Paris 2024, centre aquatique, lumière et éclairage sportif
Le Centre aquatique olympique (CAO) est un projet clé pour les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Il a été inauguré le 4 avril en présence du Président de la République, Emmanuel Macron, et de diverses personnalités politiques et sportives. Financé par plusieurs entités publiques, ce complexe est le seul équipement sportif permanent construit pour les Jeux.
« Nous sommes très fiers d’inaugurer le Centre Aquatique Olympique […] utile à la compétition et essentiel au développement du département de la Seine-Saint-Denis et au rayonnement de la Métropole du Grand Paris. »
Patrick Ollier, Président, Métropole du Grand Paris
« Seul équipement sportif pérenne construit pour les Jeux, le CAO sera aussi un héritage fort pour le mouvement sportif et les athlètes français. »
Tony Estanguet, Président, Paris 2024
- Anne Hidalgo, Présidente de la Solideo et Maire de Paris, et Valérie Pécresse, Présidente de la Région Ile-de-France, ont toutes deux mis en avant le projet réalisé dans les temps et son héritage pour la Seine-Saint-Denis.
- Stéphane Troussel, Président du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis et Mathieu Hanotin, Maire de Saint-Denis, ont également exprimé leur enthousiasme pour l’impact positif du CAO sur le département et la ville.
Centre aquatique olympique Paris 2024 et la phase héritage
Le CAO se veut un modèle d’innovation et de durabilité. Tout d’abord, sa toiture concave en bois est tout simplement extraordinaire. Ensuite, sa toiture possède la plus grande ferme photovoltaïque sur un bâtiment public en France.
- Pendant Paris 2024, le centre aquatique olympique accueillera les épreuves de plongeon, de natation artistique et de water-polo.
- Après les Jeux, il entrera dans sa phase Héritage, devenant un centre sportif de loisirs et d’apprentissage de la natation pour tous les publics. Il accueillera alors le pôle France de plongeon.
- En 2026 : il organisera les Championnats d’Europe de natation.
Centre aquatique olympique de Saint-Denis, lumière et éclairage
Vive la lumière naturelle au Centre aquatique olympique de Saint-Denis. De l’architecture à l’éclairage sportif, retrouvons la suite du travail des architectes sur les ambiances lumineuses :
- Cécilia Gross, architecte associée, VenhoevenCS, Amsterdam,
- Laure Mériaud, architecte associée, Ateliers 2/3/4/, Paris.
Comment est traitée la lumière naturelle en toiture ?
Laure Mériaud : En résumé, nous avons travaillé avec nos bureaux d’études, notamment le BET environnement Indiggo, sur la question du facteur de la lumière du jour. L’espace mesure 80 m de large par 100 m de long. Nous voulions placer des verrières au centre de la halle olympique. L’idée était d’éclairer le cœur du bâtiment.
Quelles étaient vos exigences en termes d’architecture ?
Cécilia Gross : Le plafond doit être dynamique mais ne pas perturber les nageurs. Un élément en biais n’aurait pas été possible, car cela aurait empêché les compétitions de natation. Il faut donc donner un support pour les nageurs, rythmé et dynamique.
Nous avons créé des séries de verrières zénithales, mais pas une seule énorme. C’est ce qui fait la magie du lieu.
Laure Mériaud : Les bandes répondent à la division de l’espace et mettent en valeur les poutres.
Quels effets la lumière naturelle donne à l’intérieur ?
Laure Mériaud : Sans voir la source du soleil, la lumière se reflète sur le bois. Elle crée un effet divin qui souligne le rythme des poutres. Ça fait partie de notre travail quotidien.
Cécilia Gross : Le côté flou sur le bois apporte de la lumière douce et de la dynamique dans notre composition. La douceur de la lumière est surprenante et très agréable.
Comment sont conçues les grandes verrières latérales ?
Laure Mériaud : Les grandes verrières offrent une expérience cinématographique unique, comme si le Stade de France était vraiment à côté de nous. La division de la trame de ce mur-rideau permet une vision totalement transparente. À l’intérieur, on se sent très bien grâce au volume spacieux et à la lumière naturelle.
