« La résille en béton de Rudy Ricciotti » Sophie Caclin
Qu’est-ce que la lumière pour vous ?
Sophie Caclin : le moyen de voir, où que je sois et quelle que soit l’origine de la lumière, naturelle ou artificielle. Il n’existe pas de noir absolu. Il y a toujours une lueur, un rai, un reflet.
Qu’elle est votre première émotion lumière ?
SC : au bout d’une presqu’île du Morbihan quand j’étais petite :
- la lumière diffuse au travers de la toile de tente,
- la lumière crue sur le blanc et le bleu des maisons,
- les éclats lumineux des vagues,
- les couleurs changeantes du ciel et de l’océan.
J’ai réalisé un jour que ce coin offrait une ambiance et une couleur particulières. Cette lumière me manque parfois et j’ai hâte de la retrouver. J’ai découvert depuis que ce n’était pas le seul endroit au monde à avoir « sa » lumière, belle et caractéristique d’un environnement.
Quelle est votre sensation lumineuse préférée ?
SC : en fait, j’en ai trois :
- le rayon de soleil qui inonde une pièce,
- la lumière crépitante du feu, feu de joie ou feu de cheminée, quand il ne fait pas encore tout à fait nuit,
- la nuit étoilée d’un petit village de la Nièvre.
La première est stimulante, la seconde est captivante, la troisième est apaisante.
Quelle est la réalisation lumière la plus aboutie pour vous ?
SC : est-ce que les bâtisseurs de monuments religieux parlaient de réalisation lumière ? Pour moi, la lumière procurée par les vitraux est fascinante : sculptée, colorée, animée. Je peux rester assise un long moment dans l’église des Jacobins à Toulouse (vitraux de Max Ingrand – 1949) ou dans un bâtiment aux vitraux plus anciens ou plus classiques pour regarder la lumière changer et passer sur toutes les surfaces qui la déforment et la teintent.
SC : plus moderne, j’aime beaucoup les effets de la résille en béton que Rudy Ricciotti a réalisée pour le MuCEM à Marseille.
SC : perçue de l’intérieur, depuis les passerelles, la lumière n’est jamais la même. Parfois vive, scintillante ou très douce, toujours changeante.
Qu’est-ce que la lumière ne fait pas encore et que vous aimeriez qu’elle fasse à l’avenir ?
SC : passer à travers les murs, même en très faible quantité. C’est la nature des murs qui changera, pas la lumière elle-même… à quand cette innovation technologique dans notre quotidien ?
Quelle personnalité de la lumière est la plus inspirante ?
SC : quelques artistes peintres ou sculpteurs ont su représenter ou refléter la lumière comme personne.
- Monet a peint tous les temps et toutes les heures du jour sur la cathédrale de Rouen ou sur le parlement de Londres.
- Constantin Brancusi a sculpté et poli le bronze, le plâtre et le marbre en pensant à la lumière qui créerait un reflet ou une ombre sur la Muse endormie ou Mademoiselle Pogany.
Ces œuvres procurent une émotion particulière et donnent envie de sentir le paysage ou toucher la matière.
Quel est votre objet lumineux préféré ?
SC : je remarque que je n’ai parlé que de lumière naturelle et des matières avec lesquelles elle joue. Alors quel est mon objet lumineux préféré, celui qui produit ou celui qui reçoit ? Je crois que j’aime tous les objets, gadget ou pas, qui sont beaux lorsqu’ils sont éclairés ou qui produisent une belle lumière.
Quelle est votre source de lumière idéale ?
Sophie Caclin : le soleil, sans aucun doute. Même voilé, il donne de la lumière. Ses filtres, volets et diffuseurs sont les nuages, la pluie, le brouillard, et tous les éléments que ses rayons traversent avant d’arriver jusqu’à nous.