Dan Flavin. Dédicaces en lumière
L’exposition « Dan Flavin. Dédicaces en lumière » a lieu au nouveau bâtiment du Musée d’art de Bâle, le Kunstmuseum Basel | Neubau. Elle célèbre l’artiste américain Dan Flavin (1933–1996), maître de l’art minimal connu pour ses œuvres en tubes fluorescents. Avec 58 pièces, dont certaines inédites en Suisse, l’exposition offre un voyage émouvant à travers l’univers unique de Flavin. Cette rétrospective, la première d’une telle ampleur depuis douze ans en Suisse, met en avant des œuvres dédiées à des personnes ou événements marquants.
Dan Flavin a révolutionné l’art en utilisant la lumière pour transformer l’espace. Ses tubes fluorescents, évoquant le quotidien industriel, défient les conventions de l’art et restent d’une radicalité saisissante. L’artiste a su captiver son public dès ses premières expositions à New York, impressionnant par la pureté et la brillance immédiate de ses « images gazeuses ».
- Dan Flavin, l'artiste de la lumière qui défie l'interprétation
- Dédicaces de Dan Flavin
- Prestigieux prêts d’œuvres et séries majeures
- Dan Flavin, parcours du plasticien lumière
- Se loger pendant l'exposition : Dan Flavin. Dédicaces en lumière
- Musées d'art de Bâle et Dan Flavin
- Catalogue de l’exposition
- Infos pratiques
- Approfondir le sujet
- Commentaires
L’artiste, qui a toujours refusé que ses créations soient catégorisées comme sculptures ou peintures, les considère plutôt comme des « situations », insistant sur leur objectivité. Dans ses écrits, il déclare :
« La lumière électrique n’est qu’un instrument parmi d’autres. Je n’ai aucun désir d’inventer des fantasmes médiumniques ou sociologiques à ce sujet ou au-delà. (…) Je fais tout ce que je peux chaque fois que je peux avec tout ce que j’ai, où que je sois. »
Dan Flavin
Dan Flavin, souvent associé à des artistes comme Carl André, Donald Judd, Sol LeWitt et Robert Morris, a marqué l’art minimal par son utilisation stricte d’objets industriels et la sérialité de ses œuvres, bien que ces artistes aient eux-mêmes des rapports ambigus avec cette étiquette.
Dan Flavin, l’artiste de la lumière qui défie l’interprétation
Dans le paysage artistique du XXe siècle, Dan Flavin se distingue par son approche minimaliste et son usage innovant de la lumière fluorescente. Bien qu’il réfute toute profondeur psychique ou spirituelle dans son art, préférant une réception spontanée, ses œuvres éveillent chez les critiques et le public des échos métaphysiques et christiques, des références aux espaces sacrés et aux lumières votives. Flavin, avec une pointe d’ironie, résume sa vision : « C’est ce que c’est et ce n’est rien d’autre ».
Toutefois, l’émotion transparaît dans la pratique de Flavin de dédier ses créations à des personnalités ou des événements significatifs, souvent avec un sentiment palpable. Ses installations lumineuses, depuis 1963, rendent hommage à ses pairs comme Jasper Johns et Donald Judd, et s’inspirent de figures de l’art moderne telles que Matisse et Tatlin. Ces dédicaces insufflent une âme aux matériaux industriels, ancrant ses œuvres abstraites dans un contexte plus large.
Dédicaces de Dan Flavin
Les titres jouent un rôle clé, notamment quand Flavin aborde des sujets politiques. Ses pièces anti-guerre prennent une dimension particulière à l’époque de la guerre du Vietnam, comme en témoigne son œuvre exposée au Jewish Museum de New York en 1966. Ces travaux, chargés d’histoire, révèlent une position engagée et profondément humaine.
L’exposition au Kunstmuseum Basel met en lumière cette facette émotionnelle, présentant des œuvres dédiées à des figures clés de sa vie, telles que Heiner Friedrich, fondateur de la Dia Art Foundation. Une œuvre de Flavin, la « barrière » lumineuse, est conçue pour limiter l’accès du public à une partie de la salle d’exposition.
