Éclairage durable aujourd’hui et demain par Ambiance Lumière
Quand as-tu repris Ambiance Lumière ?
Simon Millet : en 2019, après sept années passées dans le secteur de la téléphonie et des objets connectés, j’ai repris l’entreprise familiale Ambiance Lumière. Ce qui, je dois l’avouer, n’était pas forcément prévu dans mon plan de carrière…
Quelle est la mission de l’entreprise aujourd’hui ?
Simon Millet : aujourd’hui, Ambiance Lumière intervient sur de l’éclairage architectural technique, fonctionnel et décoratif en intérieur comme en extérieur. La technologie LED étant arrivée à une certaine maturité, le marché s’est complètement atomisé et a vu l’apparition d’énormément d’acteurs, sans parler d’une concurrence étrangère extrêmement agressive.
Pourtant, notre mission reste la même : notre leitmotiv est toujours de fournir des produits répondant aux besoins du client et aux usages de son utilisateur. Nous faisons beaucoup d’innovation incrémentale, c’est-à-dire l’adaptation des produits aux besoins du marché ou du projet.
Ce qui nous anime, ce sont notamment les codéveloppements avec des prescripteurs du marché de l’éclairage. Une valeur que l’on aime également bien partager avec nos clients, c’est l’intelligence collective. Cela va jusqu’à créer des produits entièrement sur mesure en partant d’une feuille blanche.
Comment Ambiance Lumière gère-t-elle le développement technique produit ?
Simon Millet : c’est une autre particularité d’Ambiance lumière, nous ne faisons pas d’étude de conception lumière. Nous considérons que c’est le travail de nos clients. Cependant, nous les accompagnons pour le développement technique à la fabrication. En tant que partenaire local, sur des opérations complexes, nous allons même jusqu’à proposer des services comme la programmation ou l’assistance à la pose. Nous adaptons les produits selon les chantiers sur des aspects techniques ou esthétiques. Nous faisons de la petite et moyenne série, et de temps en temps des pièces uniques, selon les besoins et attentes du client.
Quels sont les secteurs d’activité clés de l’entreprise ?
Simon Millet : l’hôtellerie, le tertiaire ou les bureaux, le retail, les ERP (cinémas, salles de sport…) et la mise en valeur architecturale de bâtiments. Voici quelques exemples de nos réalisations.
- Hôtel du Palais à Biarritz, avec le développement spécifique d’un encastré basse luminance conçu pour être démontable et réparable.
- Four Seasons Hôtel Georges V à Paris.
- Tour Silex2 à Lyon, pour ses parties intérieures, avec là aussi un développement spécifique d’un linéaire plafond, trimless, et même seamless, pourrait-on dire, avec la possibilité de faire des lignes continues sur des métrages importants pouvant dépasser 25 mètres.
- Cube vert à Lyon, siège d’Euronews avec l’éclairage architectural des façades.
- Siège de Dior à Neuilly pour l’éclairage extérieur.
Comment l’entreprise approche-t-elle le développement durable ?
Simon Millet : plutôt que le développement durable, j’aborderais cette question sous l’angle de la responsabilité sociétale de l’entreprise. Depuis la création de la société, concernant la conception de nos produits, nous avons toujours fait en sorte qu’ils soient réparables. Aujourd’hui, nous nous inscrivons dans une démarche plus ambitieuse, porteuse de sens, en tant qu’acteur économique. Nous avons décidé d’engager l’entreprise dans une certification RSE comme véritable projet. Mais nous n’attendons pas et n’avons pas attendu cette certification pour agir. Nous intervenons déjà avec plusieurs acteurs. À titre d’exemple, nous avons :
- un partenariat avec la Croix-Rouge pour leur donner des appareils d’éclairage sortis de nos stocks et qui ne peuvent plus être commercialisés,
- un autre avec une ressourcerie spécialisée dans l’éclairage, qui fait du réemploi pour des produits hors service qui n’auraient plus de destination sur notre marché.
Nous travaillons également à la récupération de chutes de production de matière première à des fins de revalorisation.
Autre exemple, depuis plusieurs années, nous sommes partenaires de l’École d’architecture d’intérieur et design Camondo à Paris, pour le soutien à la formation initiale.
Ce sont ces multiples actions qui nous ont fait prendre conscience qu’il fallait aller encore plus loin, d’où l’inscription de cette certification RSE.
Comment vois-tu l’éclairage demain, face à la réparabilité ?
Simon Millet : le composant LED lui-même, à en croire les sachants, arrive à une limite technique. Néanmoins, nous pensons que le secteur va se réinventer, que ce soit par les usages ou la fabrication même des appareils. Ambiance Lumière elle-même évolue. Nous étions sur un secteur où l’on a toujours réparé nos produits et remis en route des installations.
Nous pensons que ce marché va grandir. Nous allons forcément être limités dans l’utilisation des ressources. Le réemploi est déjà une réalité dans l’architecture. Cela concerne l’ensemble des matériaux et produits de la construction, et de facto le luminaire. Je dirais même que nous ne pouvons plus continuer à produire à l’infini. Il va falloir imaginer de nouveaux écosystèmes, comme réparer et upcycler les produits. Ce sera sans doute un métier de demain pour l’ensemble de notre filière, et le nouveau métier d’aujourd’hui pour Ambiance Lumière, en tant qu’acteur responsable de la fabrication des luminaires en France.
Propos recueillis par Vincent Laganier le 16 juin 2022 à Alfortville.
À suivre…
Simon Millet, histoire de l’entreprise Ambiance Lumière