French Light, le design d’objets lumière contemporain
Dans quels secteurs de la lumière évolue French Light ?
Frédéric Gervais : cela fait à peu près quinze ans que je suis dans le domaine de l’éclairage, dont dix où je m’y consacre tous les jours. Mon domaine de prédilection : la lumière architecturale.
French Light n’est pas une entreprise structurée pour l’événementiel, et pour une raison personnelle, cela m’est insupportable de démonter un travail que j’ai mis des mois à concevoir et à réaliser. Alors nous travaillons sur des projets pérennes, c’est-à-dire que nous nous occupons également de la maintenance. Nous faisons des projets qui durent et que l’on doit pouvoir maintenir dans le temps.
Quels sont ces secteurs d’activité dans l’éclairage ?
Frédéric Gervais : pour les segments d’activité, nous travaillons dans le commerce de détail, où nous avons fait des totems lumineux, mis en œuvre des lampes et briques de verre lumineuses.
Nous travaillons aussi dans le domaine tertiaire, notamment pour le groupe Icade, pour le bâtiment Pulse. Enfin, dans le domaine public, en particulier pour la RATP, avec notre premier projet qui était la station Saint-Denis, basilique avec des totems lumineux en parement qui s’inspirent des vitraux de la basilique.
Nous faisons également un peu d’éclairage public, mais pas en direct. En général, nous travaillons pour des lighting designers qui s’orientent vers des projections de texture lumineuse, et nous faisons essentiellement de la fourniture de dalles optiques ou de dispositifs optiques sous forme d’adaptation de canon sur mesure sur des projecteurs existants.
Quelle est la signature lumineuse des boutiques Free ?
Frédéric Gervais : la première réalisation marquante que j’ai pu réaliser autour de la lumière, c’était une participation au développement des boutiques Free. Nous avons conçu des colonnes lumineuses rouges rétroéclairées avec des cartes LED faites sur mesure.
Nous avons également réussi à concevoir une très belle qualité de lumière rouge en additionnant un filtre rouge et une LED rouge, ce qui servait de signature lumineuse pour la marque.
Cette notion de signature lumineuse, c’est quelque chose que nous retrouvons souvent dans le travail de French Light : cette préoccupation de mettre en œuvre de la lumière qui communique des valeurs de marque ou des intentions architecturales. Et Free en était un bel exemple.
Quels designs lumière sont installés au centre commercial d’Euralille ?
Frédéric Gervais : nous avons eu la chance de travailler pour le centre commercial d’Euralille, en collaboration avec Saguez & Partners. C’était un gros challenge structurel, car nous devions suspendre des colonnes, avec des briques de verre, à une trentaine de mètres de haut.
Ce fut un travail de la lumière LED très soigné, car nous avions conçu une carte LED RGBW piloter en DMX pour avoir un éclairage un peu standard dans l’année, en blanc chaud/blanc froid, et prévoir une communication événementielle pour des journées comme Noël ou la Saint-Valentin. Un projet assez marquant pour nous, et toujours actif aujourd’hui.
Toujours dans le centre commercial d’Euralille, nous avons également réalisé sur la place Primark une grosse installation avec des tubes lumineux, où nous avons fait un travail de recherche sur des tubes à haute diffusion lumineuse. Nous nous sommes rapprochés de la sensation du néon et nous avons vraiment un éclairage en 360, que nous avons travaillé en détail.
Quels totems lumineux sont installés à la station de métro Auber, à Paris ?
Frédéric Gervais : c’est un projet marquant que nous avons fait dernièrement pour la RATP ; la station Auber avec ses grands totems lumineux.
Nous avons travaillé sur un système de diffusion de la lumière à LED, pour lequel nous avons utilisé des strips de LED assez classiques afin d’en faire quelque chose de magique, avec un système de diffusion multicouche en PETG. C’est un projet qui est assez chouette.
Quelle est l’œuvre lumière d’Ed Pien dans les Tours Duo ?
Frédéric Gervais : dans les Tours Duo des Ateliers Jean Nouvel, nous avons réalisé l’œuvre d’Ed Pien, un sculpteur canadien. Il a dessiné une sculpture qui mesure dix mètres par cinq mètres de haut. C’est quelque chose d’assez monumental et qui nous a demandé de rétroéclairer son œuvre.
Il y a seize zones sur celle-ci, qui forment une histoire et permettent de guider la lecture de l’œuvre. Nous avons travaillé avec des linéaires de LED en deux couleurs, 2200 K et 3200 K. Et cela a permis de gérer la température de couleur de manière très fine et en allant dans le sens du support qui appuyait l’œuvre en acier Corten.
Quelle était la contrainte pour les tubes lumineux suspendus ?
Frédéric Gervais : nous pouvons également parler du projet que nous avons mené à bien pour Icade. C’était un gros projet, car nous avons réalisé l’éclairage extérieur et intérieur du bâtiment. Cela nous a permis de travailler avec un système de tubes lumineux suspendus.
La contrainte, c’était que cet éclairage décoratif serve aussi d’éclairage technique. Nous avons vraiment pu développer tout notre savoir-faire en éclairage décoratif qui répond également aux normes d’éclairage technique standard. C’est un exercice que nos clients nous demandent assez régulièrement.
Quels sont vos moyens et outils de travail ?
Frédéric Gervais : nous faisons ce qui pourrait s’appeler du travail d’artisan, c’est-à-dire que nous mettons les mains dans la matière optique, dans l’électronique et dans la LED en tant que telle. Et c’est l’accumulation de ces différentes expériences qui crée notre savoir-faire à la fois artistique et technique. Nous sommes au service des lighting designers et de nos clients. C’est quelque chose d’important pour comprendre French Light.
Notre atelier est de taille moyenne et il est habilité pour faire des séries d’environ cent pièces, ce qui nous permet de faire de beaux projets. Nous faisons pas mal d’impression 3D, de prototypage résine pour valider la conception de pièces techniques, d’assemblage, cela nous aide à être plus réactifs et rapides sur la conception des pièces.
Le premier avantage de French Light, c’est d’avoir une équipe de rêve, possédant des savoir-faire dans différents domaines, notamment dans l’impression 3D ou l’ingénierie de structure. Cette accumulation de savoir-faire, si je puis dire, crée le principal outil de travail de French Light. Au-delà de la matière grise, nous fabriquons beaucoup, et pour cela, nous avons un réseau de sous-traitants en France, mais aussi à l’étranger, notamment pour l’achat de l’électronique. Ces partenaires industriels sont extrêmement importants pour la qualité de nos projets.
Propos recueillis par Alexandre Junca, le 17 octobre 2022.
À suivre…
Design lumière avec des concepteurs lumière français
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Photo en tête de l’article : sculpture lumineuse en briques de verre, Centre commercial Euralille, Lille, France – Saguez & Partners – Luminaires : French Light © Frédéric Gervais
Équipe du projet
Lieu
- Westfield Euralille
- Lille, France
Livres
Éclairage et lumière du IIIe millénaire, 2000-2050, un livre collector
Le phénomène éclairage a vécu une mutation. Ville, architecture, conception lumière, pollution lumineuse... Qu'en sera-t-il demain ? |