Lionel Bessières : concepteur lumière de Quartiers Lumières
Comment as-tu débuté dans la conception lumière ?
Lionel Bessières : par un premier stage en conception lumière chez Joël Berthon à Toulouse. C’était pendant mon cursus à l’ENSI Poitiers. Ensuite, mon premier emploi a été chez Pierre Bideau. J’ai eu la chance d’intégrer sa société en 1999 au moment de l’étude et de la mise en œuvre du scintillement de la tour Eiffel et du phare.
Pourquoi avoir changé d’entreprise pour un poste plus technique ?
Lionel Bessières : étant jeune, j’ai ressenti le besoin d’avoir une assise technique un peu plus large et d’évoluer dans un univers un peu plus lié au spectacle. J’ai alors intégré la société parisienne, Pariscène, dédiée à l’aménagement des plateaux de théâtre, d’opéra et de télévision. Un poste pluridisciplinaire passionnant et très varié dans lequel je faisais des démonstrations, de la vente et de l’installation de produits divers (lumière, son et équipements scéniques).
Lionel Bessières : en tant que responsable technique, j’étais aussi chargé d’affaires pour la rénovation de salles, comme le théâtre des Champs Élysées, où nous avons refait tous les réseaux éclairage. C’est une très bonne école qui m’a permis d’acquérir un bagage très large en termes technique, lumière, vidéo et réseaux.
Quand as-tu créé ton agence de conception lumière ?
Lionel Bessières : j’ai créé l’agence en 2006 à Toulouse. Pour l’anecdote, Quartiers Lumières, c’est au pluriel parce qu’il y avait – quartier privé, quartier public et quartier scénique – au début sur mon site Web. A l’époque, je ne savais pas si j’allais parvenir à devenir concepteur lumière et à mettre un pied dans les marchés publics et institutionnels. Ma première ambition était d’éclairer des jardins privés en gardant un pied dans la scénographie d’équipement !
Quelles sont les missions de Quartiers Lumières aujourd’hui ?
Lionel Bessières : les missions de Quartiers Lumières sont liées à cinq pôles principaux :
- conception lumière en équipe pluridisciplinaire, sur des projets d’aménagements urbains,
- mises en lumière architecturale et patrimoniale,
- études d’éclairages divers et techniques où l’on accompagne par exemple Airbus sur divers projets, telles que des rénovations de cabines de peinture ou d’usines,
- éclairages scénographiques et parcours lumière, pérennes et événementiels,
- urbanisme lumière : SDAL et plan lumière.
Quelles sont les réalisations préférées de ton agence ?
Lionel Bessières : il y a un projet de cœur de ville sur lequel nous avons beaucoup travaillé et qui a eu un certain succès ; c’est l’aménagement du quartier du Hédas à Pau. C’est des premiers projets où des projections de type gobo ont été largement utilisées, non seulement pour structurer les perspectives, mais également pour sécuriser. Nous avons réussi à transformer complètement l’ambiance nocturne de ce quartier qui n’était vraiment pas serein de nuit. Maintenant, les gens s’y promènent en soirée et le concept de « street art lighting » décalé participe à créer une ambiance agréable et ludique. Quand j’y retourne, je prends plaisir à me balader et à écouter les gens en parler. Humainement, c’était aussi une très belle expérience avec la maîtrise d’ouvrage, la maîtrise d’œuvre et les entreprises.
Lionel Bessières : je pense aussi au premier projet de Quartiers Lumières. C’était la mise en œuvre d’installations lumières sur le festival de Thionville Lumière, qui n’existe plus malheureusement. Une très belle expérience réalisée avec des bricoles et sans budget. Elle fait partie des plus beaux projets d’événements lumière que j’ai pu réaliser.
Lionel Bessières : mais j’ai beaucoup de mal à «choisir» des projets préférées… Je pourrai citer également en réalisation :
- les Murmures de Saint-Avit Sénieur,
- le Capitole de Toulouse,
- l’intérieur de la cathédrale de Lavaur,
- la halle de Mauvezin,
- la galerie des Robinets de Saint-Férreol,
- le clocher des Jacobins de Toulouse…
Pourquoi fais-tu appel aujourd’hui à des graphistes ?
Lionel Bessières : quand nous intégrons de la projection d’images fixes ou de la vidéo, nous faisons appel à des graphistes. Je pense au parcours lumière de Vitré notamment, où avec l’agence Noctiluca, nous sommes en train de finaliser un projet avec la ville qui sera inauguré le 21 septembre. Nous avons travaillé avec un graphiste qui a fait un super boulot que l’on aurait été incapables de faire en termes de contenu et de qualité d’images.
Lionel Bessières : idem pour la cathédrale de Cahors qui intègre un mapping vidéo pérenne avec des équipements de projections lasers. La projection d’image et de vidéo pose alors la question de la limite entre le graphisme et la conception lumière ? C’est un vrai questionnement pour notre métier à l’heure actuelle.
Propos recueillis par Vincent Laganier le 19 juillet 2019
À suivre…
«La lumière est partout, naturelle ou artificielle » Lionel Bessieres
Approfondir le sujet
Livres
La conception lumière, appréhender le contexte, les enjeux et les acteurs
Coordonné par l’ACE et rédigé par 57 contributeurs représentatifs du projet d'éclairage, nouvel ouvrage de référence pour la conception lumière au Moniteur. |
Quand la matière diffuse la lumière, aux Presses des Mines
Sous la direction de Lionel Simonot et Pierre Boulenguez, quand la matière diffuse la lumière, aux Presses des Mines, parle des sciences de la matière. |
Lumières architecturales en France, de Vincent Laganier
Les réalisations lumière les plus significatives en architecture de 1985 à 2000 en France ? Lumières architecturales en France, Vincent Laganier |
Ambivalences de la lumière
Sous la direction de Charlotte Beaufort et de Marylène Lebrère, actes du colloque interdisciplinaire et international, ambivalences de la lumière. |
Lexique de l’éclairage professionnel, de Sophie Caclin
La traduction facile français-anglais en architecture, urbanisme, lumière, éclairage et communication. Découvrez le Lexique de l’éclairage professionnel. |
Lieu
- Quartiers Lumières
- Castanet-Tolosan