La dimension personnelle de Flavin est également mise en avant à travers des dessins et croquis, exposés aux côtés de ses célèbres installations. Ces œuvres, souvent méconnues, révèlent un artiste s’exprimant au-delà de la lumière, explorant la nature, le portrait et la conceptualisation de ses installations.
L’exposition bâloise ne se contente pas de montrer l’artiste sous un nouveau jour ; elle plonge dans le contexte socio-historique qui a vu naître ses premières expérimentations lumineuses, soulignant l’importance de ces travaux pionniers.
Dan Flavin, en dépit de son apparente réserve émotionnelle, nous touche par la sincérité de ses hommages et la subtilité de son expression. Son œuvre, bien plus qu’un jeu de lumières, est un dialogue silencieux mais vibrant avec son époque et ses contemporains.
Prestigieux prêts d’œuvres et séries majeures
L’exposition réunit 35 installations lumineuses, 21 travaux sur papier, deux peintures des débuts de sa carrière rarement présentées, ainsi que plusieurs œuvres d’Urs Graf sélectionnées par Flavin pour l’exposition au Kunstmuseum Basel en 1975.
Certaines des œuvres présentées proviennent de prestigieuses collections publiques et privées et d’institutions parmi lesquelles le Guggenheim Abu Dhabi, la Pinakothek der Moderne de Munich, le Kunstforum Ostdeutsche Galerie de Ratisbonne, le Museum of Modern Art de New York et la Panza Collection de Mendrisio.
Grâce à l’étroite coopération avec la succession et le studio de l’artiste, la série untitled (for John Heartfield) sera visible dans son intégralité pour la première fois en Europe. Plusieurs des œuvres n’ont plus été exposées en public depuis des décennies.
Dan Flavin, parcours du plasticien lumière
Dan Flavin est né en 1933 et a grandi dans le Queens, à New York. Ses parents l’éduquent dans la tradition catholique irlandaise en espérant qu’il deviendra prêtre. À vingt ans, il suit une formation de météorologue durant son service militaire et passe les années 1954-1955 comme soldat en Corée du Sud.
En 1956, il revient à New York. Il s’essaie à différents parcours d’études, dont l’histoire de l’art à la Columbia University. Pendant trois ans, il gagne sa vie comme employé au service postal du Guggenheim Museum et comme surveillant au Museum of Modern Art et à l’American Museum of Natural History.
Autodidacte, Flavin dessine beaucoup et copie entre autres les maîtres anciens. Les peintures à l’huile, assemblages et constructions de ses débuts sont influencés par les peintres de l’expressionnisme abstrait et par le Néo-Dada d’un Jean Tinguely, Jasper Johns et Robert Rauschenberg. Son intérêt pour l’histoire de l’art russe, en particulier pour le constructivisme, donne une impulsion décisive à son travail.
À partir de 1961, Flavin travaille aux Icons, des objets en bois carrés qu’il peint avec sa compagne Sonja Severdija puis qu’ils ornent d’ampoules et de tubes fluorescents. En 1963, il réalise son premier ready-made constitué exclusivement de banals tubes fluorescents : the diagonal of personal ecstasy (the diagonal of May 25, 1963). Une nouvelle forme d’art est née.
En 1964, Dan Flavin fait ses premières grandes apparitions publiques à travers deux expositions dans des galeries new-yorkaises : la Kaymar Gallery et la Green Gallery. À partir de ce moment-là, il utilise exclusivement le tube fluorescent de forme ronde fabriqué de manière industrielle qui arrive sur le marché en 1938.
À partir du milieu des années 1960, l’intérêt de Flavin se porte sur les interactions entre les objets lumineux et l’architecture des salles d’exposition ; il travaille davantage en séries. Il conçoit des travaux qui influencent ou restreignent les mouvements du public. Avec les corner pieces, la frontière entre objet et espace s’efface visuellement. À l’aide d’amples constructions, lesdites barrier pieces, Flavin délimite des zones d’accès dans la salle d’exposition.
Dans les années 1960, le travail artistique de Dan Flavin est présenté au Museum of Contemporary Art de Chicago (1967), à la documenta de Kassel (1968), et à la National Gallery of Canada d’Ottawa (1969), pour ne citer que quelques-unes de ses expositions majeures.
