Cool Roof France, quand le soleil se reflète en toiture
Basée entre Brest et Quimper, la société Cool Roof France a été créée par trois amis.
- Frédéric Lachêvre était responsable MOA d’un magasin de grande distribution.
- Roland Soun était spécialisé dans le secteur du froid.
- Ronan Caradec travaillait lui dans le domaine d’expertise de l’électricité.
En 2012, l’équipe se pose la question : comment combiner sobriété en énergie et transition écologique pour des bâtiments de grande distribution ? Et au détour d’un voyage aux États-Unis, l’un des amis revient avec l’idée du cool roofing. Présent aux USA depuis une bonne décennie, ce principe dessine, peu à peu, la structure de l’entreprise. En 2015, la société est enfin constituée.
L’an dernier, Cool Roof France a reçu le financement de Team for the Planet dans le cadre d’une levée de fonds pour son engagement à lutter contre le réchauffement climatique. À ce jour, la société a réalisé environ 500 000 m2 de toitures peintes en blanc. Rencontre avec le directeur général de Cool Roof France, Julien Martin-Cocher.
Quel est le leitmotiv de Cool Roof France ?
Julien Martin-Cocher : le positionnement de Cool Roof France est d’être un acteur majeur et surtout pertinent de la transition écologique. L’idée est de rafraichir les bâtiments passivement et limiter l’utilisation de la climatisation, génératrice de gaz à effet de serre. En effet, il est aberrant de penser qu’on crée du froid en faisant du chaud. Nous estimons qu’il y a à peu près un milliard de climatisations aujourd’hui en France. Il y en aura 5 milliards en 2050.
Quelle est l’origine de la technologie de cool roofing ?
Julien Martin-Cocher : à la base, dans notre « ère moderne », c’était une technologie qui déroule des peintures utilisées notamment par la Nasa pour l’entrée dans l’atmosphère des fusées. Cette peinture réfléchissante avait des propriétés thermiques. Elle limitait la montée en température de la carlingue.
Quelle technologie utilisez-vous pour peindre les toitures en blanc ?
Julien Martin-Cocher : toutes les technologies du marché ont été testées et très vite, les associés de Cool Roof France, ne trouvant chaussure à leur pied, ont décidé de s’affranchir du cadre existant et de monter leur propre laboratoire pour développer leur produit. Cela a permis de faire notre propre formulation Cool Roof France, d’être autonomes dans le process de validation avec des tests internes, et de pouvoir les confirmer par des tests et laboratoires externes contraignants.
Comment fait-on pour avoir un fort niveau de réflexion de la lumière ?
Julien Martin-Cocher : deux paramètres sont pris en compte : la réflectance et l’émissivité. C’est une combinaison des deux qui donne un SRI, l’indice de réflexion solaire. C’est une propriété propre à la peinture ainsi que notre formulation qui vont amener une performance de la réflexion de la lumière et une longévité.
Pour la couche de finition, nous ajoutons à notre formule un composant spécifique, le Kynar Aquatec. Avec notre partenaire technique, Arkema, nous avons pu développer une solutions avec une protection éprouvée pour 20 ans a minima. Le produit avait d’ailleurs été apposé sur des toitures aux États-Unis il y a maintenant plus de 20 ans et ca ne bouge pas. En parallèle, en France, la solution a été validée par des laboratoires de type Cofrac. Une FDES – Fiche de Déclaration Environnementale et Sanitaire – a également été validée. Cool Roof France est le seul en France à en disposer. Elle permet d’officialiser les résultats de l’Analyse de Cycle de Vie du produit donc la décarbonation de la solution. Et oui, chaque m2 par Cool Roof France décarbone !
Quelles sont les valeurs de la réflectance et l’émissivité sur le toit ?
Julien Martin-Cocher : voici les principales caractéristiques de notre produit au regard de la lumière
Paramètres techniques | Valeurs | Normalisation |
Réflectance solaire | 0,90 | ASTM E903-12 |
Émissivité thermique | 0,90 | ASTM C1371 |
Indice de réflectance solaire SRI | 115 | ASTM E1980-11 |
Résistance aux UV | Pas de jaunissement, pas de cloquage, pas de fissures, pas de décollement, SRI maintenu | ISO 16474-3 (4 000 h sous UV-B) |
Tous ces rayons solaires vont frapper la membrane supérieure de la toiture et être reflétés en bloquant le flux thermique à sa source et en évitant à la chaleur de pénétrer à l’intérieur du bâtiment.
Pourquoi des coquilles d’huîtres sont-elles ajoutées à la formule de la peinture ?
Julien Martin-Cocher : le modèle économique de Cool Roof France est un peu particulier. Nous sommes une ESUS et faisons partie de l’ESS, Économie sociale et solidaire. Nos équipes d’ingénieurs du bureau d’études Matériaux ont remplacé toutes les charges calcaires de la peinture par des charges qui se trouvent dans des coquilles d’huîtres constituées de calcium. Ce choix permet d’augmenter la longévité, la performance du produit, d’être propre et de privilégier l’économie circulaire avec des approvisionnements en filière courte.
Pour autant, c’est un procédé compliqué à traiter. En effet, dans une coquille d’huître, il y a plusieurs membranes dont une organique et une calcaire. Nous avons un process industriel et technique développé avec nos partenaires qui permet de séparer les deux pour garantir la qualité du produit.
D’un autre côté, nous continuons à développer nos produits. Nous allons bientôt lancer une nouvelle formule de notre produit qui devrait encore diviser par deux l’empreinte carbone.
Que pensez-vous du principe de Team for the Planet dont vous avez bénéficié l’an dernier ?
Julien Martin-Cocher : leur idée est qu’individuellement, nous ne pouvons pas faire bouger les choses, mais lorsque nous sommes 100 000, comme ils l’ont défendu et prouvé fin 2022, ça devient une idée purement géniale pour faire bouger les frontières et les conscience. Leur initiative doit interpeller chacun d’entre nous !
Team for the Planet a un super état d’esprit et une idée complètement novatrice. Nous nous sommes donc mis d’accord sur une levée de fonds de 500 000€ en 2022, ce qui permet aux équipes à Brest d’accélérer la croissance en (dé)montrant que la solution est simple et fonctionne et en donnant une nouvelle caisse de résonance à Cool Roof France. Grâce à eux et à notre solution, nous avons réduit de 4 000 000 kg les émissions de CO₂.
Propos recueillis par Vincent Laganier, le 17 janvier 2023.
À suivre…
Pourquoi rafraîchir les bâtiments par un toit blanc ?
Équipe du projet
Lieu
- Cool Roof France
- Le Faou, France
Livres
Éclairage et lumière du IIIe millénaire, 2000-2050, un livre collector
Le phénomène éclairage a vécu une mutation. Ville, architecture, conception lumière, pollution lumineuse... Qu'en sera-t-il demain ? |
Le cool roofing est l’avenir des batiments industriels. Cool Roof a ouvert cette tendance en France et son developpement marque l’interet croissant des industriels pour cette solution efficace.
Merci pour le zoom !
team for the planet a investi dans cette startup et c’est justifié. maintenant il faut que la pratique se généralise. les ilots de chaleur en ville sont a chasser. Les toits de New york sont tous blancs grace au cool roofing