« En éclairage extérieur, la France est le leader mondial » Joachim Ritter
Quel est votre parcours professionnel ?
Joachim Ritter : j’ai une formation commerciale à laquelle j’ai ajouté celle de journaliste. En travaillant pour un magazine architectural, à la fin des années 80, j’ai commencé à me tourner vers de nouvelles manières de publier. En 1994, j’ai démarré ma propre maison d’édition avec un projet appelé le « VIA year book ». C’était la première base de données des nouveaux produits, introduite juste au moment de l’ère pré-Internet. A cette époque, il n’y avait pas de moteurs de recherche comme aujourd’hui. Donc, nous étions en avance sur notre temps.
Comment était la conception lumière en Allemagne il y a 20 ans ?
Joachim Ritter : il y avait déjà de la conception lumière il y a 20 ans, mais ceux qui la pratiquaient n’étaient pas reconnus comme des spécialistes. Seulement quelques-uns étaient capables de vivre de cette activité.
Comment avez-vous créé le magazine PLD ? Pourquoi avec les Éditions VIA ?
Joachim Ritter : l’idée de PLD était de promouvoir ces concepteurs lumière spécialisés auprès des architectes et des clients. Nous avons été le premier éditeur à publier ce concept de conception lumière et pas seulement à parler de technologie d’éclairage comme point de départ. VIA-Verlag a été créé pour présenter les idées de la conception lumière et mettre en place la profession.
Comment a été mise en place l’association ELDA avec un focus européen ?
Joachim Ritter : depuis le début, ça a été juste un travail éprouvant pour expliquer et faire sens de créer l’association au niveau européen. VIA a aidé à sa fondation.
Pourquoi l’association a changé son nom pour PLDA ? Qu’est-ce que la profession souhaitait devenir ?
Joachim Ritter : c’était une demande des adhérents. En 2001, suite à l’échec de la fusion entre ELDA et IALD, ELDA a décidé de cibler le monde. Elle a été renommée ELDA+. Ça a été un vrai succès et, en 2004, l’association a eu autant de membres que IALD. Mais plus les gens à travers le monde voulaient être membres, moins ils se sentaient ok avec le nom de l’association. Les concepteurs du monde entier ont demandé de changer le nom. Tapio Rosenius était responsable du processus de ce changement de nom. Keith Bradshaw de Speirs & Major a suggéré que l’association prenne le nom d’association des professionnels de la conception lumière. C’est comme ça que le nom de PLDA est né. Un des arguments était de seulement changé le “E” en “P”.
Quels sont les meilleures réalisations de cette association pour vous ?
Joachim Ritter : parce que PLDA a été créée comme une communauté internationale, elle a été très performante pour accompagner le développement des formations de Master et Bachelor à Wismar, Hildesheim, Stockholm, Madrid et Drammen. PLDA a été un exemple pour d’autres associations. Le marché et la conception lumière se sont développés en Europe vers un marché leader à travers le monde. Il y a eu des discussions enrichissantes entre les concepteurs lumière et l’industrie de l’éclairage. Des collaborations efficaces avec des salons comme Light+Building, Euroluce, Interlight, Light Middle East et d’autres. Ces collaborations n’étaient pas simplement de présenter des logos, mais d’être partie prenante dans les salons. Et il y avait un programme pour éduquer un large public.
PLDA a créé le programme des workshops Alingsås et a encore servi d’exemple. Je crois aussi fortement que cela fait sens d’avoir au moins deux associations internationales actives sur ce marché. Ça aide. La dernière expérience comme, par exemple, les compétitions de football de la FIFA, montre que c’est très saint. PLDA a juste travaillé de manière efficace. Avec une partie du budget d’autres associations internationales, nous avons fait plus. Tout cela manque à nouveau aujourd’hui.
Comment avez-vous vécu personnellement le moment le plus dur jusqu’à la fin de l’association ? Votre business était-il construit dessus ?
Joachim Ritter : depuis le début jusqu’à la fin, PLDA et VIA-Verlag ont été deux organisations séparées et indépendantes. Si ça n’avait pas été le cas, VIA n’existerait plus du tout. Ça a été un partenariat de travail enrichissant. Mais il est vrai que PLD et VIA ont aidé PLDA à sa fondation et avec des conseils stratégiques. A un moment, je me suis retiré de PLDA. Mais c’était une erreur. Les concepteurs lumière prouvent qu’ils ont besoin de conseils professionnels en stratégie et sur les aspects commerciaux. VIA continue d’aider la profession, plus particulièrement les jeunes concepteurs lumière, les chercheurs et les talents. Et VIA est plus rentable depuis que nous sommes indépendants. Les deux derniers PLDC en 2013 et 2015 ont progressé de 20 % sur tous les aspects. Avec PLDA comme partenaire principal, nous avions progressé de moins de 10 %.
