Marc Dumas, une sculpture de lumière à échelle humaine
Marc Dumas : en travaillant sur des maquettes, j’ai constaté que le jeu optique fonctionnait à partir d’une certaine distance. Je me suis alors demandé comment l’œil réagirait pour une installation à grande échelle.
J’ai trouvé un studio de cinéma. Ramora, une amie décoratrice, a créé des supports de 3,20 x 2,00 mètres pour accéder à une échelle humaine et architecturale !
Marc Dumas : non seulement cela marchait très bien mais je pouvais aussi aller entre les supports, rentrer dans l’œuvre et me mettre à peindre par-dessus les formes de lumière. J’ai filmé le tout avec une caméra et un travelling.
Quelle sont les différences perçues entre les deux échelles par rapport à la source de lumière ?
Marc Dumas : dans le principe, il n’y en a pas : le dispositif reste homothétique et on retrouve la même qualité de sensation. On reste dans cette ambiguïté totale d’une perception à la frontière entre la lumière pure – sous sa forme additive – et des valeurs de gris inhérents à la matière des supports ?
Techniquement, les sources doivent être très ponctuelles pour donner une ombre précise. A grande échelle apparaissent des effets de diffractions plus perceptibles qui créent des franges très belles, à la rencontre des formes de lumière.
Après, ce sont d’autres facteurs qui jouent comme l’influence de l’espace autour, l’appréciation d’une œuvre tributaire d’un axe de vision.
Mais ces dispositifs scénographiques sont pour l’œil de véritables « attracteurs ». La lumière active le cerveau, en tant que forme, d’une manière toute particulière.
Pourquoi as-tu tourné à ce moment une vidéo ?
Marc Dumas : le tournage de cette installation a permis de rentrer dans l’œuvre avec la précision de la caméra et l’objectivité forte de la pellicule. Face à un trompe l’œil, si une ambiguïté persiste pour l’œil, la caméra va toujours dans le sens de l’illusion ; c’est la base des trucages à la Méliès.
Marc Dumas : je me suis aussi amusé à mettre un projecteur sur le traveling. On obtient une sensation de glissement de formes de lumière très géométrique, un peu à la façon d’une image de synthèse. Le dispositif est tout à fait intéressant à modéliser en 3D. Il donne une autre représentation formelle de l’expérience visuelle.
Propos recueillis par Vincent Laganier à Montreuil, le 17 octobre 2014.
Retranscription et relecture : janvier-février 2015.
Suite de l’interview
- De la caméra à la conception lumière
- Sur la profondeur de champs
- Vers une sculpture de lumière
- Dispositif de la sculpture de lumière
- Une sculpture de lumière à l’échelle humaine
Conférence de Marc Dumas
- Evolution de la représentation à travers le cinéma et la lumière urbaine
- 28 avril 2015 – 19h
- ENSA Nantes, auditorium, Nantes, France
- Présentation de la conférence de Marc Dumas sur le site de l’Année de la Lumière 2015
- Evènement Facebook de la conférence de Marc Dumas du 28 avril 2015
ZOOM +
Lieu
- Marc Dumas
- Paris, France