Marketing et communication disruptifs de Kraken Lighting
Quelle approche Kraken Lighting pour la communication et le marketing ?
Nicolas Forget : Lors de la création de Kraken Lighting, nous connaissions nos forces. Bertrand avait une expertise en vente de luminaires et une bonne connaissance du marché tertiaire. Moi, j’avais une expérience significative en marketing et communication, notamment dans la création de catalogues. Notre collaboration visait à allier nos compétences pour promouvoir efficacement nos produits. Malgré des visions initiales différentes sur l’image de marque – Bertrand penchant pour un style scandinave et moi pour un style plus métal – nous avons réussi à établir une identité commune pour Kraken Lighting.
Comment avez-vous créé la marque Kraken Lighting ?
Nicolas Forget : Nous souhaitions créer une marque mémorable dans un secteur où il y a beaucoup de concurrents. L’objectif était de s’imposer dans l’esprit des prescripteurs, à l’instar de Sedap, avec les luminaires en plâtre. Pour les luminaires en bois, nous voulions que le nom Kraken devienne référent.
Kraken évoque la mythologie, c’est un monstre marin venant des vikings. Nous le retrouvons chez Jules Verne dans Vingt Mille Lieues sous les mers, notre proximité de Nantes, mais à la fois international. Il fait appel à un imaginaire, un univers mystique, tentaculaire et fort.
Le choix du nom visait à faciliter le souvenir de la marque. Notre communication se veut décalée, mais technique. Un peu à l’image du Festival Hellfest à côté de chez nous en Vendée. Malgré son image initialement intimidante, il est vite devenu prestigieux.
Le premier catalogue était un double vinyle…
Nicolas Forget : Nous avons misé sur une image à la fois originale et sérieuse, avec une documentation technique complète disponible sur notre site. Dès le début, nous avons marqué les esprits avec un catalogue original sous forme de vinyle. Ce double vinyle collector limité à 1 000 exemplaires est devenu un objet convoité.
L’an dernier, vous avez créé une Cène réinterprétée…
Bertrand Gilbert : C’était une bonne idée pour présenter le luminaire K’Lass et notre démarche de réemploi. Tous les décors de la photo sont d’anciens décors de spectacle, de cinéma, de pièces de théâtre. Ils ont été récupérés et réemployés par la ressourcerie du frère de Nicolas, président du Ressac, le réseau national des ressourceries artistiques et culturelles.
Nicolas Forget : La photo de la Cène réinterprétée a bien fonctionné. Mais tout n’était pas complètement volontaire.
Quel prix avez-vous gagné pour cette photo commerciale ?
Nicolas Forget : Nous sommes médaille d’or de la photo, section commerciale, au championnat de France de la photo en 2022 !
Bertrand Gilbert : Sur le terrain, je constate que beaucoup de distributeurs se ressemblent. En cachant les noms sur les catalogues, nous ne distinguons plus les marques. L’objectif est de se faire plaisir en se démarquant, pas seulement en imitant ou en étant en compétition sur les prix. Il s’agit de créer quelque chose d’unique, de cohérent et de différent. Il ne faut pas juste faire un peu comme les autres !
Comment voyez-vous l’avenir de l’éclairage durable ?
Bertrand Gilbert : Pour maintenir l’éclairage durable, en général, je pense que les fabricants doivent concevoir des luminaires réparables et accessibles. Bien que théoriquement, 90 % soient réparables, la complexité et le coût des réparations rendent cette option quasiment impossible dans les faits. Il est essentiel d’adopter des composants universels et abordables pour faciliter la réparation et renforcer l’intérêt pour la durabilité.
Nicolas Forget : Aujourd’hui, nous n’avons pas vraiment besoin de développer des PCB (N.D.L.R. : circuits électroniques) sur mesure. En effet, les modules Zhaga offrent une certaine facilité d’usage et sont réutilisables. Comme dans l’industrie automobile depuis des années, dans le luminaire, la réparabilité est essentielle pour nous, car pour réparer ou diagnostiquer votre voiture, il est préférable de consulter un réparateur local. Il doit être capable de trouver les composants nécessaires plutôt que de retourner à l’usine. De même pour les luminaires, la durabilité et la réparabilité sont importantes. Les fabricants peuvent proposer des options pour remplacer les modules défectueux.
Quels sont les objectifs de la société pour 2024 ?
Nicolas Forget : Nous devons nous concentrer sur nos objectifs pour 2024, notamment le recrutement pour l’export. Il est essentiel de continuer notre développement en France tout en visant l’international. Nous devons également réfléchir aux défis de la production locale ou étrangère, des questions déjà évoquées auparavant.
Bertrand Gilbert : Nous avons un concept unique de luminaires dont nous sommes propriétaires. Bien qu’il soit possible de reproduire des produits similaires localement en utilisant des bois locaux, la notion de « local » varie : pour certains, cela signifie dans un rayon de 10 km, pour nous c’est la France, et pour d’autres, c’est l’Europe. La définition de « local » est donc subjective.
Propos recueillis par Vincent Laganier en visio, le 26 février 2024.
Parcours des fondateurs de Kraken Lighting
Nicolas Forget, imprimeur de métier, a fait une école de graphisme et d’impression. Il a évolué dans le secteur de l’éclairage en tant que directeur marketing chez Epsilon, une centrale de distribution, pendant 15 ans. Il a acquis une expertise en lumière et a poursuivi sa carrière en 2014 dans l’entreprise Easylum, où il a rencontré Bertrand Gilbert. Il a formé les commerciaux en gestion d’éclairage et s’est intéressé à l’économie d’énergie. Chez Easylum, il a travaillé sur le développement de produits retail, notamment sur la conception et l’assemblage de produit, ainsi que le design et le développement d’objets connectés liés à l’éclairage intégrant le LiFi et le BLE (Bluetooth Low Energy). En 2019, il est redevenu designer indépendant afin d’accompagner plusieurs entreprises dans l’éco-conception. Il a d’ailleurs bénéficié du Crédit impôt innovation – CII – en 2022.
Bertrand Gilbert est un ingénieur formé à l’ENSI de Poitiers, diplômé en 2009. Après ses études, il a travaillé dans la région parisienne en tant que conseiller puis s’est spécialisé auprès des prescripteurs. En 2011, il a intégré l’entreprise Easylum et a œuvré pendant environ 7 ans aux côtés de ses collègues, dont Nicolas Forget, dans le secteur de la prescription et du commerce tertiaire. Il a également effectué un tour du monde entre 2017 et 2018. Suite à cela, il a changé d’entreprise en même temps que Nicolas Forget, et a pris son indépendance. En 2021, il s’est établi en tant que distributeur indépendant, créant une société de distribution d’éclairage avec Rémy Tréguier nommée 20 sur 20 éclairage, basée en Bretagne, à côté de Lorient.
Propos recueillis par Vincent Laganier en visio, le 26 février 2024.
À suivre…
Kraken Lighting, des luminaires en bois pour le tertiaire
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Photo en tête de l’article : Stand luminaires bois au salon Architect at Work © Kraken Lighting
Équipe du projet
Lieu
- Kraken Lighting
- Montaigu-Vendée, France
Livres
Éclairage et lumière du IIIe millénaire, 2000-2050, un livre collector
Le phénomène éclairage a vécu une mutation. Ville, architecture, conception lumière, pollution lumineuse... Qu'en sera-t-il demain ? |