Que pensez-vous de la certification Certified Lighting Designer (CLD) ?
Joachim Ritter : CLD n’est pas la solution et de manière évidente, rien d’autre qu’un outil marketing pour ceux qui proposent la certification. Elle se réfère aux fabricants comme aux associations. Elle ne promeut et n’aide pas vraiment la profession, mais seulement ceux proposant la certification. Ce n’est pas aussi indépendant que cela devrait être. Elle n’établit pas la profession de la bonne manière. Elle ignore l’existence des programmes de Master et de Bachelor. Elle se focalise sur les « professionnels établis » et est volontaire.
En résumé, le programme CLD est sans valeur quand on en vient à la question d’établir la profession de concepteur lumière. Le schéma actuel n’a pas de formation continue professionnelle. Qu’est-ce que cela veut dire d’avoir 1 000 concepteurs lumière certifiés en comparaison aux 100 000 qui peuvent encore s’appeler concepteur lumière et offrir leur services sur le marché ? L’avenir va confirmer mon point de vue, j’en suis sûr.
En 2015, les concepteurs lumière ont réalisé beaucoup d’initiatives pour l’Année internationale de la lumière ? Comment être critique ?
Joachim Ritter : c’est facile : qu’est ce qui reste de cette année et de toutes ces initiatives en ce qui concerne l’évolution de la profession ? La plupart des évènements était plus de célébrer le moment et de se célébrer eux-mêmes. Tout le monde peut se répondre à lui ou elle-même, quel effet durable comme on dit elle a eu.
Quel est le sujet principal de PLDC 2017 à Paris ?
Joachim Ritter : le slogan et thème principal est “shift happens” et il reflète le changement du marché sur la technologie et les structures, le design et l’architecture. Il y aura un grand focus sur l’éclairage extérieur. C’est pourquoi nous avons choisi la France et Paris. Quand on parle d’éclairage extérieur, la France est le leader mondial.
Quel est le rétro-planning de PLDC 2017?
Joachim Ritter : nous aurons quelques « warm up » et un appel à communication. C’est une réponse brève, mais un travail énorme.
Quand aura lieu l’appel à communication ?
Joachim Ritter : l’appel à communication sera lancé en septembre et sera ouvert jusqu’en novembre 2016.
Quels seront le lieu et les dates de l’évènement?
Joachim Ritter : l’évènement est prévu pour prendre place dans un grand centre de convention professionnelle, le Palais des Congrès.
Comment travaillez-vous avec les concepteurs lumière français sur ce congrès ?
Joachim Ritter : l’ACE est le partenaire principal. Nous discutons en ce moment aussi avec des partenaires officiels importants. Roger Narboni a accepté d’être membre du comité d’organisation. D’autres partenariats vont être annoncés quand ils seront signés.
Que pensez-vous de l’idée d’organiser un événement PLDC+ en parallèle de PLDC warm-up ?
Joachim Ritter : ce sont des activités intéressantes planifiées en plus de PLDC. Elles ne sont pas seulement en discussion, mais en phase de structuration et d’organisation. Je pense que nous aurons quelques nouvelles intéressantes prochainement.
La plupart des concepteurs lumière français ne parlent pas ou mal la langue de Shakespeare. Comment avez-vous prévu de les intéresser à PLDC 2017 ?
Joachim Ritter : les experts de l’éclairage parlent la langue de la lumière, qui est universelle. Nous avons eu les mêmes questions en Espagne et en Italie. Je suis sûr que les Français sont aussi professionnels qu’ouverts pour trouver les bons moyens.
Pourquoi ne pas avoir des résumés en français dans les articles de PLD ?
Joachim Ritter : je pense que la France a des magazines de grande qualité et que le marché français ne dépend pas du magazine PLD. Tous les magazines ont les mêmes sources d’informations.
Comment voyez-vous la conception lumière dans 10 ans ?
Joachim Ritter : je serais un homme riche si je pouvais répondre à cette question en détail. Bien sûr, cela dépend de la question : comment la communauté peut sérieusement établir la profession. Sinon, cela serait très bien comme c’est maintenant, avec une plus grande interactivité entre les éléments. Mais je pense que j’aurai encore une bougie sur ma table de restaurant quand j’aurai un bon diner. La conception lumière est liée à la qualité de la lumière naturelle. Cela ne va pas changer en dix ans, donc la conception lumière ne va pas réellement changer rapidement. Mais peut-être que la technologie et les structures de marché vont changer…
Approfondir le sujet
Lieu
- VIA-Verlag, Joachim Ritter
- Gütersloh, Allemagne