« J’aime la lumière qui est découpée » Joël Lefrançois
Qu’est-ce que la lumière pour toi ?
Joël Lefrançois : C’est un soutien au niveau du travail que je mets en place. Si j’ai besoin de travailler une scène, je vais la travailler d’une certaine façon pour que la lumière l’embellisse. Elle est donc choisie par rapport à ce que je joue.
Quelle a été ta première émotion avec la lumière ?
Joël Lefrançois : C’est un coucher de soleil avec pas mal de nuages où, vraiment, tout était orange.

Quel est ton sentiment de lumière préféré ?
Joël Lefrançois : Sur un de mes spectacles son & lumière, il y avait une enfant durant un exode qui appelait sa mère. Elle était éclairée aux poursuites, un tout petit halo de lumière ; on a eu un silence de 10 minutes dans un gradin de mille places et là, je peux te dire, ça fait très mal.
Quel projet lumière trouves-tu particulièrement abouti ?
Joël Lefrançois : Je suis allé voir le Cirque du Soleil et au niveau lumière et émotions, c’est énorme ! Mais la lumière, c’est une question de talent et de budget. Avoir un très bon scénographe lumière, c’est essentiel. Après, on peut faire ce que l’on veut.
Quelle est la personnalité associée à la lumière la plus inspirante pour toi ?
Joël Lefrançois : Laurent Barès est un directeur photo avec qui j’ai travaillé dans Braquo. Au niveau cinéma, il fait une lumière qui est très simple, mais très belle.

Quel est ton objet lumineux préféré ?
Joël Lefrançois : La Lune quand elle est vraiment rouge ; elle est extraordinaire, elle est belle. Dernièrement, elle était très proche de la Terre. C’est extrêmement beau !

Quel est selon toi le film le plus mémorable ?
Joël Lefrançois : J’aime énormément La Guerre du feu, parce que je travaille beaucoup avec les gueules. Il y a des moments qui sont tellement pleins d’émotions…
Comment utilises-tu l’éclairage en tant que metteur en scène ?
Joël Lefrançois : Je découpe la lumière. C’est-à-dire que, quand je fais ma mise en scène, j’ai quasiment déjà la lumière en tête. J’ai des images, je vois mes comédiens, mais je vois aussi des décors, des trucs… J’ai besoin de visualiser ! Je ne travaille qu’avec du LED parce que c’est vraiment le plus simple aujourd’hui, mais c’est aussi le moins beau. Avant, on avait une vraie chaleur avec des projecteurs traditionnels.

Qu’est-ce qui est singulier dans ton approche de la lumière ?
Joël Lefrançois : J’ai fait quelques scénographies de musées où je vais dans la découpe. Quand il y a un concepteur lumière, je lui demande ça. Alors, il faut que l’on voie les choses, mais découpées et travaillées avec les ombres. Parfois, tu as un élément très éclairé et tu ne le vois pas alors qu’il suffirait de le découper un tout petit peu pour qu’il ressorte.
Comment aimerais-tu que la lumière artificielle évolue dans l’avenir ?
Joël Lefrançois : Je trouve que les lumières de ville ont, à une époque, été placardées ! J’adore quand c’est une lumière qui découpe le bâtiment. J’aime la pénombre et j’aimerais que l’on aille là-dessus. Que l’on arrête d’éclairer des églises avec de gros faisceaux de lumière, qu’on les découpe avec de petites lumières, qu’on leur redonne de la beauté, qu’on fasse ressortir les pierres…

Approfondir le sujet
- Site Internet de Joël Lefrançois
- Le Misanthrope de Molière au TNP : mise en scène de la pièce
- Son et Lumière Lux Salina à la Saline Royale d’Arc-et-Senans
Photo en tête de l’article : Joël Lefrançois, comédien, acteur, metteur en scène, réalisateur, Compagnie des Trois Gros – portrait © Sarah Robine