Le Misanthrope de Molière au TNP : éclairage et technique

Le Misanthrope de Molière au TNP avec le créateur lumière Luc Michel.

Comment as-tu travaillé les transitions lumineuses entre les actes ?

Luc Michel : l’idée qui nous guide, c’est que le spectateur ne vient voir le spectacle qu’une seule fois. Alors autant utiliser des outils qui renforcent et amènent du sens tout en constituant de vraies charnières au récit. C’est des moments où l’on raconte par le symbole.

Luc Michel : avec Molière, il est difficile de ramener une utilisation de l’image qu’on aime beaucoup avec Louise Vignaud. C’est là où notre esthétique s’est frottée à Molière ! Ses pièces ont une dramaturgie pensée pour que le texte se suffise à lui-même. A l’époque il n’y avait pas vraiment d’éclairagistes ! C’est un texte aux mailles très serrées dans lesquelles il est difficile de s’insérer en lumière. Il est souvent nécessaire de se mettre en retrait avec Molière pour que, quand c’est important et possible, on fasse vibrer la scène par nos images. C’est nos endroits d’interprétations, de respiration, par la lumière, le son, les costumes…

Quelles sont les techniques d’éclairage mises en œuvre ?

Luc Michel : j’ai utilisé des projecteurs traditionnels halogène : plan convexe, découpe, PAR, et de grosses sources 5 kW qui permettent de créer des axes. Comme le spectacle est prévu pour tourner, l’idée est de ne pas avoir des sources exotiques que les salles d’accueil n’auraient pas.

Luc Michel : les réglages ont été très techniques pour avoir un plan de feu cohérent à la fois quand le pont d’accroche est à 8 m, mais aussi quand il descend à 4,5 m. Ces deux hauteurs m’ont contraint à être particulièrement rigoureux.

Quelles sont les deux teintes des projecteurs, il y en a deux par côté du grill ?

Luc Michel : pour l’éclairage du plateau, mon envie était de travailler sur les nuances de blanc avec des couleurs complémentaires :

• bleu et jaune pastels,
• rose et vert pastels.

Une de mes inspirations c’était Malevitch, carré blanc sur fond blanc !

Luc Michel : j’avais peur du côté stade de foot avec quatre ombres de chaque côté. J’ai donc beaucoup travaillé sur la qualité des ombres de manière à les maîtriser.

Quel rêve as-tu pour la lumière à la scène ?

Luc Michel : il y a un truc qui me tient vraiment à cœur, dans toutes mes créations, c’est la question de l’objet lumineux. J’ai besoin de transférer la lumière immatérielle en quelque chose de matériel pour avoir un support concret de travail. J’aime m’intégrer dans la scénographie. Etre partie prenante sur scène, pour devenir une lumière active. Actrice du spectacle.

A suivre

Le Misanthrope de Molière au TNP : mise en scène de la pièce

Propos recueillis par Vincent Laganier au TNP le 23 janvier 2018.