Mourad Nqibat, un autodidacte enseignant la lumière au Maroc
Comment enseignais-tu la lumière à l’école d’architecture de Casablanca ?
Mourad Nqibat : en tant qu’autodidacte en éclairage, les choix des thématiques et des manières de les enseigner ont été imposés par la logique de la chose. Je m’explique :
- L’objectif : sensibiliser les futurs architectes à l’impact de la lumière dans la réussite de l’œuvre architecturale.
- Le comment : apprendre, par la maîtrise du matériau lumière, à concevoir l’œuvre, aussi, dans une vision nocturne.
- L’outil : la connaissance de la vision, la maîtrise des fondamentaux de l’éclairage et, faute d’atelier ou laboratoire éclairage, la participation à des visites nocturnes dans la ville de Casablanca, avec une critique argumentée, des installations existantes, intérieur et extérieur, faite par les élèves architectes eux-mêmes.
Comment abordais-tu les thématiques en général ?
Mourad Nqibat : les élèves architectes ont acquis l’habitude de penser et concevoir l’œuvre par des matériaux tangibles. Il était temps qu’ils commencent à réfléchir avec les ondes lumineuses à l’Ecole d’Architecture de Casablanca.
La lumière est aussi un matériau d’architecture, sa complexité est qu’il n’est pas tangible. D’ailleurs, la majorité des agences d’architectes participent à des concours, avec des maquettes ou visuels plutôt diurnes que nocturnes.
Donc, aborder l’éclairage avec des apprentis afin que juste après, ils deviennent des avertis. Telle est la finalité. Ils arriveront seuls à identifier les besoins en éclairage, la traduction de ce besoin en solution éclairage sera assurée après par un éclairagiste, ou le cas échéant, un fabricant.
Quels souvenirs gardes-tu de cette expérience d’enseignant en éclairage ?
Mourad Nqibat : d’abord enseigner était un rêve d’enfance. Voilà qui est exaucé.
Après, c’est une phase dans ma vie professionnelle qui me mettait, en permanence, à l’épreuve. Et ce par rapport aux supports pédagogiques à élaborer et à enrichir régulièrement, à la clarté dans la communication, à l’évaluation correcte des degrés d’assimilation des élèves architectes.
Tout cela a été bien récompensé du fait que j’ai eu deux étudiantes qui ont choisi la thématique de la lumière pour leurs sujets de fin d’études et, pour toutes les deux, j’étais jury, et encadrant pour l’une d’entre elles.
Quel est la réalisation la plus réussie de mise en lumière au Maroc ?
Mourad Nqibat : il faut dire qu’au Maroc, nous n’avons pas cette culture, comme en occident, à exposer notre histoire et nos patrimoines culturel, architectural et naturel. Il y a trop peu d’illuminations réalisées à l’exception des deux mosquées, la mosquée Hassan II à Casablanca et mosquée Hassan à Rabat. Je n’en connais pas d’autres. Certes il y a quelques réalisations, dans le privé, hôtels et centres commerciaux, par exemple.
https://x.com/MarocTopNews/status/669593556642873344
Néanmoins, la première fois que j’ai vu un projet de mise en lumière, c’était la mosquée Hassan II. Cela fait très longtemps, j’étais encore étudiant. Ça m’a marqué à l’époque ! L’architecte était M. Michel Pinseau. Je ne sais pas s’il y avait un concepteur lumière dans le projet.
https://x.com/Team_Maroc/status/418172846171758592
En France, quelles illuminations t’ont le plus inspiré ?
Mourad Nqibat : lors de ma première visite à la Fête des Lumières à Lyon, en 2000 ! Ça m’a profondément marqué, il y avait tellement de réalisations, de belles choses faites par la lumière. C’est peut-être ça aussi qui m’a donné envie de me lancer dans le conseil.
Qu’est-ce que la lumière pour toi ?
Mourad Nqibat : la lumière, c’est la vie. C’est ce qui donne de la valeur à l’ombre. La lumière, c’est un tempérament, une ambiance et un état d’âme. Il y a une lumière pour se détendre, une autre pour rêver et une autre pour faire la fête. Je retiens ma première définition : la lumière, c’est la vie.
Quel est ta source de lumière idéale ?
Mourad Nqibat : le soleil, particulièrement les moments du lever et du coucher du soleil. C’est magique. C’est au-delà de la conception humaine. En plus, c’est à l’échelle naturelle, à l’horizon. Cette couleur qui se dégrade du rouge au bleu plus clair qui prend le temps de changer à l’échelle de l’horloge humaine. Ça résume toutes les caractéristiques de la lumière, en quantité, en qualité et en ambiance.
Propos recueillis par Vincent Laganier le 4 janvier 2017 à Marrakech
A suivre…
Mourad Nqibat, vision de l’éclairage et du métier au Maroc
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Lieux
- Ecole d'Architecture de Casablanca
- Casablanca, Maroc
- CMN - Cabinet Mourad Nqibat
- Casablanca, Maroc
Monsieur bonjour,
Nous société PME, basée à Casablanca au Maroc et opérant dans les domaines électricité,domotique, gestion d’éclairages fibre optique et leds ,courants faibles, intéressée pour acquérir plus de connaissances et expérience dans le domaine de l’éclairage et pouvoir collaborer dans un proche avenir sur des éventuels projets en Afrique .
Sur ce,
Cordlt