Henri Guérin, peintre-verrier au site Le Corbusier à Firminy

Henri Guérin, comme Le Corbusier, s’inscrit dans cette [re]découverte de la lumière au siècle dernier. Il est à l’écoute de cette « matière première », instigatrice de la composition et de la construction de l’œuvre plastique comme architecturale. La lumière est source de l’Inspiration, franchissement du seuil où s’articulent tangible et intangible, présence et absence. Une fois captée, elle donne vie à l’espace et elle donne corps à l’œuvre.

Au XXe siècle, la lumière est au centre des préoccupations esthétiques des mouvements artistiques. Comme l’espace, elle devient le matériau de prédilection dans la construction théorique et pratique du courant moderne.

« L’architecture est le jeu savant, correct et magnifique des volumes assemblés sous la lumière ».

Le Corbusier, Vers une architecture, 1923

Le peintre-verrier, Henri Guérin, est éternellement fasciné par toutes les lumières, depuis celle de l’aube à celle du crépuscule, depuis les montagnes de la Cerdagne aux bois du Cantal. Il poursuit sa quête de création, symbole d’universalité et porteuse de la lumière intérieure de sa foi.

Depuis les simples méditations abstraites de lavis de gouache jusqu’aux grandes compositions monumentales de vitraux, des palettes colorées des tapisseries de basse lisse aux dessins monochromes de paysages et d’arbres à l’encre de Chine, les jeux d’ombres et de lumières s’animent de rythmes et de pulsations. Toute l’attention de l’artiste s’est mobilisée à la pointe de son œil, de sa main. « La lumière est l’ordonnatrice de l’architecture.

« La lumière, c’est ce qui m’intéresse le plus, au calme et en mouvement, avec ses accents d’ombre. Une feuille blanche, du verre, de la laine et bien d’autres encore pour incarner l’esprit, écrire l’indicible ».

Henri Guérin, peintre-verrier

Méthode et techniques de création

Henri Guérin est l’un des rares artistes verriers à concevoir et à réaliser seul l’intégralité de ses vitraux, depuis le dessin du projet jusqu’à la mise en oeuvre du vitrail. Il réalise des gouaches préparatoires dites « maquettes » qu’il transpose ensuite à l’échelle 1 sur un carton de coupe pour la taille et l’assemblage des pièces de verre. Son matériau d’élection est la dalle de verre, découverte en 1954 auprès de son maître, le moine bénédictin dom Ephrem Socard. Une dalle de verre teintée dans la masse mesure environ 20 x 30 cm. et a une épaisseur de 2 à 3 cm. Les pièces de verre taillées sont liées entre elles par un mortier de ciment.

L’artiste personnalise cette technique en jouant sur le travail dans l’épaisseur des dalles et la coloration des joints de ciment en fonction des compositions. Il taille en effet le verre en lumière directe, avec l’aide d’une marteline et d’un tranchet fiché dans un billot de bois. Avec le martelet, il reprend certaines pièces de verre par de vigoureux impacts sur la tranche, pour leur enlever de grands éclats de matière. Ainsi, il ôte de l’ombre à la dalle de verre et permet à la lumière de créer de grandes nuances au sein d’un même ton.

Œuvres majeures de Henri Guérin

• Toulouse, Musée des Augustins, escalier de l’aile Darcy, 1981
• Retournac, Haute-Loire, église Saint-Jean-Baptiste, 1966-2006
• Chartres, cathédrale, crypte Notre-Dame de Sous-terre, 2009

L’oeuvre d’Henri Guérin compte plus de 600 références de vitraux à travers le monde, dans des bâtiments religieux, des édifices civils ou des demeures particulières. Difficile dans ce contexte d’établir une liste d’oeuvres majeures tant elles sont nombreuses. Néanmoins, trois d’entre elles importantes dans la carrière de l’artiste peuvent être mises en exergue dans le contexte de l’exposition LUMIÈRE[S].

Exposition LUMIÈRE[S]

L’exposition met à l’honneur la diversité de l’oeuvre d’Henri Guérin. Elle se présente comme un triptyque qui se déploie autour de trois éléments constitutifs de ses créations : la Foi, le Travail en atelier et la Nature.

1. La foi : le chemin de croix

• Du 16 septembre au 12 octobre 2018
• Exposition organisée par l’Association Le Corbusier pour l’église Saint-Pierre de Firminy-Vert en partenariat avec l’Association Henri Guérin et le Site Le Corbusier
• Nef de l’église Saint-Pierre, site Le Corbusier, Firminy

Ce triptyque débute par le volet consacré à la foi. Une série de lavis de gouaches d’Henri Guérin « Le Chemin de Croix », agrandie sur bâches est présentée dans la Nef de l’église Saint-Pierre, par la Paroisse Saint-Martin en Ondaine. Les 14 lavis originaux (24 x 32 cm.) seront exposés parallèlement dans le second volet de l’exposition « Patience de la main », dans la Salle du poème.

