Événement

Nuits électriques, exposition autour du réverbère au Havre

Une exposition autour des représentations du paysage nocturne et du réverbère au Musée d’art moderne André Malraux du Havre. Nuits électriques.

Au milieu du XIXe, les lanternes à huile sont déjà largement remplacées par les réverbères au gaz. Le gaz s’impose à Londres et dans les grandes villes américaines, allemandes et françaises, avant d’être rapidement concurrencé par l’électricité avec l’invention en 1879 de la lampe à incandescence par Thomas Edison.

Evolution des techniques d’éclairage des réverbères

Dès lors, l’Europe et l’Amérique s’enthousiasment pour la « fée électricité », synonyme de progrès, d’énergie et de vitalité. Passages, boulevards, immeubles, grands magasins, salles de spectacles, terrasses des cafés… s’illuminent désormais de mille feux. Avant eux, les chantiers, les ports et les gares, avaient fait l’objet des premières expérimentations de la lumière électrique à arc, afin de permettre la poursuite de l’activité économique sans l’interruption imposée par la tombée de la nuit.

« De l’électricité vient la lumière et à bien des égards, la ville-port du Havre fut pionnière dans l’histoire de l’éclairage urbain, avec ses phares de la Hève, dotés dès 1863 du premier éclairage électrique à l’arc, ou son réseau public d’éclairage converti du gaz à l’électricité dès 1889″.

Jean-Baptiste Gastinne, maire du Havre,  2019-2020, Président de la communauté urbaine Le Havre Seine Métropole

Ce n’est pourtant qu’à la veille de la Première Guerre mondiale que la lumière électrique se généralise réellement. Jusque-là, les différents types d’éclairage cohabitent, diffusant dans le coeur des villes leurs températures et ambiances variées : chaudes et douces pour le gaz, plus froides pour l’électricité.

« Un décor de rêve où le jaune tremblant du gaz se marie à la frigidité lunaire de l’étincelle électrique ».

Walter Benjamin

Henri Le Sidaner, Place de la Concorde, 1909, huile sur toile, 101 x 151 cm, Tourcoing, MUba Eugène Leroy © Bridgeman images

L’obscurité, quant à elle, demeure par endroits. Si Paris, « ville lumière » visitée par nombre d’artistes occupe naturellement une place importante, l’exposition s’intéresse plus largement aux grandes villes européennes tant il est vrai que cette mutation fascine les artistes du monde entier.

Paysage nocturne et éclairage artificiel

Siècle majeur de transformations, le XIXe siècle voit le paysage nocturne évoluer radicalement avec l’apparition de l’éclairage artificiel. Longtemps obscure, la nuit s’illumine progressivement, se parant d’ambiances plus variées. Jeux d’ombres et de lumières, clair-obscur, contre-jour, premières publicités au néon… un nouvel éventail d’expériences visuelles apparaît, teinté d’une magie et d’une poésie propre au monde de la nuit.

« Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la révolution industrielle et les bouleversements qu’elle induit s’accompagnent d’une révolution picturale, l’impressionnisme, premier mouvement d’avant-garde de la modernité. En 1874, sur le mode du collectif, une trentaine d’artistes régulièrement refusés au Salon décident de se regrouper en société coopérative pour présenter leurs oeuvres. Les huit expositions qu’ils organiseront jusqu’en 1886 bouleverseront fondamentalement l’histoire comme le monde de l’art ».

Philippe Piguet, commissaire général de Normandie Impressionniste 2020

Entre fascination, admiration, curiosité et nostalgie, ces métamorphoses nocturnes marquent fortement les artistes. Partout en Europe, peintres, graveurs, photographes, les plus ouverts aux manifestations de la modernité, en font un sujet de prédilection.

Exposition : nuits électriques

Avec Nuits électriques, le MuMa explore pour la première fois cette question de la perception de l’éclairage artificiel urbain par les artistes de la seconde moitié du XIXe siècle jusqu’à la veille de la Première Guerre mondiale.

Sous le commissariat d’Annette Haudiquet, directrice du MuMa, l’exposition réunit un ensemble inédit de peintures, photographies, aquarelles, gravures, films, en provenance de grandes collections publiques et privées françaises et étrangères (Musée d’Orsay, Bibliothèque nationale de France, Centre Georges Pompidou, Cinémathèque française, Musée des Beaux-Arts de Reims, Fondation Bemberg à Toulouse, Musée Thyssen-Bornemisza à Madrid, Petit Palais-Genève, Neue National galerie de Berlin, la Galleria Nazionale d’Arte Moderna e Contemporanea de Rome, Musée des Beaux-Arts de Göteborg,…).

Gabriel Biessy, Colonne Morris, nocturne parisien, vers 1900, Huile sur toile, 25 x 39,5 cm © Galerie Drylewicz, Paris

Au fil d’un parcours riche de 150 œuvres et 70 artistes, des peintres français majeurs tels Monet, Pissarro, Vallotton, Toulouse-Lautrec, Steinlen, Bonnard, van Dongen, Sonia Delaunay… côtoient leurs homologues européens moins connus du public français comme le Suédois Eugène Jansson, le Britannique Atkinson Grimshaw ou encore l’Espagnol Darío de Regoyos. Leurs représentations de ces nouvelles expériences lumineuses révèlent en creux, leurs préoccupations au cœur d’une période de profonds bouleversements. Ainsi réunies, ces oeuvres invitent à réfléchir, plus largement, à notre rapport intime à la nuit, tout en offrant une matière toute contemporaine à notre méditation.

Parcours de l’exposition

  • Le réverbère, nouvel élément du paysage urbain
  • Charles Marville et les réverbères de Paris
  • La « république » des réverbères
  • Paris « Ville Lumière »
  • Les nouveaux noctambules
  • La ville ombreuse
  • Les lumières de la nuit havraise
  • Nouvelles expériences visuelles
  • Les couleurs de la nuit
  • Rêveries nocturnes
  • Nocturnes photographiques
  • Le cinématographe et la nuit
  • La lumière en face

Infos pratiques

Approfondir le sujet

Lieu

  • MuMa - Musée d’art moderne André Malraux
  • Le Havre, France

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Équipe du projet

Commissaire d'exposition MuMa - Musée d’art moderne André Malraux Annette Haudiquet

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Fondateur de l'agence de relations publiques LZL Services depuis 2023. Son thème : la lumière et l’éclairage. Rédacteur en chef et éditeur du portail français n°1 Light ZOOM Lumière depuis 2012. Architecte diplômé de l’École nationale supérieure d’architecture de Nantes. Éclairagiste urbain de 1997 à 2013 en Europe. Auteur de huit ouvrages de référence sur la ville, le bâtiment et le millénaire. Enseignant sur l'histoire de la conception lumière à l’ENSA Nantes et à l'éclairage dans l'art contemporain à l’ENSATT Lyon.
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