Interview

Développement du métier de concepteur lumière en France

Vers quelle reconnaissance pour le métier de concepteur lumière ? Entre formation et sensibilisation, point de vue de Thierry Walger.
24 octobre 2022

Comment voudrais-tu que le métier de concepteur lumière se développe ?

Thierry Walger : en France, le métier de concepteur lumière n’est pas validé en tant que tel. N’importe qui peut se présenter comme concepteur lumière dans un projet d’architecture, d’espace public ou de paysage [ndlr : sans prouver ses compétence]. C’est-à-dire qu’il a pu se faire aider par un fabricant ou un distributeur. On voit souvent cette situation. À mon sens, c’est très gênant.

Pourquoi prouver qu’on a fait de la conception lumière ?

Thierry Walger : j’aimerais bien qu’en France la conception lumière soit valorisée. Que le concepteur lumière soit un métier, comme pour le paysage ou l’architecture. Que ce ne soit pas un bureau d’études électriques qui s’improvise ainsi.

Comment le métier de concepteur lumière pourrait-il être plus reconnu ?

Thierry Walger : sur le plan législatif, il faudrait que la validation du métier de concepteur lumière soit obligatoire, comme pour les architectes.

Est-ce le rôle de l’ACE ou d’un futur syndicat des concepteurs lumière ?

Thierry Walger : depuis quelques années, l’ACE est d’un grand dynamisme. La nouvelle présidente, Virginie Nicolas, va de l’avant et il se passe des choses. Elle a fait entrer un cabinet d’avocats à l’association. Je suis en contact avec eux, car une commune a volé un avant-projet lumière qui a été stoppé il y a quelques années, et a réalisé le projet sans que l’on soit informé.

Comment s’est passée ton activité de formateur AFE ?

Thierry Walger : j’ai été formateur à l’AFE pendant 6 ans. J’exerçais à Paris et aussi en Belgique. Souvent, les étudiants étaient des responsables lumière de villes ou autres. Je pensais que ces gens allaient se tourner vers des concepteurs lumière pour des projets et qu’ils allaient être conçus dans de meilleures conditions par des professionnels. Eh bien non, bien souvent, c’était : « J’ai fait une formation de dix jours. Je suis concepteur lumière. » Alors que pas du tout. Il faut des années pour devenir concepteur lumière. Mais ce sont eux qui concevaient, ils faisaient ce qu’ils pouvaient [ndlr : on dit qu’un architecte devient bon à 40 ans]. Encore une fois, c’est un métier qui n’est pas encore reconnu.

Comment sensibilises-tu les jeunes à la lumière tous les ans ?

Thierry Walger : je le fais avec plaisir pour transmettre ma passion. En moyenne deux fois par an, je donne des conférences dans des lycées et des collèges, voire dans des facultés, durant trois à quatre heures. Je suis même intervenu une fois dans une cours préparatoire avec des appareils d’éclairage pour que les enfants visualisent la lumière. Ils ont compris très vite. Je fais cela totalement gracieusement, en partant du principe que ces jeunes sont les adultes de demain. Dès l’instant où ils seront sensibilisés, ils n’auront pas le même regard, et peut-être pas les mêmes exigences qu’aujourd’hui.

Propos recueillis par Vincent Laganier le 8 juin 2022 à Bourg-en-Bresse.

 

À suivre…

Thierry Walger : de l’électricité à la conception lumière

Approfondir le sujet

Photo en tête de l’article : jardins de la Fontaine, éclairage paysager, Nîmes, France – Concepteur lumière : Le Point Lumineux © Camille Lafon – Ville de Nîmes

Équipe du projet

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Thèmes Conception lumière Mise en lumière Articles Artistique Architecture Ville Technique Concepteur lumière
Fondateur de l'agence de relations publiques LZL Services depuis 2023. Son thème : la lumière et l’éclairage. Rédacteur en chef et éditeur du portail français n°1 Light ZOOM Lumière depuis 2012. Architecte diplômé de l’École nationale supérieure d’architecture de Nantes. Éclairagiste urbain de 1997 à 2013 en Europe. Auteur de huit ouvrages de référence sur la ville, le bâtiment et le millénaire. Enseignant sur l'histoire de la conception lumière à l’ENSA Nantes et à l'éclairage dans l'art contemporain à l’ENSATT Lyon.
  • En matière d’éclairage architectural ou paysager, patrimonial a fortiori, il y aurait beaucoup à s’inspirer des lumières du théâtre ou de la danse.

    Je pense que l’éclairage est un métier à part entière, faisant appel à la technique, bien sûr, mais aussi (avant tout ?) à l’esthétique.

    En tant qu’éclairagiste du spectacle vivant, je trouve la réalisation du Jardin de la Fontaine, très bien conçue mais il y aurait à affiner les niveaux de luminosité et à revoir les faisceaux de certaines sources, sur les arbres en partie haute et sur la fontaine, notamment, si j’en juge par la photo du moins.
    C’est, néanmoins, malheureusement rare, de rencontrer une scénographie lumineuse de ce type ; bravo à l’équipe de conception !

  • Bonjour et merci de vos appréciations.
    je précise que nous avons réalisé plusieurs séances d’essais lumière sur le site pour, justement, équilibrer les luminosités des différentes mises en lumière, que ce soit les lumières de la fontaine, des arbres, des sources, … .
    Nous avons livré cette installation lorsque nous étions satisfaits de l’ensemble de l’installation. La maîtrise d’ouvrage fut satisfaite et nous avons été invité à prononcer un discours aux côtés du sénateur-maire lors de la soirée d’inauguration.
    Cordialement.

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