2. Patience de la main, le travail de l’atelier

• Du 12 octobre 2018 au 3 mars 2019
• Exposition organisée par le Site Le Corbusier en partenariat avec l’Association Henri Guérin
• Église Saint-Pierre, salles basses, site Le Corbusier, Firminy

L’exposition se poursuit par une thématique consacrée au travail dans l’atelier. Ce volet met en exergue la carrière féconde de l’artiste qui n’a cessé de créer via des médiums très variés. La sélection d’oeuvres présentée dans la partie basse de l’église proposera de nombreux vitraux en éclairage naturel : de petits formats en un seul panneau comme Le Veilleur de 1979, le diptyque La Chair et L’Esprit de 2002 ou de grands formats comme Soleil de justice (2005, 2 x 2 m) permettant de suivre l’évolution plastique et technique de l’artiste au fil du temps.

3. La nature : paysage, notre berceau

• Du 13 octobre 2018 au 3 mars 2019
• Exposition organisée par la Chartreuse Sainte Croix-en-Jarez en partenariat avec l’Association Henri Guérin
• La Chartreuse, Sainte-Croix-en-Jarez

Profond admirateur de la nature, Henri Guérin y a trouvé sa source privilégiée d’inspiration et a inlassablement cherché à saisir son essence dans ses carnets de dessins.

Pour évoquer cette dimension de son travail graphique, le dernier volet de l’exposition est ainsi dédié à la nature. La Chartreuse de Sainte-Croix-en-Jarez, au cœur du Parc Naturel Régional du Pilat, est l’écrin parfait pour accueillir ce troisième temps de l’exposition. Ainsi, le site présente à partir du 13 octobre, deux séries de dessins d’Henri Guérin : « Les Arbres » et « Le Mont Saint-Michel » qui ont fait l’objet de publications d’albums.

Les Arbres : seront présentées les planches de l’album « Les Arbres » (éditions de la Porte du Sud, 1984) ainsi que 5 grands tirages sur bâches de certaines planches. En raison de leur fragilité, quelques dessins originaux à l’encre de Chine seront, eux, présentés dans l’exposition Patience de la main à Firminy.

Parcours de l’artiste

La carrière d’Henri Guérin (1929-2009) est extrêmement riche et complexe ; en effet, si le vitrail reste son médium de prédilection, son oeuvre peint et dessiné (lavis de gouache, cartons de tapisseries, dessins à l’encre de Chine) et ses nombreux écrits forment un corpus très important. Son travail est marqué par des thèmes récurrents, essentiellement liés à son regard sur la nature et souvent inspirés par sa foi chrétienne.

L’artiste accorde une grande importance à la lumière des jours et des saisons, ce dont témoignent souvent les titres qu’il donne à ses œuvres : Lumière lointaine, Lever du jour, La Nuit dispersée… C’est à cette dimension que s’attachera l’exposition LUMIÈRE[S] à Firminy.

Henri Guérin réalise sa première exposition dès 1953, en présentant des dessins et des tableaux faits de tissus découpés et collés. En 1954, il s’installe à Toulouse et devient dessinateur pour La Dépêche du Midi. La même année, le moine bénédictin dom Ephrem Socard lui transmet sa passion pour le vitrail en dalle de verre. En 1961, Henri Guérin ouvre son propre atelier à Plaisance du-Touch (Haute-Garonne).

Les commandes, d’abord nationales, deviennent rapidement internationales et s’enchaînent. L’artiste réalise par exemple la verrière du Pavillon français de l’exposition universelle de Montréal de 1967. Il participe également à d’importantes expositions collectives comme « Les métiers de l’art » au Musée des Arts Décoratifs de Paris, en 1980.

Henri Guérin est également un artiste pluridisciplinaire qui réalise une cinquantaine de tapisseries entre 1967 et 1979 avec Olivier Pinton, dirigeant la Manufacture de tapisseries de Felletin, près d’Aubusson, en Creuse. Il a également écrit de multiples textes et poèmes qui le conduisent à créer des liens d’amitiés avec des personnalités comme Jean Ferrat et Claude Nougaro. Plusieurs de ses écrits sont édités, à l’image de son recueil de poésies La Corbeille à Papiers publié par Pierre Seghers en 1955, ou encore son essai Patience de la main publié aux Éditions du Cerf, en 1996.

L’artiste déploie une activité créatrice d’une intensité et d’une diversité exceptionnelles jusqu’à son décès en 2009. Plus de 600 lieux de créations de vitraux ont été recensés. La dernière exposition réalisée de son vivant, « Lumières d’été », est organisée à l’Orangerie du Sénat au Jardin du Luxembourg, à Paris, à l’occasion de ses 80 ans.

Infos pratiques

Horaires, tarifs et accès

• Site Le Corbusier
• Eglise Saint-Pierre
• Rue des Noyers
• 42700 Firminy

Horaires d’ouverture pendant l’exposition

• Du 12 octobre 2018 au 3 mars 2019.
• De 10h à 12h30 et de 13h30 à 18h.
• Ouvert tous les jours sauf les mardis.

Horaires d’hiver

• Du 23 décembre 2018 et du 7 janvier 2019.
• Ouvert les vendredis, samedis et dimanches.
• Pendant la saison hivernale, la Maison de la Culture est fermée les
  dimanches.
• Des visites guidées de la Maison de la Culture et de l’église sont organisées à 10h30 et à 15h tous les dimanches. Durée : 1h15. Réservation conseillée au 04 77 61 08 72.
• Visites groupes tous les jours sur réservation.
• Fermetures exceptionnelles : les 25 décembre et 1er
  janvier.

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