Jusqu’à son décès en 1996, il s’est toujours attaché à réinventer son travail avec la lumière fluorescente et à en varier les effets.
Se loger pendant l’exposition : Dan Flavin. Dédicaces en lumière
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Musées d’art de Bâle et Dan Flavin
En 1975, une collaboration historique entre Carlo Huber de la Kunsthalle Basel et Franz Meyer du Kunstmuseum Basel a donné naissance à une rétrospective mémorable de l’artiste Dan Flavin. Les deux directeurs, touchés par la maîtrise de Flavin dans l’utilisation de la lumière, ont organisé une exposition double qui a marqué les esprits.
Carlo Huber, ému par la puissance évocatrice de l’œuvre de Flavin, a exposé « Fünf Installationen in fluoreszierendem Licht », saluant le caractère intime et imposant de celle-ci. Franz Meyer, quant à lui, a soigneusement choisi près de 277 œuvres sur papier de Flavin, y compris ses affinités artistiques avec Urs Graf, le maître suisse de la Renaissance.
L’œuvre « untitled (in memory of Urs Graf) », spécialement créée par Flavin pour la cour intérieure du Kunstmuseum Basel | Hauptbau. Depuis 1975, elle est devenue une présence indissociable de l’espace public. Ses lumières colorées insufflant une âme vibrante à la cour. Malgré cela, le chemin pour y arriver a été semé d’embûches. Jusqu’à la fin des années 1970, des débats persistants sur la pérennité de l’installation se sont poursuivis.
L’incertitude a finalement été dissipée grâce à la générosité de la Dia Art Foundation, qui a fait don de l’œuvre. Cependant, la résistance à son illumination a perduré. Elle symbolise la lente adaptation aux changements dans les perceptions et les goûts artistiques.
Aujourd’hui, le Kunstmuseum Basel rend hommage à cette histoire émotionnelle avec une exposition contemporaine. Elle inclut des documents d’archives, témoignant de la révolution culturelle qu’a représentée l’acceptation de l’art de Flavin. Un vibrant rappel que l’art, dans son essence la plus pure, est souvent en avance sur son temps, attendant patiemment que le monde l’accueille dans toute sa splendeur.
Catalogue de l’exposition
Dan Flavin, dedications in light, D, Kunstmuseum Basel, Walther König, 2024
- Auteur : Walther König
- Contributeurs : Simon Baier, Elena Degen, Jules Pelta Feldman, Arthur Fink, Josef Helfenstein, Aden Kumler, Daniel Kurjakovic, Olga Osadtschy et Mechtild Widrich
- Éditeur : Buchhandlung Walther König Allemand
- 256 pages, 150 illustrations en couleurs
- Broché
- 22 x 28cm
- Allemand
- Sortie en mai 2024
Infos pratiques
- Dan Flavin. Dédicaces en lumière
- Du 2 mars au 18 août 2024
- Kunstmuseum Basel | Neubau
Approfondir le sujet
- Lumière, matériel et immatériel dans l’art et l’architecture
- Exposition Dynamo à Paris, un siècle de lumière et de mouvement en art
- Keith Sonnier : Light Works au MAMAC de Nice
Photo en haut de l’article : untitled to my dear bitch, Airily 2 – 1984 – The Dan Flavin Estate, courtesy of David Zwirner – Photo Florian Holzherr © Stephen Flavin 2024, ProLitteris, Zurich
Équipe du projet
Lieu
- Kunstmuseum Basel | Neubau
- Bâle, Suisse
Livres
Éclairage et lumière du IIIe millénaire, 2000-2050, un livre collector
Le phénomène éclairage a vécu une mutation. Ville, architecture, conception lumière, pollution lumineuse... Qu'en sera-t-il demain ? |
Vivre la sobriété en éclairage, traduit par Maxime Brunois
Qu’est-ce que la lumière vivante ? En architecture et habitat, Gerard Auer en donne une explication dans Vivre la sobriété en éclairage. |
Lumière, dans l'art contemporain, de Céline Delavaux
Du soleil au spectacle, Céline Delavaux dresse un parcours de la lumière dans l'art contemporain. Un livre tous publics. |