Bruno François, retour sur l’essor d’Anolis en France

Connaissez-vous bien Anolis Lighting ? Comment cette marque a-t-elle été créée par Robe Lighting ? Quel est le sens de ses activités en éclairage architectural ? Pourquoi maîtrise-t-elle à la perfection la colorimétrie ? Comment s’est-elle spécialisée en éclairage dynamique ? Quels sont ses projecteurs LED et mises en lumière phares ? Comment met-elle en valeur le patrimoine ? En bref, quelles sont ses valeurs ? Pour répondre à mes questions, Bruno François a accepté l’interview business de Light ZOOM Lumière. Chez Robe Lighting, il a une double casquette. D’abord, il est responsable commercial du marché architectural en France. Ensuite, il est aussi chef de produit Anolis Lighting pour le siège de l’entreprise basé en République tchèque. Retour sur l’économie du secteur de la lumière architecturale depuis les débuts de la LED.

Quand la marque Anolis a-t-elle été créée par Robe Lighting ?

Bruno François : La marque Anolis a été lancée en 2004 par Robe Lighting. L’histoire démarre à la suite d’une tendance forte au début des années 2000. Il y a eu un mouvement des concepteurs lumière et éclairagistes scéniques vers l’architecture. La scénographie lumière est ainsi passée de la scène à la ville.

Comment l’éclairage dynamique s’est fait une place dans l’éclairage pérenne ?

Bruno François : En architecture, ces prescripteurs ont d’abord collaboré avec les marques habituelles du secteur scénique pour proposer des solutions architecturales. Fabricants comme concepteurs ont tiré parti de leur maîtrise de la colorimétrie et des effets lumière. Cela coïncidait également avec l’avènement des LED, permettant de produire des dispositifs étanches et compacts. À cette époque, les premiers modèles étaient encore très lourds et volumineux. L’idée de Robe Lighting était de répondre à ce besoin spécifique, en créant une marque distincte, pour bien différencier la scène de l’architecture, en France comme ailleurs.

Quand la filiale Robe Lighting France a-t-elle été créée ?

Bruno François : Pendant des années, Robe et Anolis ont été distribués en France. Mais en 2015, la filiale de Robe Lighting France a été créée par Bruno Garros. Les deux marques ont alors été unifiées, mais Anolis n’a pas été exploitée pendant deux ans. Je suis arrivé en 2017 pour m’occuper spécifiquement d’Anolis. Il était temps d’investir davantage dans cette marque.

Quel est ton rôle chez Robe Lighting ?

Bruno François : J’ai deux rôles chez Anolis France. Sous la direction de Bruno Garros, en tant que responsable commercial, je développe la stratégie commerciale et marketing spécifique au marché français de l’architecture. En parallèle, depuis deux ans, je suis également chef de produit. Je consacre 20 % de mon temps à collaborer avec notre usine en République tchèque sur le développement de nouveaux luminaires. En bref, mon travail consiste à identifier les besoins des concepteurs lumière pour enrichir nos gammes. Pour cela, je tiens compte des tendances à l’international en concertation avec nos équipes en Allemagne, en Angleterre et aux États-Unis. Je rédige ensuite les cahiers des charges pour notre plan de développement de produits.

Comment Anolis Lighting s’est-elle développée en 10 ans ?

Bruno François : Les 10 dernières années ont vu le développement de la marque, en particulier grâce à l’éclairage dynamique. C’est l’une des forces majeures de nos produits.

Quand je suis arrivé en 2017, il y avait eu une restructuration de l’usine pour donner un nouveau souffle à Anolis. À ce moment-là, nous avons embauché la designeuse tchèque Martina Mičkalová, qui a pris la direction de la marque. Nous nous sommes rapidement bien entendus, partageant une vision commune pour l’avenir de la marque Anolis.

Quelle stratégie produit a alors été mise en œuvre ?

Bruno François : Initialement, l’objectif était de redessiner les produits. Les gens appréciaient la qualité de la lumière, mais trouvaient le design des produits laids. Tout en utilisant les nouvelles technologies LED disponibles, pour optimiser les performances lumineuses, nous avons donc refait le catalogue pour améliorer le design.

Quels ont été les résultats de ces développements produits ?

Bruno François : Pendant les quatre à cinq premières années, nous avons développé les gammes Eminere et Calumma. Elles ont renouvelé visuellement la marque tout en conservant une gestion importante de la colorimétrie. Nous avons intégré des outils et logiciels pour faciliter la programmation et la conception lumière.

Il y a également eu des innovations de rupture en éclairage ?

