Éclairage intelligent dans le quartier Monchat à Lyon
Quel éclairage intelligent est en cours d’installation sur le quartier de Monchat à Lyon ?
Thierry Marsick : le quartier Monchat se situe dans le 3e arrondissement de Lyon. Il est situé entre les communes de Villeurbanne et Bron et possède pas mal de rues pavillonnaires.
Pour nous, c’est tout simplement la deuxième grande étape de cet éclairage intelligent sur le territoire. C’est ni plus ni moins la réplication d’un constat qui était fait à travers les expérimentations des années précédentes sur l’éclairage urbain à Lyon.
En effet, il y a bien des territoires qui, passés 21h30, ont une activité réduite. Elle se traduit dans les chiffres par une donnée assez simple et systématique : sur le temps de la nuit, nous n’éclairons efficacement que pour 10% du temps. Nous le savons aujourd’hui.
Ça veut dire que pour 90% du temps, nous éclairons rien parce qu’il n’y a pas d’activité humaine dans la rue. C’est ce qui nous a permis d’atteindre un double objectif, le respect de la biodiversité et des économies d’énergie sur Monchat.
Quels sont les choix techniques de pilotage de l’éclairage à Monchat ?
Thierry Marsick : les choix technologiques sont relativement simples. C’est de s’appuyer sur la détection de présence par des solutions technologiques éprouvées depuis longtemps sur le territoire. Mon passage dans la mobilité est intéressant car nous avons quand même un certain recul sur les détecteurs de priorité de véhicule pour toutes les opérations de circulation aux feux liés aux transports en commun. Donc, c’est bête de réinventer ce qui fonctionne déjà. Donc, nous avons été tout simplement là-dedans en utilisant des radars hyperfréquence.
La communication se fait au point lumineux avec un abaissement par tronçon de voies et un report des pannes en ligne.
Qu’en est-il de la télégestion au regard de la maintenance ?
Thierry Marsick : nous allons apporter une dimension supplémentaire sur le quartier Montchat avec le raccordement à la télégestion. Pourquoi ? Parce-que les surcouches technologiques ont un double intérêt en matière économique : économie d’énergie et économie tout court car nous amortissons la rénovation sur des périodes très courtes de 4 à 5 ans.
En revanche, la télégestion complexifie beaucoup la maintenance. Avant, elle se résumait à « ça brille, ça brille pas ». Aujourd’hui, ce n’est plus ça. Il faut comprendre tous les paramètres de fonctionnement. Par exemple, voir si :
- la gradation se fait bien,
- dans un sens de la circulation comme dans l’autre,
- aux bonnes heures,
- au bon niveau d’éclairement…
Donc, nous avons besoin de la télégestion pour remonter ces informations.
Quelle est l’échelle du quartier Monchat au niveau de l’éclairage urbain ?
Thierry Marsick : il y a presque un millier de lanternes qui passe (le millier) dans ce mode de gestion. Donc, il y a un an de travaux. Nous aurons terminé en 12 mois, en mars 2020.
Nous « rétrofitons » toutes les lanternes existantes, c’est-à-dire que nous gardons l’enveloppe et changeons l’appareillage et la source avec des LED.
Pour Montchat, il faudra que nous sachions ajuster la lumière aux besoins. Nous resterons attentifs aux remontées des habitants. Il y aura sans doute une évaluation de ce dispositif. Nous laisserons un petit temps de réglage et d’adaptation, comme toute rénovation pour parfaire l’installation.
Quelles sont les précédentes expérimentations en éclairage intelligent à Lyon ?
Thierry Marsick : la première expérimentation en éclairage intelligent a été menée en 2011 sur la technique sur le square Jeanne Jugan, à côté de la gare SNCF de la Part-Dieu et le jardin du Docteur René Biot. Mes équipes se posaient la question de quel impact l’éclairage intelligent a t-il sur les ambiances nocturnes ? Il y a eu d’autres développements dans le centre-ville, notamment sur la passerelle Saint-Vincent.
Ensuite, sur le 9ème arrondissement, dans le quartier de Saint Rambert, nous avons développé la télégestion et expérimenté sur une rue, le chemin de Montpellas, la détection de présence au point lumineux. Nous nous sommes rendus compte qu’il y avait une très bonne acceptation à partir du moment où nous étions transparents avec les habitants, notamment quand ils ne se rendaient pas compte de ce qui se passait.
Fin 2014, nous avons mené une expérimentation sur un quartier dans son entier, le plateau du 5ème arrondissement sur la colline de Fourvière, où nous avons déployé à grande échelle un éclairage à détection de présence.
Nous avons alors été dans une forme de simplification. Jusqu’à présent nous avions fait de la détection au point lumineux ou sur des tronçons lumineux ou d’ouvrages d’arts, mais nous l’avons fait sur des tronçons de voies. Comme précédemment, nous avons aussi voulu évaluer ces solutions.
Qu’en est-il de la place de la lumière artificielle dans la vie ?
Thierry Marsick : en échangeant avec mes collègues africains à Dakar pour une rencontre du réseau LUCI, je me suis aperçu que nous ne nous rendons plus compte, dans nos sociétés habituées à la lumière depuis extrêmement longtemps, que la lumière c’est juste un prolongement de l’activité économique et éducative. Nous avons besoin de lumière pour pouvoir générer un certain nombre d’activités, pour pourvoir lire, tout simplement. C’est essentiel dans la vie !
Propos recueillis par Vincent Laganier le 15 avril 2019 à Lyon.
A suivre
Thierry Marsick : de la mobilité à l’éclairage urbain
Approfondir le sujet
Équipe du projet
Lieu
- Monchat
- Lyon, France
Idée astucieuse,
Etant Lyonnais, je pense que ce projet est malin.
L’extinction des éclairages publics à 23h ou 23h30 suivant les communes de la périphérie Lyonnaise est à mon avis une fausse bonne idée.
Je trouve cela très dangereux pour les piétons, de nombreuses personnes sortent leurs animaux avant le coucher et se retrouvent dans le noir total !!! ce n’est pas rassurant du tout, pire encore, dans les rues sans trottoir.
La détection a fait ses preuves, et couplée à un éclairage de sécurité (quelques watts par heure), c’est une vraie solution pour une consommation électrique maîtrisée tout en maintenant la sécurité des passants.