Maître verrier, alchimiste de la couleur et du verre plat
Quelle différence avec les souffleurs de verre ?
Cyril Gouty : vous avez le maître verrier souffleur de verre et le maître verrier vitrailliste. Et pour se fournir, nous, on a deux possibilités : soit on prend le verre du souffleur, soit du verre mécanique. Cela va être du verre industrialisé mais qui aura une qualité moins intéressante à travailler. Le panel des couleurs est réduit. Si on travaille avec le souffleur de verre, on dispose de plus d’un millier de couleurs différentes. On peut même lui donner des échantillons de verre d’époque. Donc, on travaille avec ces personnes-là. On est aussi l’une des seules entreprises en Normandie où l’on collectionne le verre.
Est-ce que vous avez déjà soufflé du verre ?
Cyril Gouty : quand on est en lycée professionnel, on croise les souffleurs de verre. Nous sommes tous dans le même bâtiment. Et à un moment donné, il y a des échanges. En l’occurrence, moi, j’ai eu la chance d’aller dans le College of Art d’Édimbourg. On faisait des échanges entre Français et Écossais. Après avoir soufflé, on se rend compte de la difficulté. On comprend aussi que c’est très précieux d’avoir une feuille de verre.
La couleur la plus chère, c’est ce que l’on appelle le « rose à l’or ». Comme le nom l’indique, c’est fait avec de l’or. La feuille est arrivée à 600 € le morceau de verre.
Comment fait-on du verre plat ?
Cyril Gouty : on parlait d’abord de l’huile sur le journal comme étant l’ancêtre de la fenêtre pour se couper un peu du vent. Après, on a la « cive » qui permet de faire les premières pièces de verre plates. Sinon, autre technique : on souffle un cylindre que l’on appelle le « manchon ». Il est coupé aux deux extrémités. Quand il est encore chaud, on fait une coupure avec un fer. Puis, on le remet dans un four qui est aux alentours de 300°C. À cette température, comme le verre est encore un peu mou, on vient rabattre les deux côtés avec une spatule. On met enfin un dernier coup de raclette qui permet de dérouler la matière et de faire une plaque.
Quelles sont les étapes de l’art du vitrail ?
Cyril Gouty : les étapes sont relativement simples. Déjà, c’est le relationnel avec un client. À partir de là, on fait ce que l’on appelle des « maquettes ». Une fois que le dessin est validé, on va faire le « carton ». On va le découper pour former des « calibres » ou des « patrons » représentant chaque pièce de verre avec une indication dessus.
Une fois que tous les verres sont coupés grâce aux gabarits, on la peinture sur verre. La mise en plomb se fait après la cuisson des pièces peintes. La soudure, la contre-soudure viennent après et on termine avec le « masticage ». C’est une pâte que l’on crée nous-mêmes avec du blanc de Meudon, du siccatif, de l’huile de lin. Quelquefois, on met un peu de noir de fumée pour patiner nos plombs. On utilise plein de choses pour travailler le verre. Et on cherche souvent dans le passé pour tailler aujourd’hui la lumière de demain.
À suivre…
Vitrailliste, passeur de lumières du vitrail au contemporain
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Lieu
- Atelier Gouty
- Cormeilles, France
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