Akari-Lisa Ishii : des Beaux-Arts à la conception lumière
Quel est ton parcours depuis les Beaux-Arts de Tokyo ?
Akari-Lisa Ishii : au lycée, j’étais déjà très intéressée par les beaux-arts. J’ai étudié à l’université des Arts à Tokyo où j’ai appris l’histoire de l’art, l’architecture, à dessiner, à travailler sur le bois… tout ce qui est la base des techniques de l’art. Il n’y a que deux facultés où l’art plastique et la musique sont enseignés ensemble dans le campus. Alors, j’ai commencé à faire la scénographie des opéras des étudiants en musique.
Après quatre ans d’étude, je me suis intéressée à l’histoire de l’architecture et de la ville. J’ai alors suivi mon 3ème cycle de Master à l’université de Tokyo en philosophie de l’urbanisme.
Quand es-tu partie étudier aux USA et en France ?
Je voulais continuer à apprendre le design. Entre 1990 et 1994, j’ai fait quelques stages et suivi des petits cours aux États-Unis. Puis, un an à Paris dans une école de design, qui n’existe plus d’ailleurs. J’ai appris beaucoup de choses.
Un des thèmes était sur le design des luminaires ; un sujet qui m’a tout de suite intrigué. Ainsi, la lumière devenait le cœur réunissant tous mes centres d’intérêt, l’architecture, les beaux-arts, le cinéma, les photos et l’opéra, etc.
Comment as-tu découvert le design lumière ?
Notamment dans l’école de design à Paris quand j’ai dessiné cette lampe. C’était une matière qui m’a fasciné. J’ai pu jouer avec la forme de la lumière, les ombres, les relations avec de l’eau et les fleurs. C’était une lampe de table complètement atypique. J’ai eu une bonne note. Ça m’a encouragée.
Ensuite, j’ai dû trouver un stage d’étudiant et j’ai rencontré Louis Clair. J’ai fait un petit stage chez Light Cibles pendant les vacances. Il m’a donné des projets personnels à faire. Je suis venue le voir, tous les mois, pour lui montrer mes dessins et croquis. Il m’a dit que j’avais une sensibilité et il m’a encouragée à faire de la lumière. À l’époque, je n’étais pas sûre de faire le bon choix. Ce moment d’hésitation me paraît complètement ridicule aujourd’hui et j’en rigole. Pour lui, j’étais destinée à faire de la lumière, en dehors et indépendamment de ce qu’avait fait ma mère.
Qu’est-ce que cette rencontre avec Louis Clair t’a apporté ?
Sa démarche de raconter l’histoire avec la lumière, ça m’a beaucoup plu. La lumière n’est pas juste une matière physique. C’est une narratrice et une histoire. Il était en train de travailler sur de gros projets, comme les grands projets de Paris et les premiers plans lumière, et de tracer l’histoire de la lumière. C’est une approche qui m’a enchantée parce que la lumière n’est pas juste là pour éclairer les choses. Elle peut être un fil conducteur beaucoup plus grand dans la création de la ville.
Il m’a aussi amenée voir le cinéma en noir et blanc. Je ne me rappelle pas de ce qu’on a vu, parce qu’il m’a expliqué l’histoire des jeux d’ombres et de lumières pendant toute la durée du film. Mais, j’ai compris le sens de la lumière. J’ai eu un extraordinaire mentor qui m’a un peu révélé la lumière et « l’amour » pour la lumière.
Comment s’est passé ton retour au Japon ?
Je suis rentrée au Japon et j’ai dit à ma mère : finalement, je vais être créatrice de lumière. Elle est « tombée de la chaise » parce qu’elle ne s’y attendait pas du tout. Ma mère était déjà dans le design lumière. Elle m’a toujours amenée au chantier pour voir comment c’était éclairé. Étant enfant, je voulais respirer… Ça m’a plus agacée qu’autre chose, car j’avais la sensation de rivaliser avec elle ; que « ma maman aimait plus son travail que sa fille ». Finalement, c’est grâce à elle que j’ai beaucoup de références et de connaissances dans la culture et l’histoire de la lumière !
- Offre d’emploi I.C.O.N. : Chef de projet (H/F)
Comment t’es-tu formée à la conception lumière ?
Je suis partie quelques mois à New York chez Howard Brandston, en tant que stagiaire. Ensuite, trois ans à Tokyo dans le studio de ma mère, Motoko Ishii Lighting Design, en tant qu’assistante conceptrice lumière. Enfin, j’ai fait cinq ans comme chef de projet chez Light Cibles à Paris.
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Livres
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Coordonné par l’ACE et rédigé par 57 contributeurs représentatifs du projet d'éclairage, nouvel ouvrage de référence pour la conception lumière au Moniteur. |