Marc Dumas, vers une sculpture de lumière
Marc Dumas : tout est parti de la peinture dans les années 90. Lors de la conception d’un tableau, je butais sur un motif. Le châssis était fixé à la verticale sur un mur. Avec un cutter, j’ai découpé la toile et enlevé la forme qui me gênait. C’était comme une sorte d’effacement d’une image mentale… Plutôt que d’effacer le motif, je me suis retrouvé avec une forme découpée. Elle me proposait en arrière-plan, certes un mur blanc, mais aussi d’autres choses, comme une réponse à mon propre geste.
Marc Dumas : Très vite, la lumière qui entrait dans cette forme m’a interpellé. Elle créait dans le tableau un décalage d’ombre, un potentiel de forme et de lumière intéressant plastiquement. A ce moment, comme j’avais sous la main des projecteurs à base d’halogène dichroïque, je me suis mis à l’éclairer et essayer de construire quelque chose avec les lumières et les ombres projetées.
Marc Dumas : J’ai fini par entrer dans une logique visuelle à base de découpes géométriques. La découpe est devenue une matrice de formes géométriques qui, une fois bien placées, provoquent avec la profondeur, des volumes illusoires et des sensations d’espace très particulières. J’ai alors créé un dispositif expérimental.
Pourquoi fais-tu référence au travail de Picasso ?
Marc Dumas : il y a au musée Picasso de Paris des petites sculptures « cubiques » à base de carton découpé. Par exemple, le compotier et guitare de 1919. Ce sont des recherches évidentes sur la captation de la lumière par des formes évidées. Je pense que ce geste qui m’a fait un jour découper une toile est fortement inspiré du cubisme.
Qu’est-ce qui t’intéresse dans ce travail de plasticien ?
Marc Dumas : c’est d’abord la richesse exploratoire du procédé et tout ce qu’il suscite sur la perception et ce potentiel d’expression plastique. Peindre sur des formes de lumière apporte une sensation très particulière. Le dispositif est très contraignant dans sa lecture mais il interpelle aussi bien l’architecture, l’éclairage, la peinture, l’image numérique dans ce que ces disciplines ont d’essentiel. Je suis toujours autant saisi par la simplicité confondante du procédé qui fonctionne à merveille avec de simples bougies.
Pour les adeptes de la symbolique de la forme et de la lumière, du plein et du vide, il y a largement matière à nourrir la réflexion.
Personnellement, j’aime aussi y voir des constructions d’images mentales à base de formes évidées que l’on croise tous les jours ; de fenêtre dans l’espace où la lumière capte et gouverne notre regard. Ces fameux attracteurs. D’une manière plus générale, ce travail plastique sur la lumière et l’espace utilise, au même niveau, la fenêtre en architecture, le tableau dans la perspective et la découpe d’un projecteur à gobo.
Propos recueillis par Vincent Laganier à Montreuil, le 17 octobre 2014.
Retranscription et relecture : janvier-février 2015.
Interview de Marc Dumas
- De la caméra à la conception lumière
- Sur la profondeur de champs
- Vers une sculpture de lumière
- Dispositif de la sculpture de lumière
- Une sculpture de lumière à l’échelle humaine
Conférence de Marc Dumas
- Évolution de la représentation à travers le cinéma et la lumière urbaine
- 28 avril 2015 – 19h
- ENSA Nantes, auditorium, Nantes, France
- Présentation de la conférence de Marc Dumas sur le site de l’Année de la Lumière 2015
- Evènement Facebook de la conférence de Marc Dumas du 28 avril 2015
Approfondir le sujet
Lieu
- Marc Dumas
- Paris, France