Agence I.C.O.N. éclairage architectural entre Paris et Tokyo
Quand as-tu monté ton entreprise dans la lumière ?
Akari-Lisa Ishii : en 2004, j’ai monté mon entreprise à Tokyo ; c’était plus simple au Japon. Assez rapidement, j’ai monté une structure à Paris ; c’était plus logique pour répondre à des appels d’offres ici. Donc, j’ai deux agences, une au Japon et une en France.
- Offre d’emploi I.C.O.N. : Chef de projet (H/F)
Quelle est la mission de l’agence de conception lumière I.C.O.N. ?
Nous faisons vraiment tous les projets concernant la lumière : urbanisme, architecture, patrimoine, extérieur-intérieur, de l’hôtel, des maisons, du commerce, du bureau, de l’événementiel, de la muséographie, du théâtre mais aussi la lumière dans le design de produit, dans un véhicule automobile… Toute la lumière, de manière la plus large du spectre et des types de projets lumière. Finalement, cette diversité nous donne de la richesse.
Le vocabulaire théâtral peut être appliqué dans l’architecture. Le côté robuste de l’urbanisme donne une idée, par exemple, pour un véhicule. Ensuite, la diversité géographique, non seulement de mon background, mais aussi les expériences du projet dans différents pays, nous donnent un vocabulaire très enrichi.
Quel est ton premier projet lumière en France ?
Le centre Pompidou Metz, c’est un de mes premiers grands projets à la création de mon agence. À l’époque, je n’avais pas du tout les contacts avec l’architecte et pas encore beaucoup de boulot. Je venais d’être indépendante. Je suis allée voir l’exposition des résultats du concours du centre Pompidou Metz à Beaubourg Paris. C’était un concours architectural très renommé. Il y avait toutes les grandes stars de l’architecture du monde entier qui avaient répondu : Perrault, Herzog et de Meuron. Et à la fin, c’était le projet lauréat de Shigeru Ban et Jean de Gastines.
Je suis « tombée amoureuse » de cette architecture ; « ça peut la magnifier si on arrive à bien l’éclairer ». J’ai pris la photo des planches, et j’ai créé une simulation de nuit. Après j’ai Googlé pour trouver l’agence de Shigeru Ban. J’ai téléphoné. Par hasard, il était là. Il a rigolé et il m’a dit : « j’étais en train de chercher un éclairagiste ». Quelle coïncidence ! Ensuite, ça a été un peu compliqué de concrétiser le contrat car je n’avais pas de référence. Lui il était plutôt partant, mais son partenaire ne l’était pas. Et en plus, il y avait Georges Berne déjà dans l’histoire, pour la partie l’éclairage muséographique.
Quelle proposition as-tu fait à Georges Berne pour le centre Pompidou Metz ?
Je suis allée voir Georges Berne et on a discuté. Je lui ai dit : « vous avez plus de références. Je respecte beaucoup ça pour l’éclairage intérieur. Pour l’extérieur architectural, j’ai plus d’expérience car j’ai travaillé dans différentes agences de conception lumière dans le monde. Est-ce que ça vous dit de partager ? » Il a dit oui et nous avons co-signé le projet lumière avec l’Observatoire 1 [ndlr : agence devenue 8’18’’ en 2007]. La collaboration s’est très bien passée. C’était génial pour moi de pouvoir éclairer une architecture dont j’étais « tombée amoureuse ».
Quand j’ai fait la simulation de nuit du centre Pompidou Metz, c’était sans savoir où j’allais vraiment, mais par passion. C’est peut-être cette passion qui a participé beaucoup au destin de l’agence I.C.O.N. aujourd’hui.
Quel est le projet lumière dont tu es la plus fière ?
La Tour Eiffel peut-être, c’est quand même le monument emblématique de la France. Il a eu une incroyable histoire avec la lumière dès le début. C’est un monument qui était marié avec la lumière depuis sa naissance. Toutes les strates d’expressions lumineuses qu’il a vécu sont importantes.
Alors, ajouter une page de plus, c’était beaucoup de pressions. Techniquement et diplomatiquement compliqué. Et puis, notre prince héritier, Naruhito, le nouvel empereur du Japon, était venu pour appuyer sur le bouton d’allumage.
Nous avons aussi projeté des tableaux et des dessins de kimonos japonais sur une tour iconique française. Donc, avec ce mariage entre deux cultures qui me sont chères, j’étais très émue évidemment !
Comment cette réalisation était aussi une innovation LED ?
Rien que pour l’éclairage on a inventé un projecteur à LED de couleur or. On dit que « la LED peut faire n’importe quelle couleur », mais c’est très difficile. Nous avons fait fabriquer la puce LED, avec un phosphore particulier depuis la Japon, pour donner vraiment la couleur or.
Non seulement, c’était un défi au niveau expressif et artistique de dorer la tour Eiffel, et aussi techniquement. Évidemment, c’était un des projets très engageants pour moi, mais aussi au niveau du temps passé pour le mener à bien.
Comment travailles-tu entre la France et le Japon ?
Quand il n’y a pas de pandémie, je suis plutôt basée à Paris. Je vais à Tokyo au moins tous les deux mois. Tout ce qui se passe au Japon comme chantier, je suis en télécontrôle. Quand je dois y aller, je me déplace en personne. Comme je suis en partenariat avec l’agence de ma mère, s’il y a une vraie urgence, je délègue là-bas.
Le plus schématisé possible, le temps que je passe est d’environ 1/3 à Tokyo, 1/3 à Paris et 1/3 ailleurs en déplacement, par exemple, en Belgique, en Suisse, en Moyen-Orient, en Maghreb…
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Photo en tête de l’article : centre Pompidou Metz, France – détail éclairage architectural de la toiture – Architecte : Shigeru Ban et Jean de Gastines – Conception lumière : Akari-Lisa Ishii © I.C.O.N
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