Les façades sont posées en pied, avec un effort latéral, mais sans être tenues en tête. Malgré cela, elles supportent les lames de bois. La structure en bois et la toiture sont un exploit d’ingénierie mondial. Ce qui est génial, c’est que nous avons conçu ces éléments.
Notre travail d’architecte consiste à donner à lire l’espace et à jouer avec les transparences pour permettre au regard de traverser. Ainsi, les entrées des spectateurs sont également transparentes.
Comment les mille-pattes éclairent-ils le bassin olympique ?
Cécilia Gross : Les mille-pattes suivent la toiture. Il y en a un de chaque côté du bassin olympique. Il y a énormément de luminaires. Des orientations différentes des projecteurs LED assurent une homogénéité parfaite de l’éclairage sportif.
Laure Mériaud : Parce qu’on dirait qu’ils dansent.
Cécilia Gross : C’est pour ça que nous les appelons les mille-pattes, parce qu’il y a plein de pattes. Vu qu’il y a plein de facettes différentes de lumière, il y a un côté vivant.
Qui a réalisé le projet d’éclairage sportif du bassin ?
Laure Mériaud : Notre bureau d’étude électrique INEX a réalisé l’éclairage sportif. L’idée était de ne pas avoir d’éclairage au-dessus du bassin pour des raisons pratiques de maintenance. Les formes et positions des projecteurs varient. Les adaptations incluent une hauteur des suspensions plus importante par rapport au toit.
Cécilia Gross : Tout flotte finalement avec une nappe de bois et une lumière magique venant d’en haut.
À quoi servent les grandes lames en bois autour du bâtiment ?
Cécilia Gross : À l’extérieur du bâtiment, nous avons entouré l’espace avec de grandes lames de bois pour créer des zones intermédiaires. Dans l’ensemble du projet, nous cherchons à effacer les limites entre l’intérieur et l’extérieur, entre le public et le privé, afin de favoriser les rencontres. Cet espace intermédiaire est à la fois public d’un côté et collectif de l’autre. Il offre une protection, sans pour autant entrer dans l’arène. Cela rappelle la colonnade de la rue de Rivoli, comme tu aimes à le souligner.
Laure Mériaud : Oui, absolument. Cet espace est protégé et couvert. Il offre une vue magnifique sur la hauteur du bâtiment. Avec ces grandes lames de bois, nous ne nous sentons ni à l’extérieur ni enfermés. C’est un entre-deux.
Cécilia Gross : En phase héritage après Paris 2024, je pense que la vie quotidienne sera ici très agréable. Il y aura du sport, des cours de yoga, le tout sans souci.
Comment voyez-vous l’avenir de l’architecture au regard de la lumière ?
Cécilia Gross : L’architecture doit favoriser la lumière naturelle. La juste mesure est essentielle. Tout ne se résume pas à un geste.
Laure Mériaud : Être sobre partout, mais peut-être marquer la différence par la lumière. C’est ce que nous faisons dans nos projets.
Propos recueillis le 8 novembre 2023 à Paris par Vincent Laganier.
A suivre…
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Image en tête de l’article : Centre aquatique olympique, lumière naturelle et éclairage sportif, piscine et reflet mur-rideau, Saint-Denis, France – Architectes VenhoevenCS, Ateliers 2/3/4/ – Photo © Jad Sylla
Équipe du projet
Lieu
- Centre aquatique olympique
- Saint-Denis, France
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C’est vraiment dommage en 2024 d’avoir conçu un centre aquatique avec zéro considération pour des éléments scéniques ou audiovisuels. Cela semble d’un autre temps. Il est pourtant facile de voir comment sont habillées les piscines lors des championnats du monde ou autres compétitions. Ici, il sera extrêmement difficile de pouvoir obtenir un noir ou d’accrocher des ponts, elements scéniques etc…
@Antoine Dans un espace qui privilégie l’éclairage naturel, le but n’est pas d’obtenir un noir comme au théâtre, mais bien de laisser entrer la lumière du jour au maximum. Quant à l’audiovisuel de cet espace aquatique, ce n’est pas le sujet de notre article.