Bruno François : Nous avons exploré ensuite des produits uniques qui n’existaient pas sur le marché. Par exemple, le iProMotion, qui permet de projeter des images vidéo dans l’espace public, mais aussi l’ArcPar 150, un projecteur Wash avec un zoom optique de 4 à 60°, captant l’attention de clients, comme la mairie de Lyon.

Pourtant, l’intégration de la LED n’a pas été simple ?

Bruno François : Au début, nous ne savions pas comment créer de belles couleurs, et encore moins, de beaux blancs, avec les LED. Même les meilleurs fabricants, comme Nichia ou Lumileds, faisaient de leur mieux, car la qualité des LED dans les années 2000 n’était pas extraordinaire !

Comment l’expérience de Robe a-t-elle fait la différence ?

Anolis Lighting a choisi de se concentrer sur la qualité de couleur et la colorimétrie, ce qui était déjà un domaine exploré par Robe Lighting, notamment avec des brevets peu connus, mais efficaces. Ils ont innové en colorimétrie et développé des astuces de calibration, ainsi qu’une gestion logicielle des teintes efficaces. Dans l’espace exigeant d’un théâtre, il est essentiel de maîtriser ces aspects.

La colorimétrie a-t-elle construit l’éclairage architectural Anolis ?

Bruno François : Tout à fait. En utilisant notre maîtrise de la colorimétrie des LED, Anolis Lighting a opté pour le RGB Blanc (RGBW) ou RGB Ambre (RGBA), combinées dans des appareils plus volumineux, auparavant utilisés dans le scénique. En collaborant étroitement avec les fabricants de LED, nous avons pu calibrer leurs appareils pour assurer une bonne gestion de la couleur. Ce qui permet de corriger les erreurs de binning en incluant tous les appareils dans un « triangle optimal » où il est possible d’ajuster les couleurs avec un logiciel.

Nous répondons ici à une forte demande de certains concepteurs lumière. Ils cherchent alors une qualité de couleur et des blancs comparables à celle du théâtre dans des applications architecturales.

Quelle est la première mise en lumière d’Anolis en France ?

Bruno François : La première notable, c’est le casino de Biarritz. Nous n’avons malheureusement jamais pu communiquer dessus. Pour moi, c’était important, car c’était un projet que nous avions réalisé avec Anne Bureau et Lionel Bessières.

Ces concepteurs lumière nous ont fait confiance très tôt et cela s’est très bien passé, même si ça n’était pas un test facile vu l’environnement du lieu, en bord de mer, donc avec un air salin. Nous continuons de travailler avec eux aujourd’hui, et ils semblent toujours satisfaits de nos produits, puisqu’ils continuent de les prescrire et de les utiliser.

Quelles sont les réalisations lumière dont tu es le plus fier ?

Bruno François : D’abord, il y a eu la basilique de Lourdes, un projet un peu différent qui nous est arrivé d’une manière particulière, grâce à un client de Robe. Nous avons pu rencontrer le directeur photo ; il était le concepteur lumière sur ce projet.

C’était un projet complexe à intégrer, surtout avec les outils que nous avions à l’époque, mais nous avons réussi à le mener à bien. Ça a vraiment mis un coup de projecteur sur notre marque à l’international. Nous en sommes très fiers.

Ensuite, la Direction de l’éclairage urbain de Lyon nous a fait confiance et nous continuons de très bien collaborer avec eux. Un des sujets qui rejoint la colorimétrie dont on parlait plus tôt, c’est la rénovation de l’éclairage architectural des berges du Rhône.

Nous avons répondu à un cahier des charges exigeant de la maîtrise d’ouvrage. Il y avait une demande spécifique pour des appareils d’un bleu très particulier et de projecteurs LED en grande quantité. Cette réalisation importante nous a permis de prouver qu’Anolis n’est pas juste un petit fabricant, mais que nous pouvons gérer des projets d’envergure et répondre aux attentes sur mesure.

Enfin, récemment, le palais des Ducs et l’église Saint-Michel de Dijon. Pour créer une unité et une qualité de blanc, nous avons traité ces deux édifices avec des sources lumineuses différentes : RGBW blanc chaud 2 200 K pour le palais et du blanc variable 2 200-3 000 K pour l’église. Ce sont des projets phares de la mairie de Dijon pour ce mandat, avec beaucoup d’enjeux.

Quels sont les produits plus récents sortis par Anolis ?

