Georges Fessy : secrets lumineux de la nature morte au portrait
On connaît le travail de Georges Fessy sur l’architecture. On sait moins qu’il a travaillé sur la nature morte et qu’il est passionné par le portrait.
Quel matériel utilisiez-vous à l’époque sur les natures mortes ?
Georges Fessy : par manque de moyens, cela tenait d’abord du bricolage. J’ai amélioré le dispositif au fil des années :
- J’éclaire toujours avec une source de lumière principale : d’abord avec de gros flash de studio, puis avec la lumière tungstène qui peut être manipulée.
- Le carton qui sert de support au saumon emballé : souple, utilisé à plat ou légèrement incurvé. Son revêtement brillant ou réticulé réfléchit très bien la lumière !
- Un échafaudage de cartons blancs pour un reflet lumineux, ou gris pour un effet atténué.
Qu’est-ce que la « boite à lumière » ?
Georges Fessy : c’est une grande boîte que j’ai ensuite construite et que j’ai complétée :
- une boîte de 2 m x 2 m sur roulettes avec quatre lampes de 250 W, utilisées seules ou ensemble, pour avoir de la lumière en hauteur ou pour varier l’intensité de l’éclairage,
- deux plaques d’Altuglas qui diffusent bien la lumière, pour donner l’ambiance générale, une qui roule (sur la boîte) et une accrochée au plafond que j’incline au gré des besoins,
- de grands cartons blancs de 2,5 m de haut, en cadapack [ndla : appelé aussi carton plume, connu des maquettistes], avec une face blanche et une face noire, montés dans une structure métallique légère sur rail, que je déplace sur les côtés de la composition,
- un petit carton utilisé comme coupe-flux,
- quelques petits spots placés sur les côtés ou planqués derrière les objets à photographier.
Comment obtenez-vous certains effets ?
Georges Fessy : le mystère d’une photo tient à la modulation de la lumière. Tous les effets que je crée sont réels. J’organise la composition et le décor. Je cherche le meilleur éclairage. Je règle mon appareil et je prends toujours la photo en argentique.
Je ne retouche donc aucune photo sur ordinateur, contrairement à ce que l’on fait aujourd’hui. Je peux passer une à quatre heures sur une seule nature morte.
Tous ces dispositifs m’aident à obtenir ce que je cherche :
- la courbe du front et le bord gauche du buste sur la sculpture, en contraste sur le fond,
- cet éclat particulier sur un détail de l’orfèvrerie,
- le reflet de la lumière sur le bouchon d’un flacon de parfum et sur la plaque qui lui sert de support.
Quelle lumière utilisez-vous dans la photographie de portrait ?
Georges Fessy : de la lumière naturelle avant tout : c’est la « douce lumière du jour » qui restitue un visage. Éventuellement un éclairage très simple par un flash dans un grand parapluie. L’effet diaphane que l’on peut voir sur certaines de mes photos est réalisé en laboratoire, au développement du film.
A suivre
Georges Fessy, photographe d’architecture et du patrimoine
Approfondir le sujet
- Julia Margaret Cameron : l’émouvante sensibilité du collodion
- Manuel d’éclairage photo, de Fil Hunter, Steven Biver, Paul Fuqua
- Éclairer et photographier les objets, de Nath-Sakura
- Robert Doisneau, portraits d’artistes et vues de Lyon
- Le corps gros # métamorphoses, photographies de Bertrand Perret
Photo en tête de l’interview : Orfèvrerie – Photographie de Georges Fessy, format 20 x 25 cm sur film Ektachrome de Kodak – 1982 – Image : Sophie Caclin avec l’aimable autorisation de Georges Fessy
Suite de l'article
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Lieu
- Croix-Rousse
- Lyon, France