-C

Si la lumière UV-C a longtemps été utilisée pour la désinfection des surfaces, elle joue également un rôle important comme équivalent de ventilation des pièces, mesuré par le « taux équivalent de renouvellement de l’air par heure (eqACH). Celui-ci a pour objectif d’obtenir le même résultat que la ventilation (naturelle ou par système CVC), avec une réduction équivalente de la charge virale et de la pollution de l’air intérieur, grâce à des technologies alternatives comme des luminaires. De façon plus spécifique, on estime que le renouvellement de l’air équivalent a lieu lorsqu’une technologie alternative (comme la technologie UV-C) désactive 63 % des pathogènes viraux actifs d’une pièce.

Pour illustrer cette technologie, imaginons par exemple un bureau standard. Les luminaires UV-C (lampes à décharge, émetteurs LED, lampes à excimère, etc.) sont installés aux murs et au plafond, et diffusent un faisceau invisible de lumière UV-C juste au-dessus de la tête des occupants de la pièce. En circulant par convection naturelle, l’air est désinfecté chaque fois qu’il passe au travers du faisceau d’UV-C.

Bureaux dans le bâtiment avec luminaires UV-C au plafond pour désinfection air © Signify

Si le plafond est trop bas ou la pièce trop petite pour ce type d’installation, il est possible d’utiliser des appareils UV-C fermés : par exemple, des ventilateurs dirigent l’air vers les luminaires (souvent intégrés dans les panneaux du plafond) qui le désinfectent à l’aide de leurs lampes UV-C avant de le renvoyer dans la pièce. Les lampes UV-C peuvent même être installées directement à l’intérieur des systèmes CVC et assainir l’air lors de son passage dans les conduits.

Non seulement ces solutions de désinfection par UV-C réduisent considérablement les risques de contamination, mais dans certains cas, elles sont mêmes plus efficaces que les systèmes de ventilation mécanique. Les bâtiments qui en sont équipés peuvent donc augmenter leur taux d’occupation et réduire les interruptions causées par les protocoles de désinfection. En outre, la technologie UV-C présente un avantage en matière de la durabilité par rapport à la ventilation mécanique : des études montrent que les applications UV-C peuvent en effet réduire de moitié la consommation énergétique des systèmes CVC.

 

Normaliser la désinfection par UVC

La lumière UV-C est une façon simple, efficace et durable de veiller à la santé et la sécurité des occupants. Lighting Europe estime qu’elle ne doit pas être considérée comme une solution d’appoint limitée au contexte de la pandémie, mais comme un élément incontournable de la conception et de la rénovation des bâtiments. En effet, l’air intérieur ne contient pas uniquement des agents pathogènes, mais également de nombreux polluants : on estime par exemple que le niveau de pollution en intérieur peut être jusqu’à cinq fois supérieur à la pollution en extérieur. Des chiffres d’autant plus inquiétants que nous passons jusqu’à 90 % de notre temps dans ces endroits clos…

Au niveau européen, la Commission européenne s’engage activement pour trouver des solutions stratégiques à ce problème et améliorer la qualité de l’air intérieur. LightingEurope salue ces initiatives, mais tient également à souligner la nécessité d’optimiser les stratégies existantes.

Prenons par exemple la « stratégie pour une vague de rénovations » de l’Union européenne (EU Renovation Wave Initiative), qui vise à atteindre les objectifs environnementaux de 2030 et de 2050 en doublant le taux des rénovations de bâtiments : cette initiative est l’occasion de repenser l’efficacité énergétique des bâtiments, mais aussi de créer des environnements plus sains et plus sûrs pour leurs occupants.

Performance énergétique des bâtiments

Directive sur la performance énergétique des bâtiments – EPBD – 2002-91-CE © Union européenne

Au mois de décembre dernier, dans le cadre de cette l’initiative, la Commission européenne a présenté son projet de révision de la directive sur la performance énergétique des bâtiments. Selon LightingEurope, cette nouvelle version doit impérativement reconnaître les technologies de désinfection, en particulier pour les dispositions concernant la qualité de l’air intérieur. Au niveau national, régional ou local, les projets de rénovation doivent être considérés comme un poste budgétaire prioritaire, et chaque euro investi doit contribuer à améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments, leur conception intelligente et la qualité de leur air intérieur.

Environnements intérieurs plus sûrs

De même, le Cadre stratégique de l’Union européenne en matière de santé et de sécurité au travail pour la période 2021-2027 est consacré à la prévention des maladies professionnelles et à la préparation des futures crises sanitaires : des thèmes intrinsèquement liés aux technologies de désinfection.

Pour Marion Ebel et Sophia Ehmke, « outre ses efforts stratégiques, LightingEurope collabore avec d’autres organisations pour promouvoir la création d’environnements intérieurs plus sûrs. En tant que membre de la Global Lighting Association (GLA), nous sommes en première ligne pour élaborer des lignes directrices de sécurité, dont certaines ont été reconnues par la CEI dans le cadre de la norme CEI PAS 63313:2021 et peuvent servir de références pour de futures réglementations.

En collaboration avec des associations de CVC, LightingEurope cherche également à améliorer la qualité des environnements intérieurs en associant la désinfection par UV-C à la ventilation mécanique, pour créer des espaces intérieurs sûrs et exempts de pathogènes ».

 

Agir face à l’urgence en Europe

La pandémie de Covid-19 a clairement mis en évidence les nombreux avantages des technologies de désinfection par UV-C. Elle a également instillé un sentiment d’urgence inédit, montrant l’importance d’une intégration rapide de ces technologies dans les réglementations du bâtiment.

Nous savons que la lumière UV-C inactive toutes les bactéries et virus contre lesquels elle a été testée, sans exception. A l’avenir, elle devrait donc jouer un rôle central dans l’appréhension d’autres enjeux sanitaires. La résistance aux antimicrobiens, par exemple, cause aujourd’hui près de 33 000 décès par an au sein de l’Union européenne.

Pour tirer parti de cette tendance, LightingEurope a fondé un sous-groupe UV-C qui vise à promouvoir des solutions sûres et haut de gamme de désinfection par UV-C.

Syndicat de l’éclairage en France

En France, le Syndicat de l’éclairage est très concerné par la gestion de la pandémie liée au Covid-19. Il a lancé en 2020 un groupe de travail dédié à la diffusion des technologies de désinfection UV-C. Ce groupe est notamment à l’origine de la publication d’un guide pédagogique sur les UVC, co-signé par l’Association Française de l’éclairage et le Syndicat de l’éclairage.

Au niveau européen, le Syndicat de l’éclairage est également très impliqué dans le sous-groupe UV-C de LightingEurope, dont il est membre. Encore trop méconnues, ces solutions et leur bénéfice pour la population générale sont rappelées dans cet article proposé par l’association.

 

Approfondir le sujet

Photo en tête de l’article : façade immeuble de bureau de nuit © Grand Warszawski, Adobestock

Équipe du projet

Maîtrise d'ouvrage LightingEurope Marion Ebel Sophia Ehmke

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Fondateur de l'agence de relations publiques LZL Services depuis 2023. Son thème : la lumière et l’éclairage. Rédacteur en chef et éditeur du portail français n°1 Light ZOOM Lumière depuis 2012. Architecte diplômé de l’École nationale supérieure d’architecture de Nantes. Éclairagiste urbain de 1997 à 2013 en Europe. Auteur de huit ouvrages de référence sur la ville, le bâtiment et le millénaire. Enseignant sur l'histoire de la conception lumière à l’ENSA Nantes et à l'éclairage dans l'art contemporain à l’ENSATT Lyon.
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