Bruno François : Plusieurs choses se sont passées. La première, c’était la gamme Lyrae des encastrés de sol. Nous avions un gros manque dans ce domaine dans notre gamme. De plus, les encastrés de sol ont mauvaise presse depuis des années. Nous sommes partis sur la même technologie que les Calumma, puis nous avons développé un système innovant afin de répondre aux exigences de mise en œuvre et de maintenance très délicates. Ainsi, sans ouvrir l’appareil, notre solution phare est donc un plateau motorisé et inclinable qui nous permet d’orienter le flux. Nos encastrés de sol sont monoblocs, livrés directement d’usine, ce qui évite toute ouverture et prévient l’humidité. Un problème commun pour 99 % des encastrés !

La deuxième, c’est Agame, un éclairage pour les tours de fenêtres. Nous avons adapté notre expertise en colorimétrie à un produit en demande qui a connu un essor ces cinq dernières années.

La troisième, c’est un nouveau produit, Lamari : une barre LED qui va bientôt sortir. Nous avons collaboré avec des concepteurs lumière pour répondre à un cahier des charges très exigeant en termes de taille et de puissance. C’est une nouvelle gamme de barres LED, moins puissantes, mais très compactes en matière d’encombrement et avec un très bon ratio lumens par watt.

Pour quelle raison la société Robe Lighting France a-t-elle déménagé ?

Bruno François : Depuis le début de la filiale française, nous sommes basés à Villepinte. Nous avons déménagé il y a un an, principalement parce qu’elle se porte très bien. Nous connaissons une forte croissance depuis 10 ans ; nous les fêtons cette année ! De ce fait, nous avons dû augmenter notre effectif pour maintenir un niveau de service de qualité. C’est très important pour nous, surtout au niveau du SAV, mais aussi pour les autres services essentiels. Voilà le contexte de notre déménagement.

Qu’en est-il de la boîte noire avec un mur texturé ?

Bruno François : Avec mon collègue Vincent Bouquet, directeur technique de Robe, nous avons collaboré pour concevoir un espace de travail très flexible. Nous avons transformé cette boîte noire en un lieu pouvant accueillir différents types de professionnels, allant des éclairagistes de théâtre aux utilisateurs finaux.

Nous avons utilisé quatre matériaux texturés dans cet espace : la brique, le bois, une pierre de style ardoise et une façade néoclassique qui reflète l’architecture patrimoniale française. Nous avons aussi un grand cyclorama motorisé qui permet de couvrir de grandes surfaces. Cet espace permet d’expérimenter la projection de lumière sur différentes textures. Il nous aide réellement à explorer la colorimétrie et le contrôle des spectres lumineux en live.

Quelques chiffres sur l’activité Anolis Lighting France depuis 7 ans ?

Bruno François : Anolis France bénéficie de la solidité de la filiale Robe France et d’un effectif partagé entre les marques. Ainsi l’ADV, le SAV et la communication sont des services qui sont au soutien des trois marques de la filiale : Robe, Anolis et depuis peu Avolites, le fabricant de consoles scéniques.

Seule l’équipe commerciale est dédiée à Anolis. Elle compte trois responsables de secteur sur le terrain, répartis en région Nord-Ouest, Nord-Est et le Sud, auxquels s’ajoute la prescription à Paris. Après le départ à la retraite d’Éric Tabuteau cet été, Sylvain Bresson que nous venons de recruter s’occupera du Sud-Est. Je déménagerai à Bordeaux pour m’occuper de l’Ouest. Il y aura donc pas mal de changements cette année !

Pour résumer, quelles sont les valeurs d’Anolis Lighting ?

Bruno François : Pour la marque Anolis de Robe Lighting, trois éléments sont fondamentaux : la proximité, les solutions sur mesure et l’environnement.

Nous valorisons beaucoup la proximité avec nos utilisateurs, y compris avec les concepteurs lumière, les syndicats d’énergie et nos partenaires commerciaux. Ainsi, nous maintenons une relation étroite pour mieux répondre aux besoins spécifiques de nos clients.

Nous mettons également un point d’honneur à offrir des solutions personnalisées sur mesure. Cela se traduit par une collaboration étroite entre nos équipes et les utilisateurs finaux et concepteurs lumières afin de développer des produits spécifiques, selon leurs demandes.

Enfin, un aspect crucial pour nous, c’est l’environnement. Nous concevons nos nouveaux produits en pensant à leur recyclabilité et à leur réparabilité, ce qui est essentiel dans le contexte actuel. Ce n’est pas simple, mais c’est nécessaire pour respecter notre engagement envers le développement durable. Avoir une équipe SAV de cinq personnes en France participe aussi à cet engagement.

Propos recueillis par téléphone le 25 février 2025 par Vincent Laganier.

Reportage sponsorisé par Robe Lighting

Photo en tête de l’article : Bruno François, Anolis Lighting, retour sur l’essor de la marque avec responsable commercial France © Robe Lighting