Jean-Michel Daclin, rétrospective et avenir, 20 ans de LUCI
A l’occasion des 20 ans de LUCI, l’ancien président de LUCI Jean-Michel Daclin revient sur la création de l’association. Des coopérations originales ont donné naissance au futur réseau. Inspirez-vous de ses 20 ans d’échanges sur l’éclairage urbain ! Voici la retranscription de l’interview vidéo sur la rétrospective et le futur des 20 ans de LUCI.
Comment est née l’idée de LUCI ?
Jean-Michel Daclin : l’idée de LUCI a émergé du fait que Lyon avait travaillé sur la lumière depuis pas mal de temps, depuis un peu plus de dix-douze ans.
Il y avait un adjoint qui s’appelait Henri Chabert, qui avait fait un gros boulot. Et c’est vrai que Lyon avait un petit peu d’avance. N’exagérons pas. Et c’est vrai qu’on s’est dit que ce serait peut-être intéressant de voir ce que faisaient les autres villes et d’échanger.
Derrière LUCI, il y a peut-être cette idée de mise en avant des réseaux. A l’époque, on a compris qu’il était plus intéressant finalement d’échanger avec des villes sur les thématiques bien claires, plutôt que d’avoir des échanges tous azimuts, ou l’on boit beaucoup de champagne, mais en fait, on ne fait pas grand-chose.
Donc, on a lancé ce réseau thématique. Ensuite, on en a lancé un deuxième sur la gastronomie. Puis, il y en a eu d’autres.
LUCI a été finalement la première initiative lyonnaise sur cette logique de réseau. C’est une logique très vertueuse pour montrer la dynamique des villes.
Quels sont les éléments déterminants qui ont permis de rassembler des villes et des partenaires si différents ?
Jean-Michel Daclin : ça c’est une question difficile à comprendre parce que toutes les villes n’ont absolument pas les mêmes motivations. De plus, en Europe, il y a déjà une différence. Quand on va aux États-Unis ou en Asie, ça n’a encore rien à voir.
Je pense que ce qui est intéressant, c’est que cette expérience, le creuset que constitue un réseau, ça montre que les villes ont une capacité à s’adapter, à comprendre les autres. Je crois que ça, c’est un point très important.
On avait des gens très différents qui comprenaient, quand ils voyaient les expériences venant d’autres villes, que finalement, il y avait des choses à prendre. Et je crois que ça, c’est un point très important. Ça montre, sans aucun doute, la souplesse des villes dans leur logique et leur dynamique, par rapport à ce que font la plupart des États qui sont plutôt plus rigides, on dira.
Comment se sont passées les premières années ?
Jean-Michel Daclin : d’abord, il a fallu trouver le nom, ce n’est pas facile. Et puis, en fait, on a un peu bénéficié de l’appui de nos villes sœurs avec lesquelles on avait des liens. Et petit à petit, ça s’est développé.
Comment LUCI s’est développée autour de la Fête des Lumières ?
Jean-Michel Daclin : il y a aussi le rôle des Fêtes de la Lumière, qui est un point très important. C’est-à-dire que beaucoup de villes sont rentrées par les Fêtes de la Lumière parce que, c’est le plus visible. Ça attire. Il y a un côté marketing, etc.
Une fois qu’ils sont rentrés par les Fêtes de la Lumière, ils se sont rendu compte que l’éclairage c’était beaucoup plus que la Fête de la Lumière. Il y avait une dimension économique, sociale, environnementale, bien plus intéressante.
Pour moi, les Fêtes de la Lumière sont une espèce de porte d’entrée et c’est vrai qu’on a attiré beaucoup de gens autour de notre Fête des Lumières. En fait, les gens sont restés pour beaucoup plus que ça.
Quels faits marquants avez-vous pris durant votre présidence de LUCI entre 2002 et 2010 ?
Jean-Michel Daclin : je pense que l’événement fort, ça a sans aucun doute été le travail qu’a fait une commission sur les liens avec l’environnement et la charte éthique de LUCI que doivent avoir les villes. Cela été très fort, parce que c’est la première fois que, finalement, notre réseau a été reconnu par l’Europe. Avant, on était sympas… et ils nous regardaient un peu de haut.
Puis, tout d’un coup, ils se sont rendu compte que les villes pouvaient travailler et que le boulot qu’elles faisaient était concret, opérationnel. Il y avait une capacité d’action beaucoup plus efficace souvent que les actions gouvernementales. Je crois qu’on a obtenu un peu nos lettres de noblesse à ce moment-là. C’est vrai, je crois, qu’il y a eu un très très grosse marche qui a été gagnée ce jour-là.
Comment LUCI pourrait se développer dans le futur ? Quelques conseils pour l’avenir ?
Jean-Michel Daclin : je suis mal placé pour parler de l’avenir de LUCI puisque je ne suis plus dans l’association. Donc je pense que c’est aux gens qui sont là de décider les choses. Moi, je pense que ces réseaux marchent toujours sur deux dimensions.
Une première dimension humaine, je crois qu’il ne faut jamais oublier ça. Un réseau, ça marche parce qu’une ville, par définition, c’est un lieu de vie humaine. Et les gens qui représentent ces villes aiment cela. Ils sont à l’aise là-dedans. Il faut surtout se garder de toute logique technocratique. Donc, cette dimension est à mon avis essentielle.
La deuxième dimension, je pense qu’il ne faut pas hésiter à avoir de l’ambition, ne pas hésiter à innover, à lancer des choses. Je parlais tout à l’heure de cette Charte. Au début, je ne sais plus quelle ville. Je crois que c’est Leipzig qui avait eu cette idée, sauf erreur de ma part. Et quand Leipzig a lu ça, il y a eu un reflux puissant de repli disant « mais non, on n’est pas capables, on se prend pour ce qu’on n’est pas, etc. » En fait, on a eu raison d’y aller et d’une certaine façon, même si on est maintenant devenu une grosse organisation. Il faut garder ce côté un peu innovant, copains, petit groupe… C’est toute dimension humaine et à la fois ambitieuse.
Très bon anniversaire et longue, longue vie à LUCI.
Propos recueillis par Mark Burton-Page et Cécile Journeau de LUCI.
Vidéo de l’interview de Jean-Michel Daclin
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