Étapes de la conception d’un spectacle de drones
Quelle est la première étape pour faire un spectacle de drones ?
Youssef Aouad : la première étape, c’est d’étudier si les lieux sont adaptés pour ce type de spectacles. C’est Rayane qui s’occupe des distances et des emplacements dans l’environnement.
Rayane Aouad : on prend en compte toutes les contraintes environnementales : la proximité d’un aéroport ou par exemple, en pleine ville, un stade avec des bâtiments tout autour, on va voir que dans ce cas, ce n’est pas possible. Il faut une certaine distance pour assurer la sécurité.
Youssef Aouad : pour la sécurité, il faut aussi que les autorités locales prennent des engagements et nous garantissent un certain périmètre. Parfois, on a fait des spectacles ou la police municipale bloque certaines rues, pour qu’il n’y ait personne dans le périmètre de sécurité. De toute façon, c’est prévu dans le dossier qu’on prépare en amont.
Quelle est la deuxième étape jusqu’au storyboard ?
Youssef Aouad : une fois que cette étape est validée, on échange avec le client sur ce qu’il veut exactement, s’il a des idées, des envies. On s’adapte vraiment à ses souhaits. À partir de là débute un dialogue permanent avec le client pour qu’il suive l’élaboration de la chorégraphie.
Comment travaillez-vous la modélisation 3D du site ?
Rayane Aouad : quand on peut, on modélise la zone où l’on va faire le spectacle. Ce qui nous permet d’intégrer les éléments de l’environnement. Pour cela, j’utilise un drone photo qui fait un relevé en photogrammétrie du terrain, avec un angle un peu orienté de la caméra. Ensuite, avec un logiciel, j’assemble toutes les photos et cela donne un nuage de points.
À Flaine, on n’a pas pu faire cette modélisation, parce que lors du repérage, il y avait du monde sur les pistes et on n’avait pas d’autorisation de vol.
Comment préparez-vous la chorégraphie du spectacle ?
Youssef Aouad : l’avantage, c’est que j’intègre cette modélisation 3D quand je fais des chorégraphies, comme ça je vois où sont les limites de l’espace. Dès le départ, on s’est aperçu que c’était une force et qu’on était assez complémentaires pour avoir une vue d’ensemble de tous les éventuels problèmes. Cela fait partie de notre prestation.
Youssef Aouad : ensuite, on construit un storyboard avec différentes figures et la chronologie. Une fois qu’on a confirmé cette étape-là, on passe à la validation client. Ensuite, on travaille sur le logiciel Blender pour faire l’animation. C’est un outil de base assez puissant, car on peut adapter pas mal d’extensions. On en développe par exemple pour contrôler la vitesse et la position des drones.
Où a lieu le test du spectacle de drones ?
Rayane Aouad : on teste le spectacle de drones sur notre terrain d’entraînement. On s’assure que le rendu soit bon selon la distance avec le public. Par exemple, avec du texte, si on est trop près, le résultat n’est pas correct, alors que 50 mètres plus loin, il serait bon.
Youssef Aouad : on l’étudie déjà en amont. On sait à quelle distance sera le public par rapport aux drones. On évalue l’espacement que l’on peut mettre entre chaque drone pour que la visibilité soit meilleure.
Rayane Aouad : et aussi l’angle de vision, pour que le spectacle soit bon. On peaufine.
Combien de temps prend la demande d‘autorisation auprès de l’aviation civile ?
Rayane Aouad : l’autorisation d’exploitation de la DGAC prend environ un mois et demi. Une fois qu’on l’a obtenue et que la chorégraphie est faite, il n’y a plus qu’à réaliser le spectacle.
Quelles sont les premières choses que vous faites en arrivant sur le site ?
Rayane Aouad : d’abord, on définit l’orientation et là où sera placé le public, on constate les différents obstacles que l’on n’avait pas vus, comme des arbres un peu hauts.
Rayane Aouad : enfin, on installe une antenne qui va communiquer avec les drones et l’ordinateur. Dessus, il y a une station de contrôle UGCS. Puis on fait quelques réglages au niveau du GPS.
Rayane Aouad : ensuite, on installe les drones au sol, on les allume, on les connecte et on vérifie que tout est bon.
Youssef Aouad : on a un protocole de calibration. Quand on change de lieu, il faut tout recommencer.
À quoi correspond la « danse » avec les drones à la main avant le spectacle ?
Rayane Aouad : c’est la calibration du magnétomètre, la boussole du drone. Pour chaque nouvel environnement, ils doivent être recalibrés parce qu’il y a différentes interférences dues à l’orientation par rapport au nord.
Youssef Aouad : en fonction du lieu, les perturbations environnementales sont différentes. Donc il faut que le drone s’adapte aux différents axes.
Propos recueillis par Vincent Laganier à Flaine, le 10 février 2022.
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À suivre…
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Photo en tête de l’article : équipe du spectacle lumineux de drones Exaus avec les fondateurs entreprise, Rayane et Youssef Aouad, a droite – Station de ski, Flaine, Haute-Savoie, Alpes – 9 février 2022 © Vincent Laganier