ENS Paris-Saclay : éclairage de Nawel Creach-Dehouche

Quel est votre parcours professionnel ?

Nawel Creach-Dehouche : je suis de formation architecte. Suite à l’obtention de mon diplôme en 1999, j’ai étudié la physique, principalement la mécanique des fluides, pendant une année en Angleterre. Ensuite, j’ai fait le « DESS Ambiance et Confort pour l’architecture et l’urbanisme » à l’école nationale supérieure d’architecture et de paysage de Bordeaux. J’ai effectué mon stage de fin d’études dans l’agence d’Anne Bureau ; c’est là où j’ai vraiment découvert le métier de concepteur lumière. Diplôme en poche, je suis venue à Paris en 2003 pour intégrer l’agence Cosil sous la direction de Gérard Foucault. L’agence est devenue Cosil Peutz Lighting Design – Cosil Peutz – en 2015.

Comment a débuté le projet de l’ENS Paris-Saclay avec RPBW ?

Nawel Creach-Dehouche : nous avions déjà intégré l’équipe de RPBW pour différents projets. Un concours d’architecture a été lancé pour l’ENS Cachan sur le campus Paris-Saclay. RPBW a fait appel à nous pour que nous étudiions l’éclairage architectural. Nous avons traité l’ensemble des espaces, hors locaux techniques : salles d’enseignements, laboratoires, halls d’essais, bureaux, circulations… Nous avons également travaillé en collaboration avec le bureau d’études AIA.

Quelles sont  les étapes du projet d’éclairage ?

NCD : nous définissons les principes d’éclairage des zones qui reçoivent le public ainsi que des espaces un peu plus spécifiques comme l’accueil, le restaurant, la bibliothèque, les amphithéâtres et les circulations… Dans les locaux d’enseignement, du fait du nombre important de salles, nous étudions différentes configurations de locaux types.

Nawel Creach-Dehouche : nous déterminons les principes d’éclairage par espace, les appareils et accessoires puis les plans et les études d’éclairement. Dans certains espaces, nous créons des ambiances spécifiques (au-delà des aspects normatifs) comme dans la Kokarde (cafétéria des étudiants) ou le restaurant universitaire qui sont des espaces de rencontres et d’échanges pour les étudiants.

Nous décidons l’implantation des appareils d’éclairage dans les zones que nous étudions (locaux types, locaux spécifiques) puis le Bureau d’Etude Technique AIA se charge de décliner ces principes sur les plans de tous les niveaux (déploiement des principes d’éclairage dans tous les locaux). C’est ainsi que nous procédons pour les grands projets.

Quels sont les contraintes propres à l’éclairage électrique ?

Nawel Creach-Dehouche : en termes d’éclairage intérieur, nous avons plusieurs normes à respecter. Pour les locaux d’enseignement, c’est la norme EN 12464-1. Bien sûr, nous portons une attention particulière aux ambiances et au confort des utilisateurs.

Pour ce projet, nous avions également des contraintes en termes de consommation énergétique. C’est un projet où nous avons utilisé au maximum la LED et essayé d’avoir le moins de types de luminaires possible pour simplifier la maintenance, avec un minimum d’appareils. Il y a des halles d’essais qui font une double hauteur, des salles d’enseignements, des bureaux où les obligations en termes de niveau d’éclairement ne sont pas les mêmes. Du fait de la dimension et de la complexité du projet qui présente un grand nombre de configurations, nous retrouvons au final un nombre important de typologies d’appareils d’éclairage (45 fiches techniques).

Nawel Creach-Dehouche : notre vision, à l’agence, est de ne pas faire un showroom de luminaires, mais de proposer des principes d’éclairage simples et des implantations intégrées à l’architecture et au bâtiment. Nous avons travaillé en collaboration avec l’architecte dès les premières phases de conception ; par exemple, dans les salles d’enseignement, il y a des panneaux acoustiques qui sont suspendus au plafond. Nous avons placé les luminaires entre ces panneaux pour une intégration discrète.

Nawel Creach-Dehouche : pour les espaces extérieurs, nous avons travaillé sur la mise en lumière de la façade car l’image nocturne de l’ENS Paris-Saclay est importante. Nous sommes dans la ZAC du Moulon dont l’agence Concepto est chargée du schéma directeur d’aménagement lumière. Il y avait pour ce projet un cahier des charges d’éclairage extérieur à respecter. En plus, étant sensibles aux différentes stratégies de conservation et de protection de la nature, nous nous sommes appliqués à ne pas créer de pollution lumineuse et d’éclairer là où c’est nécessaire.

Nous avons décidé de ne pas éclairer tout le jardin mais, au contraire, de laisser des zones sombres afin que la faune et la flore puissent se reposer la nuit.

En résumé, nous avons des objectifs d’ordre énergétique, architectural et environnemental.

A suivre…

BIM en phase de conception, l’exemple de l’ENS Paris-Saclay