« Le coucher du soleil sur les marais salants » Isabelle Arnaud
Qu’est-ce que la lumière pour vous ?
Isabelle Arnaud : la lumière traduit souvent une émotion, à la fois comme une forme de langage qui exprime la créativité de son concepteur et comme un décor de théâtre qui accompagne le jeu des acteurs.
Quelle est votre première émotion lumière ?
Isabelle Arnaud : avant de me confronter professionnellement à la lumière, j’étais très sensible à la représentation de la lumière dans les tableaux, en particulier dans celui de Georges de La Tour « Saint Joseph charpentier » : l’enfant Jésus tient la bougie pour éclairer le travail de l’artisan et pourtant c’est son visage qui est illuminé. Toute la scène baigne dans des tons de bruns et rouges avec seul le visage qui apparaît presque blanc.
Isabelle Arnaud : alors que je venais de quitter mon poste de directrice du centre de formation de l’AFE et que je faisais mes débuts au sein de la revue Lux, j’ai été invitée à une présentation presse de la rénovation du grand lustre de l’Opéra Garnier. L’association du théâtre, de l’architecture, du travail d’orfèvre réalisé sur les dorures et le scintillement de ces dizaines de lampes incandescentes était fascinante… C’était d’ailleurs le sujet de mon tout premier article lumière.
Quelle est votre sensation lumineuse préférée ?
Isabelle Arnaud : le coucher du soleil sur les marais salants de Batz-sur-Mer en juillet, au moment où l’astre s’enfonce dans l’océan et que les rayons rougissent les nuages en venant caresser les tas de sel amassés dans la journée.
Quelle est la réalisation lumière la plus aboutie pour vous ?
Isabelle Arnaud : celle d’une scène de théâtre : sans la lumière, le spectacle ne peut avoir lieu. Elle fait partie de l’écriture de la pièce, du jeu des acteurs, elle suit les mouvements des danseurs, accompagne les partitions… Ce n’est sans doute pas un hasard si bon nombre des premiers concepteurs lumière étaient issus du monde du spectacle.
Qu’est-ce que la lumière ne fait pas encore et que vous aimeriez qu’elle fasse à l’avenir ?
Isabelle Arnaud : on lui fait faire déjà beaucoup de choses : transmettre des informations, soigner, explorer, dynamiser, rassurer, signaler, etc., alors que, artificielle, elle n’est pas encore accessible à tous…
Quelle personnalité de la lumière est la plus inspirante ?
Isabelle Arnaud : celle qui l’utilise comme matière, et elles sont nombreuses, en particulier parmi les plasticiens lumière et les artistes lumière. Je pense notamment à James Turrell qui associe mathématiques, géologie, astronomie et perception visuelle dans son art.
Quel est votre objet lumineux préféré ?
Isabelle Arnaud : un feu dans une cheminée, si l’on peut parler « d’objet lumineux ». A l’origine, il est conçu pour chauffer une pièce et au final c’est la lumière que l’on regarde : dansante, pétillante, elle s’assoupit et se réveille, projette des ombres tantôt ludiques, tantôt inquiétantes, sans jamais me lasser. D’ailleurs, n’a-t-on pas tendance à éteindre toutes les lumières lorsqu’on est devant un feu de cheminée ?
Quelle est votre source de lumière idéale ?
Isabelle Arnaud : celle qui se rapproche le plus de la lumière naturelle, de ses teintes, de ses variations, de ses cadences cyclothymiques ! Celle que je peux choisir, modeler et que je peux transporter partout avec moi.
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Lieu
- 3e Médias, Lumières
- Paris, France