« Éclairage public et lumière privée forment l’éclairage urbain » Thierry Marsick
De l’éclairage public à l’éclairage urbain, suite de l’interview de Thierry Marsick.
Quelle était l’organisation de la Direction éclairage public en 2002 ?
Thierry Marsick : jusqu’alors l’organisation était de type service industriel. Il y avait :
- un service de conception,
- un service de maintenance,
- un service logistique,
- un service organisation, méthodes et sécurité,
- une structure administrative.
Avec les évolutions technologiques, je me suis rendu compte que nous avions un choix assez clair : soit de se transformer, soit d’être condamné à disparaitre ! Notamment sur les questions liées à la maintenance et à l’intégration des nouvelles technologies dans le monde de l’éclairage. C’est quelque chose qui revient souvent dans les discours d’aujourd’hui, sur la ville connectée, la ville interconnectée, la ville qui cherche une nouvelle technologie.
Quel est la place de la technologie dans l’éclairage urbain ?
Thierry Marsick : la technologie n’est pas une fin en soi, mais au service d’un projet. Ce projet peut s’enrichir à partir du moment où nous sommes capables de capter toutes les innovations qui nous permettent de faire ce que nous ne pouvions pas faire avant. Au service de la lumière et pas au service de la technologie, pour la technologie. C’est vraiment quelque chose qui semble guider notre action. Nous ne sommes pas là pour faire le buzz sur tel ou tel sujet, mais bien plus pour transformer le paysage nocturne.
Comment est organisé le service d’éclairage de la ville de Lyon en 2019 ?
Thierry Marsick : dans l’organisation de la Direction de l’éclairage urbain, nous avons re-clarifié le rôle du bureau d’études qui est vraiment axé sur la conception lumière pure. Nous avons réorganisé la maintenance, qui était en quatre secteurs géographiques répartis sur deux rives, en maintenance adaptative et organisée par pôle de compétences. Aujourd’hui, il existe sur chaque rive du Rhône :
- un pôle dédié à l’éclairage fonctionnel, ce que nous connaissons traditionnellement de l’éclairage public,
- un pôle dédié à l’entretien des mises en lumière et aux nouvelles technologies liées à la fois aux illuminations mais aussi à l’éclairage intelligent, le smart lighting.
Il y a véritablement un changement de compétences et un changement de métier pour les équipes. Cette adaptation me paraissait essentielle pour mettre en place les moyens encore plus au service d’un projet.
Qu’en est-il du service méthodes ?
Thierry Marsick : le service méthodes a aussi changé. Il a pris une notion de support à l’organisation, notamment :
- le développement de la télégestion,
- la centralisation de la donnée sur le patrimoine d’éclairage urbain,
- la GMAO, gestion de maintenance assistée par ordinateur,
- le contrôle réglementaire.
Combien de personnes travaillent dans le service éclairage à Lyon ?
Thierry Marsick : il y a environ plus de 90 personnes à la Direction de l’éclairage urbain ; le service de Maintenance constituant le gros des troupes.
Pourquoi as-tu changé le nom de la structure en Direction de l’éclairage urbain – DEU ?
Thierry Marsick : parler finalement d’éclairage public, c’était rattacher notre structure à la lumière purement publique. Quand j’ai fait le choix de changer le nom en 2018 de Direction de l’éclairage public en Direction de l’éclairage urbain, c’était pour montrer que notre champ d’action était plus vaste depuis plusieurs années, s’inscrivant dans une politique d’aménagement urbain.
Est-ce l’éclairage privé est une nouvelle vocation de la DEU ?
Thierry Marsick : depuis longtemps, notre rôle est aussi de conseiller et de dialoguer avec des acteurs privés sur l’éclairage. C’est quelque chose que nous avons fait, par exemple : sur le quartier de la Part-Dieu, les quatre tours à l’Observance ou avec un promoteur sur le secteur de Perrache. Nous avons eu un dialogue très constructif qui montre que nous nous inscrivons dans ce dialogue commun. Éclairage public et lumière privée forment l’éclairage urbain.
Quelle interaction rêves-tu entre éclairage public et lumière privée ?
Thierry Marsick : comment faire dialoguer lumière publique et lumière privée dans l’espace public ? Une question qui est essentielle. Je trouve que sur des critères d’énergie, parfois des bêtises sont faites. C’est notamment quand des halls d’immeubles sont éteints. C’est une présence qui est fondamentale dans la ville nocturne. En étant un peu fou, lorsqu’un habitant sort de son hall d’immeuble, il y a une interaction avec l’espace public. Pourquoi n’allumerait-il pas la rue ?
Propos recueillis par Vincent Laganier le 15 avril 2019 à Lyon.
A suivre…
Tendances de l’éclairage urbain et politique lumière à Lyon
Photo en tête de l’article : pont de la Guillotière, Lyon, France – Concepteur lumière : Direction Éclairage Urbain, Ville de Lyon © Vincent Laganier