Centre d’Art de Lézigno et futur de l’éclairage urbain
Quand as-tu trouvé ce domaine de Lézigno pour implanter Technilum ?
Agnès Jullian : nous sommes à Lézigno depuis 1998. C’était un choix de réhabiliter un lieu avec une forte valeur patrimoniale. Surtout de ne pas continuer dans une « boîte à chaussures » au milieu d’une zone lambda.
Comment est né le projet d’aménagement d’un centre d’art contemporain ?
Agnès Jullian : en 1998, quand nous avons repris ce chai et déplacé l’entreprise dans le domaine de Lézigno à Béziers, cet espace n’était pas du tout à la même altimétrie que le reste du bâtiment.
Donc, au départ, nous avons laissé ce lieu dont nous n’avions pas besoin (en termes de superficie), d’autant plus que nous étions très limités en termes de budget – ce n’était pas la peine de l’aménager immédiatement.
Nous avons eu l’idée d’en faire un restaurant – mais, c’est un métier à part entière ! Notre goût pour l’art contemporain, et des expositions réalisées dans l’usine, nous ont donné l’ambition de transformer cet espace vacant en un centre d’art.
Quand ont été créées les rencontres des Heureuses Coïncidences ?
Agnès Jullian : les Heureuses Coïncidences ont été créées en 2006 avec l’Association Lézigno, mécénat culturel de Technilum. Elles ont eu lieu chaque année, ou presque, les années blanches l’ayant été pour cause de travaux ou de pandémie. C’est très chronophage d’organiser une édition annuelle de qualité !
Le reste du temps, le lieu peut héberger des évènements en lien avec la thématique. Ainsi, nous avons déjà accueilli des workshops d’école d’architecture ou des programmes européens de recherche sur l’urbanisme avancé.
Comment vois-tu le futur de l’éclairage ?
Agnès Jullian : ce que nous réalisons en mobilier urbain d’éclairage ne fait pas qu’éclairer aujourd’hui. Nous ouvrons sur de multiples fonctions comme la signalétique, la sonorisation, la vidéosurveillance… Nous essayons surtout de mutualiser tous les équipements de la rue sur un seul support, parce que nous voulons limiter les émergences dans la ville, avoir un seul support plutôt que 10 sur lequel tout concentrer.
Que penses-tu de l’extinction de l’éclairage public actuellement ?
Agnès Jullian : « Au pays des Lumières, sachons les éteindre »… J’ai trouvé cela un peu raide : une ville qui ne serait pas éclairée demain, c’est juste sinistre ! Si nous éclairons les villes depuis le XIXe siècle, ce n’est pas pour des raisons purement démagogiques, mais surtout pour assurer le confort et la sécurité.
Je pense qu’il y a avant tout un avenir pour un éclairage plus maîtrisé. Il faut que nous aidions les collectivités à faire le pas que certaines n’ont pas encore fait pour aller vers des systèmes qui soient pilotables et économes en énergie. C’est là que sont les gisements énergétiques. Au pays des lumières, rénovons notre éclairage !
Qu’en est-il aujourd’hui de la rénovation de l’éclairage public ?
Agnès Jullian : à ce jour, la rénovation du parc d’éclairage public est de l’ordre de 20% : c’est insuffisant. Il y a donc beaucoup de progrès à faire. En même temps, l’éclairage est essentiel, car il est synonyme d’attractivité. Roger Narboni avait écrit dans un de ses livres que sans éclairage, il n’y aurait pas de tourisme nocturne. Alors effectivement, nous allons éteindre les bâtiments publics aujourd’hui parce que le contexte veut que nous le fassions. Mais personnellement, je trouve cela dommage de voir un pays qui est la première destination touristique mondiale éteindre ses monuments alors que cela les magnifie. La priorité reste de mettre en œuvre des dispositifs peu énergivores.
Quelle est l’image d’une ville la nuit dans l’imaginaire collectif ?
Agnès Jullian : voir une ville la nuit fait partie de l’émerveillement de tous. Si les gens aiment encore les feux d’artifice, c’est parce que c’est de la lumière. Je pense que c’est important de garder ce collectif-là et d’avoir ces références qui sont très liées à l’architecture et à l’art de vivre.
Quelle est la place du métier de l’éclairage par rapport à d’autres secteurs ?
Agnès Jullian : aucun autre secteur d’activité, ni même l’automobile ou le bâtiment, n’a connu de si grand progrès ces 15 dernières années. En 1988, chaque lampadaire de la Promenade des Anglais à Nice faisait 1500 watt de puissance installée…
Agnès Jullian : aujourd’hui, dans la plupart des cas, la rénovation permet de diviser cette puissance installée par 10. En rénovant massivement l’éclairage public, nous pourrions atteindre 20 % de ce qui a été engagé par le gouvernement en termes d’objectifs de sobriété énergétique sur les deux ans à venir !
Propos recueillis à Sérignan par Vincent Laganier le 10 septembre 2022.
A suivre…
Agnès Jullian, de l’espace public à l’architecture
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Équipe du projet
Lieu
- Centre d’Art de Lézigno
- Béziers, France