« Le signal de cet éveil qui gagne » Jacques-Franck Degioanni

Qu’est-ce que la lumière pour vous ?

Jacques-Franck Degioanni : j’aime le crépuscule du soir, entre chien et loup ; et le crépuscule de l’aube, au chant de l’alouette, à l’heure bleue. Ce moment d’avant les commencements, où le monde s’apprête à reprendre son visage familier. Et qu’est-ce que la lumière, si ce n’est le signal de cet éveil qui gagne, de proche en proche, tous les êtres ?

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Quelle est votre première émotion lumière ?

Jacques-Franck Degioanni : les illuminations de Noël de l’enfance, sans aucun doute. Les souvenirs de villes traversées à la nuit, à moitié endormi, à l’arrière d’une voiture. Les dérives nocturnes auprès de la personne aimée.

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Quelle est votre sensation lumineuse préférée ?

Jacques-Franck Degioanni : je n’aime pas la lumière de l’été, crue et implacable, qui découpe le paysage avec la dureté d’un scalpel. Je lui préfère celle des demi-saisons, indécise comme incertaine, qui adoucit les contours et nimbe toutes choses d’une auréole d’étrangeté.

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Jacques-Franck Degioanni : j’aime aussi la rai de lumière qui filtre à travers les persiennes d’une chambre où dansent les poussières. J’aime que la lumière voile autant qu’elle dévoile. Qu’elle perce les nuées et suggère autant qu’elle précise. A la manière de la lumière oblique et douce que rabat le bien-nommé abat-jour sur le sommeil des amants.

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Jacques-Franck Degioanni : j’aime la lumière qui éclaire et non point celle qui aveugle. J’aime que mon cœur soit ébloui lorsque mes yeux préfèrent la pénombre, sœur jumelle et ombrageuse de la lumière.

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Quelle est la réalisation lumière la plus aboutie pour vous ?

Jacques-Franck Degioanni : je pense bien sûr aux œuvres de James Turrell, de Claude Lévêque ou de Bill Viola. Pas à une œuvre en particulier, mais à tout leur travail sur les apparences, les limites, la substance, la porosité des ambiances.

Qu’est-ce que la lumière ne fait pas encore et que vous aimeriez qu’elle fasse à l’avenir ?

Jacques-Franck Degioanni : j’aimerais qu’elle murmure…

Quelle personnalité de la lumière est la plus inspirante ?

JFD : un philosophe des Lumières, nécessairement !

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Quel est votre objet lumineux préféré ?

JFD : je crois que la simple flamme dansante d’une bougie suffira toujours à éclairer mon cœur.

Quelle est votre source de lumière idéale ?

JFD : une lumière douce, un abat-jour, une pénombre presque, où les couleurs sont indécises.

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Photo en tête du billet : Jacques-Franck Degioanni © Bruno Levy / Le Moniteur