Mourad Nqibat, vision de l’éclairage et du métier au Maroc
Quel est ta vision pour l’éclairage au Maroc ?
Mourad Nqibat : pendant des décennies, l’éclairage au Maroc a répondu surtout à l’exigence d’assurer une certaine visibilité dans l’espace à éclairer. L’éclairage ne dépassait pas la mission de « Voir et être vu ». Ce qui était valable aussi bien pour des réalisations en intérieur qu’en d’extérieur.
Depuis que ce secteur a été contaminé par le virus de la diode, cette mission primitive s’est complétée petit à petit de nouvelles revendications :
- Études colorimétriques et conceptions d’ambiances lumineuses.
- Amélioration de la qualité de vie par la lumière.
- Asservissement et intelligence des solutions éclairage…
Aujourd’hui, reste à changer les habitudes des décideurs afin qu’ils soient conscients que l’éclairage, en plus de son identité sécuritaire, est un vecteur d’attraction et de promotion de la ville, c’est un service public qui doit être rentable à la collectivité locale au lieu qu’il soit une charge financière non maîtrisable, tel que c’est le cas aujourd’hui.
Comment vois-tu le développement du métier au Maroc ?
Mourad Nqibat : les métiers de concepteur lumière et éclairagiste sont méconnus au Maroc mais ils sont bien prometteurs. Le référentiel chez le décideur est de plus en plus imprécis.
Au-delà de la taille du parc éclairage extérieur au Maroc, et de sa vétusté avancée, la diode est la preuve que ces métiers ont un avenir radieux au Maroc. Le concept de la smart city, où l’éclairage de la ville devient intelligent, communiquant et performant créé d’autres fonctionnalités urbaines.
Le concours de nouveaux fabricants convertis, de l’Europe mais surtout de l’Asie, s’imposent avec des rapports qualités/prix attractifs, ôtant ainsi le monopole aux premiers fabricants déjà connus au Maroc et qui faisaient, il n’y a pas longtemps, le référentiel chez les décideurs.
Tout cela fait que le décideur perd de son référentiel habituel, et a besoin dorénavant d’être assister par les experts de l’éclairage dans ses prises de décisions.
Quel est ton rêve pour l’éclairage marocain ?
Mourad Nqibat : le Maroc est un pays d’histoire, très communiquant, un pays où l’investissement direct étranger est de plus en plus important, il a des potentialités touristiques inimaginables, des richesses géographique et humaine et une ouverture vers l’autre correctement assumée.
Tout cela peut se traduire par un usage réfléchi de la lumière et une mise en valeur du pays pour une vision nocturne, harmonieuse avec son identité et ses ambitions. Aussi, l’éclairage au Maroc doit être un vecteur de développement durable et une identité du respect de l’environnement.
Enfin, c’est à la nuit tombée que nous vivons pour nous. Le jour c’est pour le boulot.
Quelle personnalité t’a le plus inspiré dans l’éclairage ?
Mourad Nqibat : inspiré, je ne sais pas. Je n’ai pas un nom précis en tête, mais c’est sûr que les influences sont là, ce sont toutes les personnes que j’ai rencontrées dans ma carrière professionnelle, ou auprès de qui j’ai appris des choses sur l’éclairage. Néanmoins, il y a un allemand, M. Hans Dinnebier, que j’ai découvert il y a très longtemps à travers quelques publications. Il est discret, il se déclare autodidacte, et surtout, il conçoit et participe à la conception de nouveaux objets lumières, c’est une qualité qui n’est pas donnée à tous les concepteurs lumière.
Au Maroc, avec la source de lumière LED et tout ce que l’artisanat marocain propose, il y a matière à innover en objets lumière. C’est à projeter peut-être.
Quel est ton objet lumière préféré ?
Mourad Nqibat : mon objet lumière préféré ? Je n’en connais pas. Par contre, j’apprécie :
- Les objets lumières discrets qui passent inaperçus une fois allumés, pour des projets de lieux de travail, mais aussi des projets d’illuminations urbaines, qui assurent aussi leurs fonctionnalités.
- Les objets lumières qui s’imposent aussi bien par leurs design que par leurs effets lumières, pour des projets d’hôtellerie, de Mall ou encore dans le résidentiel. Ils doivent compléter et signer l’espace traité.
Propos recueillis par Vincent Laganier le 4 janvier 2017 à Marrakech
A suivre…
Mourad Nqibat, premier consultant éclairagiste au Maroc
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Introduction | Mourad Nqibat, premier consultant éclairagiste au Maroc |
Page 1 | Mourad Nqibat, un autodidacte enseignant la lumière au Maroc |
Page 2 | Mourad Nqibat, vision de l’éclairage et du métier au Maroc |
Lieu
- CMN - Cabinet Mourad Nqibat
- Casablanca, Maroc