Interview

Hervé Grimaud, du recyclage en éclairage au réemploi électrique

Après le recyclage des lampes, le réemploi en éclairage avance-t-il avec les équipements électriques ? Rencontre avec Hervé Grimaud, fondateur de Proclus.

 

 

Ingénieur de formation, Hervé Grimaud commence sa carrière dans la fabrication de matériel électrique et de disjoncteurs. Il passe ensuite 11 ans chez un équipementier aéronautique et arrive dans le monde des éco-organismes il y a 15 ans, avec Récylum.

Comment le traitement des lampes en fin de vie a-t-il commencé ?

Hervé Grimaud : À l’époque, Philips Lighting, Osram, General Electric et Sylvania avaient créé Récylum pour la collecte et le recyclage des lampes à décharge et les tubes fluorescents en fin de vie.

Recyclage des tubes fluorescents © Récylum

Très vite, l’éco-organisme s’est développé sur un mariage des appareillages d’éclairage et des luminaires professionnels [N.D.L.R. Aujourd’hui, il se nomme « ecosystem »]. Donc, nous étions déjà beaucoup liés au bâtiment et aux équipements médicaux.

Quand avez-vous créé une plateforme collaborative pour le bâtiment ?

Hervé Grimaud : En 2010-2012, nous arrivions à plutôt bien travailler avec toute la chaîne, des fabricants et distributeurs aux installateurs d’équipements électriques, mais moins bien sur les chantiers de démolition. C’est pour cette raison que nous avions lancé Démoclès, une plateforme collaborative qui impliquait toute la chaîne de valeur du bâtiment, incluant les MOA, les démolisseurs et autres. L’objectif était de voir comment nous pouvions faire évoluer les pratiques de chantier pour mieux recycler les équipements électriques.

Démontage d’un luminaire avec des tubes fluorescents © Récylum

Comment êtes-vous arrivé au réemploi des équipements électriques ?

Hervé Grimaud : Collégialement, nous faisions beaucoup d’efforts pour faire sortir les équipements électriques de la benne à ferraille, pour qu’ils puissent être correctement dépollués avant de récupérer le cuivre et l’aluminium. Mais je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup d’équipements qui pouvaient avoir une seconde vie. J’ai attendu quelques années pour faire le pas. En mai 2020, j’ai eu envie de faire autre chose.

 

 

 

 

Je me suis alors dit qu’il faudrait creuser un peu cette idée du réemploi des équipements électriques du bâtiment. En cherchant, je me suis rendu compte qu’il y avait un énorme besoin qui n’était pas satisfait aujourd’hui. Par exemple, tout ce qui est éclairage, génération de production d’énergie, distribution électrique, chauffage, climatisation et autres. Nous ne parlons pas de l’électroménager, mais des équipements liés à la construction. Ils sont trop souvent déposés alors qu’ils sont très récents avec encore un potentiel de vie important. Les équipements les plus anciens pouvant avoir un intérêt en termes de maintenance.

Appareillage modulaire pour reemploi equipements electriques, stock chez Proclus, Le Kremlin-Bicetre, Ile-de-France © Quentin Durand – By k

C’est comme cela qu’est née l’idée de créer Proclus, société spécialisée dans la dépose préservante et le reconditionnement des équipements électriques techniques du bâtiment.

Pourquoi commencer par créer de la confiance dans le réemploi avec Proclus ?

Hervé Grimaud : Créer de la confiance, c’est ce que nous essayons de faire au sein de Proclus. Sans confiance, nous sommes arrivés à la conclusion que nous n’arriverions à rien.

Nous avons besoin d’en créer à deux niveaux.

En amont, c’est-à-dire permettre d’aller sur des chantiers de rénovation et de démolition et d’accéder à ces équipements. Aujourd’hui, les maîtres d’ouvrages qui souhaitent développer le réemploi sont parfois confrontés à des acteurs qui ne leur donnent pas toute la visibilité sur le véritable devenir des équipements. D’où les doutes : ces équipements vont-ils vraiment être réemployés ou n’est-ce pas tout simplement du déchet en devenir ?

Dépose sur un chantier de curage technique par Proclus, armoire electrique, batiment tertiaire pour reemploi des équipements électriques, Ile-de-France © Quentin Durand – By k

De la confiance, avec les démolisseurs qui ont, aujourd’hui, un métier difficile. Leurs clients leur mettent de plus en plus de pression pour faire du réemploi. Cela augmentent significativement le nombre d’acteurs intervenant sur les chantier. Proclus simplifie la vie des démolisseurs en s’occupant de la dépose de l’ensemble des équipements techniques.

Chantier de curage technique par Proclus, automatisme, baie électrique, bâtiment tertiaire pour réemploi des équipements électriques, Ile-de-France © Quentin Durand – By k

En aval, il s’agit de faire en sorte que des acteurs économiques sérieux de l’installation électrique puissent acheter, en toute confiance, les équipements électriques de seconde main. Ils doivent avoir l’assurance qu’ils sont fonctionnels, qu’ils rempliront bien leur fonction d’origine, en toute sécurité pour les utilisateurs.

Propos recueillis par Vincent Laganier, via Microsoft Teams, le 17 avril 2023

 

 

 

À suivre…

Proclus, entreprise de réemploi des équipements électriques

 

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Équipe du projet

Entreprise Récylum ecosystem Proclus
Président Herve Grimaud

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Fondateur de l'agence de relations publiques LZL Services depuis 2023. Son thème : la lumière et l’éclairage. Rédacteur en chef et éditeur du portail français n°1 Light ZOOM Lumière depuis 2012. Architecte diplômé de l’École nationale supérieure d’architecture de Nantes. Éclairagiste urbain de 1997 à 2013 en Europe. Auteur de huit ouvrages de référence sur la ville, le bâtiment et le millénaire. Enseignant sur l'histoire de la conception lumière à l’ENSA Nantes et à l'éclairage dans l'art contemporain à l’ENSATT Lyon.
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